The Project Gutenberg eBook of Dictionnaire grammatical du mauvais langage This ebook is for the use of anyone anywhere in the United States and most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this ebook or online at www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you will have to check the laws of the country where you are located before using this eBook. Title: Dictionnaire grammatical du mauvais langage Author: Étienne Molard Release date: November 23, 2007 [eBook #23596] Language: French Credits: Produced by Mark C. Orton, Hugo Voisard, Laurent Vogel and the Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr) *** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK DICTIONNAIRE GRAMMATICAL DU MAUVAIS LANGAGE *** Produced by Mark C. Orton, Hugo Voisard, Laurent Vogel and the Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr) DICTIONNAIRE GRAMMATICAL DU MAUVAIS LANGAGE, OU RECUEIL _Des expressions et des phrases vicieuses usitées en France, et notamment à Lyon._ «Il est nécessaire d'étudier les défauts de langage et de prononciation qui sont particuliers à chaque province et quelquefois même aux villes qui se piquent le plus de politesse, pour les faire éviter aux enfants.» _ROLLIN, Traité des études._ A. _À_. Cette préposition est souvent employée deux fois pour un même régime ou complément[1], et c'est alors une faute. Boileau, si rigoureux observateur des regles de la langue françoise et du goût, a fait un solécisme dans le premier vers d'une de ses plus belles épîtres: C'est à vous, mon Esprit, _à qui_ je veux parler. Pour rendre la phrase réguliere, il faudroit dire: c'est à vous, mon esprit, que je veux parler, en retranchant la seconde préposition qui tombe sur le même régime. Par la même raison, l'on ne doit pas dire: c'est à toi _à qui_ je parle, mais c'est à toi _que_ je parle; ni c'est à vous à qui j'en veux, mais c'est à vous que j'en veux; c'est comme si l'on disoit: j'en veux à vous. _Abajoue_. Partie de la tête du cochon, depuis l'oeil jusqu'à la mâchoire; dites, _Bajoue_, s. f. _Abandon_. Acte par lequel un débiteur transmet à ses créanciers la propriété de ses biens; dites, _Abandonnement_. L'abandon est l'état d'une personne ou d'une chose délaissée: il a fait l'_abandonnement_ de tous ses biens à ses enfans, et ses enfans le laissent dans l'_abandon_. En un mot, l'_abandonnement_ est un acte; l'_abandon_ n'est qu'un état passif. _Aboucher_. _S'aboucher_; pour se pencher en avant. _Aboucher_ signifie se rencontrer dans un même lieu, pour conférer ensemble ou bouche à bouche; mais ce mot ne signifie jamais se pencher en avant. Ne dites pas non plus, tomber _à bouchon_, mais tomber sur le ventre ou sur le visage. Cette expression manque à notre langue; on ne peut en exprimer la signification que par une périphrase. _Abstrait_. Un homme qui ne fait pas attention à ce qu'on dit ou à ce qu'on fait; dites, _distrait_. On confond, mal à propos, ces deux mots. Le mot _abstrait_ exprime une qualité considérée à part: la bonté est un terme _abstrait_; un homme est _abstrait_, quand il est tellement occupé d'un objet, qu'il ne voit pas ce qui se passe autour de lui: Archimede étoit _abstrait_, lorsqu'on faisoit le siége de Syracuse, et qu'occupé à tracer des figures géométriques, il ne s'appercevoit pas que l'on prenoit la ville. Un homme est _distrait_ quand, sans être occupé, il ne voit rien, ne fait attention à rien. Cet homme dont parle Mme de Sévigné, qui, ayant versé dans un fossé, disoit à ceux qui venoient lui donner du secours: Messieurs, qu'y a-t-il pour votre service? étoit un homme _distrait_ dans toute l'étendue du mot. C'est la distinction que l'abbé Girard établit dans ses synonymes. _À cacaboson_. Se mettre à _cacaboson_; se tenir dans une posture où la plante des pieds touchant à terre, le derriere touche presque aux talons; dites, se mettre à _croupeton_. _Accompagneur_. Celui qui accompagne, lorsqu'on fait de la musique; dites, _accompagnateur_, s. m. _Accoucher_. Mettre un enfant au monde: cette femme a accouché; dites, cette femme est accouchée. Le chirurgien accouche; la femme est accouchée. Dans le premier cas, le verbe est actif; dans le second, il est neutre. _À celle fin que_. Dites, _afin que_. _À cha un_; _à cha deux_. Pour dire, _un à la fois_, _deux à la fois_. Autrefois on disoit, _chas deux_, _chas trois_; ce qui tombe deux à deux; trois à trois. _Achis_. Mets composé avec de la viande ou du poisson. Ce mot s'écrit et se prononce avec une _h_ aspirée. Dites, un bon _hachis_. L'_achis_ est une plante. _Acquérir_. Obtenir à prix d'argent ou de toute autre maniere. L'_e_ doit être prononcé d'une maniere fermée, et marqué d'un accent aigu; dites donc, _acquérir_, _acquéreur_. Acquérir est un verbe[2] qui prend deux _rr_ au futur et au conditionnel: j'acquerrai, j'acquerrois. _Aculer_. Il se dit des bottes, des souliers qui s'abaissent par derriere, sur le talon; dites, _éculer_: _éculer_ son soulier. _Acculer_ signifie pousser quelqu'un, le réduire en un coin: il l'a _acculé_ contre le mur. _Affranchissage_. Payer l'affranchissage d'une lettre; dites, l'_affranchissement_, s. m.[3]. _Agacin_. Espece de calus ou de dureté; dites, _cor_, s. m.: avoir des _cors_ aux pieds. _Age_; _agé_. Dans ces deux mots l'_a_ est fort ouvert, et prend l'accent circonflexe, _âge_, _âgé_. Il est long sans accent dans sable, table, fable, rable, diable, délabrement, etc. _Agi_. Il _en a_ mal _agi_ avec moi; dites, il _en a_ mal _usé_ avec moi. On _use_ de quelque chose; on _en use_; mais on n'_agit_ pas de quelque chose; on n'_en agit_ pas. _Agotiau_, s. m. Espece de pelle creuse, à rebords, dont on se sert pour vider les bateaux; dites, _écope_, s. f.: ce batelet fait eau; il faut le vider avec une _écope_. _Aiguiser_, v. Rendre pointu, rendre tranchant; prononcez l'_u_ et l'_i_, qui forment une diphtongue, comme dans _aiguille_: _aiguiser_ un couteau. L'un sait d'un trait piquant _aiguiser_ l'épigramme. _Boileau._ _Ails_, s. m. pl. Espece d'oignons d'une odeur très-forte. On dit souvent: craignez-vous les _ails_? Ce substantif et presque tous ceux qui finissent en _ail_ et en _al_, changent au pluriel cette terminaison en _aux_, et le mot dont il s'agit fait _aulx_: on a mis des _aulx_ dans cette salade; on peut dire aussi, des _ails_; cependant je conseille d'employer de préférence le singulier. _Camail_, _détail_, _sérail_, _éventail_, _mail_, etc. ne sont point soumis aux principes que nous venons de poser; ils ne changent point leur terminaison au pluriel; ils ne prennent que l'_s_. _Ainsi_, _par conséquent_. Ces deux mots réunis forment un pléonasme vicieux; c'est-à-dire, que ces deux termes disent la même chose; l'un des deux suffit. _Air_. Aller grand _air_ et belle manière; dites, grand'_erre_; ce mot est féminin. On doit dire, aller grand'_erre_, pour dire, faire trop grande dépense. _Air_. Cette femme à l'_air bonne_. Il y a un solécisme dans cette proposition; car le mot bonne se rapportant, ou devant se rapporter au substantif _air_, qui est du genre masculin, il faut dire l'_air bon_: elle a _l'air bon_, et cependant elle n'est pas _bonne_. Dans la derniere proposition, l'adjectif[4] _bonne_ est en rapport avec la personne ou le sujet qui est du genre féminin; au lieu que dans la premiere, _bon_ se rapporte au mot _air_. La vertu toute nue a l'_air_ trop indigent; Et c'est n'en avoir point que n'avoir point d'argent. En 1792, il y eut un pari de cent louis, sur la question de savoir s'il falloit dire: cette soupe _a l'air bonne_, ou cette soupe _a l'air bon_, M. de Laharpe fut pris pour juge; et M. Domergue nous apprend que cet Académicien jugea qu'il falloit dire: cette soupe _a l'air bonne_. M. Morel, qui m'a communiqué cette anecdote, ajoute: «Je ne connois pas les raisons de M. de Laharpe; j'imagine pourtant qu'il a dû faire une distinction entre _avoir l'air bon_, et _avoir un air bon_; _avoir l'air bon_ signifie, _paroître bon_, en latin _videri bonus_; _avoir un air bon_ se rendroit par _præbere faciem, speciem bonam_. Dans le premier de ces exemples, _bon_ qualifie le sujet, et dans le second, il qualifie l'objet, _faciem_, _speciem_. Quand je dis: cette femme _a l'air bonne_, c'est comme si je disois: cette femme _a l'air d'être bonne_, ou _paroît bonne_, ou _paroît être bonne_. Le mot l'_air_, dans _cette femme a l'air bonne_, est pris dans une acception étendue; dans _a un air bon_, au contraire, le mot _air_ est pris dans une acception restreinte, au moyen de l'adjectif _un_. Je crois donc, pour les raisons que je viens d'exposer, qu'il faut dire: cette femme _a l'air bonne_, _spirituelle_; cette soupe _a l'air bonne_, et qu'il seroit ridicule de dire que la femme _a l'air bon_, spirituel, et que la soupe _a l'air bon_.» Malgré ces deux autorités respectables, je persiste à croire que _bon_ qualifie _air_; car j'attribue la bonté à l'_air_, et non pas au substantif _femme_; et les explications qu'on a données me paraissent forcées. Dans cet exemple, l'_air_ signifie l'extérieur, les manieres; on doit donc dire: elle a l'_air décent_, comme on dirait: elle a l'_extérieur décent_. C'est encore une faute de dire, cette personne donne _d'air_ à telle autre. Le mot _air_ signifie bien quelquefois ressemblance; on dit: ce jeune homme a l'air de son pere; mais il paroît absurde de dire: il _donne d'air_ à son pere. Cette expression signifieroit toute autre chose. _Airé_. Qui est en plein air. Il se dit particulierement d'un bâtiment: cette maison est bien _airée_; dites, _aérée_, en mettant un accent aussi sur le premier _e_. Ce qui a donné lieu à la corruption de ce mot, c'est qu'on le fait dériver du mot _air_, au lieu que les grammairiens veulent qu'on le prononce comme _aer_, qui signifioit la même chose chez les Latins. Nous avons adopté cette prononciation dans tous les mots qui en sont formés, tels que _aérien_, qui est d'air: un corps _aérien_; _aérometre_, instrument pour mesurer l'air; etc. _Ais à chaplu_. Petite table sur laquelle on hache les viandes et les herbes; dites, _hachoir_, s. m. L'_h_ est aspirée, c'est-à-dire, qu'elle tient lieu de consonne, et ne souffre ni liaison de consonne, ni suppression de voyelle: servez-vous du _hachoir_. _Alentours_. Dites, les _entours_ de la place, et, je me suis promené _à l'entour_. _Entours_ est un substantif; _à l'entour_ est une expression adverbiale. _Alicant_. Petite ville d'Espagne. Vin _d'Alicant_; dites, vin d'_Alicante_. _Aller_. _Je m'en y vas_, ou _je m'en y vais_, sont des expressions vicieuses et très-souvent employées; dites, _j'y vais_ ou _j'y vas_, en supprimant le mot _en_. Il ne faut pas dire non plus: _je m'en vais_ ou _je m'en vas le trouver_, mais _je vais_ ou _je vas le trouver_. Il seroit plus régulier de dire, _je vas_, puisque la seconde et la troisième personnes en sont formées. Ne dites pas, _aller de_ pied, mais _aller à_ pied. Ne dites pas non plus, j'ai plusieurs endroits _à aller_; on n'a pas _à aller_ plusieurs endroits, on a _à aller en_ plusieurs endroits. _S'en aller_ est un verbe réfléchi, composé du pronom _se_, du nom elliptique _en_ et du verbe _aller_. Dans les temps composés, le mot _en_ doit être séparé du participe par l'auxiliaire: dites _je m'en suis allé_, et non _je me suis en allé_. _Almanach_. Calendrier qui contient tous les jours de l'année. Il ne faut pas faire sentir le _ch_. Il faut prononcer _almana_, s. m. On dit proverbialement: j'ai beau dire la vérité; on ne prend plus de mes _almanachs_; c'est-à-dire, on ne croit plus ce que je dis. _Amadoue_. Meche faite avec une espece de champignon; dites, _amadou_, s. m. sans _e_ final: du bon _amadou_. Il y a une faute dans le second de ces deux vers: Le briquet frappe la pierre; L'_Amadoue_ aussitôt prend. Il falloit dire, _aussitôt l'amadou prend_. _Ambre_. Arbrisseau dont les jets sont fort pliants et qui servent à lier; dites, _osier_: on attache un cercle avec de l'_osier_. L'_Ambre_ est un parfum; mot dérivé de _ambra_, italien; _ambar_, espagnol. _Amandre_. Fruit de l'amandier; dites, _amande_, s. f.: un lait d'_amandes_. _Amende_, punition, s'écrit par un _e_. Ces deux mots sont homonymes; c'est-à-dire, qu'ils ont une prononciation semblable. _Amasser_. Prendre ce qui est à terre: j'ai _amassé_ son gant; dites, _ramasser_. Le mot _amasser_ signifie communément _faire un amas_: le bonheur de l'avare est d'_amasser_ des richesses. _Ramasser_, c'est au sens littéral relever de terre: on _amasse_ des trésors; on _ramasse_ ce qui est tombé: il signifie aussi _rassembler_, et traîner dans une _ramasse_. _Amoureux_. Cette fille aime bien son _amoureux_; dites, son _amant_. L'_amoureux_ est celui qui aime sans être aimé ou même connu; il se dit des choses comme des personnes; l'_amant_ est celui dont l'amour est partagé et approuvé. _Anche_. Tuyau de bois, qu'on met aux cuves et aux tonneaux, pour en tirer le vin; dites, _cannelle_ ou _canelle_: tirer du vin par la _canelle_. _Angoises_, s. f. pl. Grande affliction d'esprit: les _angoises_ de la mort; ce mot s'écrit et se prononce avec deux _ss_: ce malade est dans les dernieres _angoisses_. _Anille_. Sorte de bâton, qui a, par le bout d'en haut, une petite traverse, sur laquelle les vieillards et les infirmes s'appuyent pour marcher; dites, _béquille_, s. f. Le mot _anille_ est de l'ancien langage; on le trouve souvent employé dans les livres gothiques. _Année_. Mesure de vin ou charge d'un âne; dites, _ânée_: une _ânée_ de vin. Le mot _année_ écrit par deux _n_, a la premiere syllabe breve, et signifie l'espace de douze mois. À l'égard de cette derniere signification, il ne faut pas dire, l'_année qui vient_, mais l'_année prochaine_. _Ansiere_. La partie supérieure de certains vases ou de certains ustensiles, par laquelle on les prend pour les porter, et qui est ordinairement courbée en arc: dites, _anse_, s. f.: prendre un pot par l'_anse_. _Antichambre_. Il y a un _antichambre_; dites, _une antichambre_. Ce mot est féminin, comme chambre dont il est composé. La préposition _anti_ n'en change pas le genre. _Antipote_. Celui qui habite un endroit de la terre diamétralement opposé à l'autre; dites, _antipode_. C'est un changement qui s'est fait par corruption. _Aoust_. Le huitieme mois de l'année. On a adouci cette prononciation barbare; on ne fait plus entendre l'_a_, et on supprime l'_s_, en mettant un accent circonflexe sur l'_u_; prononcez, le mois d'_ou_, et écrivez le mois d'_août_. On fait toujours sentir l'_a_ dans le mot _aoûter_, faire mûrir par la chaleur du mois d'_août_. Ce mois étoit consacré à Auguste, et en portoit le nom. _Ape_. Morceau de fer pointu par un bout, percé de plusieurs trous, et recourbé de l'autre; dites, _crampon à patte_. _Aponse_. Piece qu'on met à une robe ou à un meuble, pour l'agrandir ou l'_apondre_; dites, _alonge_, et _alonger_, au lieu d'_apondre_. _Apostiche_, adj. Dites, _postiche_: des dents _postiches_; c'est-à-dire, ajoutées après coup. _Apparer_. Dites, _recevoir_. _Appeser_ sur quelque chose. Dites, _appuyer_. _Appointer_ une boule. Dites, _pointer_: il _pointe_ bien; il est bon _pointeur_. Ne dites pas non plus, _appoint_, mais _point_. Le premier est un terme de banque; _appointé_ est un terme de guerre. _Aragnée_. Dites, _araignée_, s. f. On disoit autrefois, _aragne_, du latin _aranea_. _Arboriste_. Celui qui vend des simples; dites, _herboriste_, s. m.: vous trouverez cette plante chez tous les _herboristes_. Arboristes a vieilli; on le trouve cependant dans Trévoux. _Arbouillures_. Espece de petites élevures rouges, qui viennent sur la peau; dites, _échauboulures_, s. f.: son corps est couvert d'_échauboulures_. _Arçon_ de berceau. Dites, _archet_, s. m. _Arechal_. Fil d'_arechal_; dites, fil d'_archal_. C'est la prononciation traînante des Lyonnois qui a fait trois syllabes de ce mot. _Arias_. Obstacle, chose qui embarasse; dites, _embarras_, s. m. ou _obstacle_, s. m.: il a rencontré beaucoup d'_obstacles_. _Aricot_, s. m. Plante dont les fleurs sont légumineuses; il s'écrit et se prononce avec une _h_ aspirée: des _haricots_ verts. _Arjolet_. Petit bouton blanc, qui vient aux yeux; les médecins disent, _orgeolet_, et l'Académie dit, _orgueilleux_: il a un _orgueilleux_ à l'oeil, qui l'incommode beaucoup. _Arquebuse_. Eau d'_arquebuse_; dites, eau d'_arquebusade_. L'arquebuse est une arme à feu. _Arraper_; _s'arraper_. Ce mot vient d'_arripere_, ou _manu comprehendere_; il est gaulois; nos peres disoient, _arraper_, mais dans le sens d'empoigner; dites, _s'attacher_: la poix _s'attache_ aux mains. _Arthes_. Petits insectes; dites, _teignes_, s. f.: il y a bien des _teignes_ dans cette armoire. L'encyclopédie dit, _artison_. _Assassineur_. Dites, _assassin_. Le peuple dit quelquefois, il a commis un _assassin_, au lieu de dire, _assassinat_; et en fait de langage, il y a bien des gens qui sont peuple. _Assez_. On prononce mal cet adverbe, en donnant à l'_e_ le son d'un _e_ ouvert; tandis que le _z_ en fait toujours un _e_ fermé, comme dans _nez_, _dez_. _Asthme_. Celui qui a une infirmité qui consiste dans une grande difficulté de respirer en certain temps. Ce nom est celui de la maladie, et non celui du malade; dites, _asthmatique_: cet homme est _asthmatique_. _Auberge_. Sorte de pêche; dites, _alberge_. Le fruit que nous nommons _auberge_, doit s'appeler _Pavie_; on ne prononce pas l'_e_. Ce substantif est masculin: _un bon pavie_; on dit aussi, _un bon pavi_. _Aucuns_. Ce mot ne prend jamais de pluriel; il signifie _pas un_. Racine a fait une faute, en disant dans Phedre: _Aucuns_ monstres par moi domptés jusqu'aujourd'hui, Ne m'ont acquis le droit de faillir comme lui. Ce pronom indéfini prenoit autrefois le pluriel. On s'en sert encore ainsi dans les actes. _Auparavant_. Mot qui marque priorité de temps: j'arriverai _auparavant_ que vous y soyez, ou _auparavant_ vous. Dans ces deux exemples, le mot _auparavant_ est également déplacé; parce qu'il n'est ni préposition[5], ni conjonction[6]; il est toujours adverbe; il conserve, il est vrai, la même signification que la préposition _avant que_; mais il y a cette différence entre ces deux mots, qu'_auparavant_, en qualité d'adverbe, n'exige aucun mot après lui: je l'ai averti un mois _auparavant_; au lieu qu'_avant_, préposition, veut toujours après lui un mot en régime: j'arriverai _avant_ lui. Si ce mot est conjonction, il est suivi, ou de la préposition _de_: on doit réfléchir _avant de_ parler; ou de la conjonction _que_: il faut une longue expérience, _avant que_ nous soyons en état de nous conduire par nous mêmes. _Auprès de_. Ce n'est rien _auprès de_ ce que vous allez voir; dites, _au prix de_ ce que vous allez voir. _Autant_. Il est habile _autant_ que vous, ou il est _autant_ habile que vous; ces deux façons de s'exprimer sont contraires aux regles grammaticales; elles renferment un barbarisme de phrase; dites, il est _aussi_ habile que vous. _Autant_ ne se construit bien qu'avec un participe, ou quand il est suivi d'un autre membre de phrase: je l'estime _autant_ que je l'aime. _Autant_ pour lui _comme_ pour moi; Corneille a fait cette faute: Qu'il fasse autant pour moi comme j'ai fait pour lui. Il faut se servir de la conjonction _que_, au lieu de _comme_. _Auteron_. Dites, _hauteur_, élévation, tas. _Auteur_. Il est l'_auteur que_ je manque ma fortune; dites, il est l'_auteur de_ la perte, et non pas l'_auteur que_ j'ai manqué ma fortune. _Auvent_. On appelle ainsi une sorte, de fenêtre dont l'appui est en talus, afin que le jour, qui entre d'en haut, se communique plus facilement dans le lieu où elle est pratiquée; dites, _abat-jours_, s. m. À Paris les _abat-jours_ se nomment _persiennes_. L'_auvent_ est un petit toit en saillie, propre à garantir les boutiques de la pluie. Les _abat-jours_ font paroître les marchandises plus belles. _Aval d'eau_. Chûte d'eau impétueuse; dites, _avalaison_ ou _avalasse_, s. f. Ces mots viennent de _avaler_, _dévaler_, qui signifient descendre. _Avaloir_. Grand gosier. Ce mot est du genre féminin; dites, _une belle avaloire_. Expression familiere. _Avanglé_. Dites, _avide_. _Avis_. Ne prononcez pas l'_s_. _Ayant_. On prononce mal ce verbe; l'_y_ tient lieu de deux _i_; il en faut joindre un au premier _a_, comme si ce mot était écrit ainsi, _ai-iant_. Une faute plus remarquable, c'est de donner à ce verbe un gérondif, comme dans cet exemple: _en ayant_ soin de ce meuble, il vous servira longtemps. Le verbe _être_, non plus, ne prend jamais devant lui la préposition _en_. Cette erreur est répandue dans plusieurs grammaires, sur-tout dans celles qui sont destinées aux étrangers. B. _Babouine_. Levre d'un animal; dites, _babine_, s. f.: les _babines_ d'une vache. _Bacha_. Pierre ou piece de bois creusée, qui sert à donner à boire aux chevaux et aux animaux domestiques; dites, _auge_, s. f.: donner à manger aux cochons, dans l'_auge_. Bacha ou Pacha est un titre d'honneur chez les Turcs. _Bacchanal_. Grand bruit; ne dites pas, un grand _bacchanal_; ce substantif est féminin; dites, une grande _bacchanale_. Ce nom signifie plus particulierement une débauche faite avec grand bruit. _Bachut_. Espece de coffre percé, qui sert à conserver les poissons; dites, _banneton_, s. m. _Bagard_. Il s'est trouvé dans le _bagard_; dites, dans la _bagarre_, s. f. _Bague_ d'oreille. Dites, _boucle_ ou _pendant_ d'oreille. _Baiard_. Civiere à bras, pour transporter; dites, _civiere_, s. f. _Baignoir_. Vaisseau pour les bains privés; il ne faut pas dire, _un baignoir_, mais _une baignoire_. Le _baignoir_ est le lieu où l'on baigne, mais non pas un vaisseau de bois, de tôle ou de cuivre. _Bailler_ aux corneilles; dites, _bayer_, du latin _badare_; ouvrir la bouche, ou rester la bouche ouverte d'étonnement; d'où l'on a fait, _bouche béante_. _Balan_. Être en _balan_; dites, être en _balance_, en _suspens_. _Balayette_. Dites, petit _balai_. Nous n'avons pas ce diminutif. _Balier_, v. Ôter les ordures avec un balai; dites, _balayer_: _balayer_ un appartement. _Balle_. Panier d'osier: une _balle_ de lessive; dites, un _panier_ de lessive, ou _manne_. On appelle aussi manne, un grand panier en forme de berceau, où l'on couche les enfans. _Balouffe_. Dites, _balle_; et au lieu de balouffiere, dites, _matelas de balle_. _Bambane_. C'est un _bambane_; c'est-à-dire, un homme lent, indolent. Ce mot vient, peut-être, de _bambin_; les enfans se soutiennent mal; l'homme indolent aussi. _Bamboche_. Sorte de pantoufle ou de mule de chambre, qui a un quartier de derriere; dites, _babouche_, s. f.: _babouches_ rouges. _Bamboche_ est une marionnette un peu plus grande qu'à l'ordinaire. Il se dit d'une personne de petite taille: cette femme est une _bamboche_. _Bancane_, s. f. Il se dit populairement d'une femme, dans le même sens qu'on dit _bancroche_, en parlant d'un homme; c'est une personne qui a les jambes tortues; dites, _bancalle_, s. f.: elle est _bancalle_ depuis sa naissance. _Baracan_. Sorte de gros camelot; dites, _bouracan_: un manteau de _bouracan_. Ce mot ne se seroit-il pas corrompu, par sa conformité avec _baraca_, poil de bouc? _Barbot_. Espece de poisson, et plante qui croît dans les blés; dites et écrivez, _barbeau_, s. m. La plante se nomme _bluet_. La finale _au_ est plus longue que celle de _ot_ au singulier. _Barbouillon_. Mauvais peintre, mauvais auteur; dites, _barbouilleur_. _Bardaniere_. Claie d'osier, dont on garnit les lits, pour prendre les punaises; dites, _claie_. _Bardoire_. Dites, _hanneton_; l'_h_ est aspirée. _Bareille_. Sorte de gros tonneau; dites, _barrique_, s. f.: une _barrique_ de vin, et par diminutif, _barriquet_. _Bareille_ est une dénomination locale dont on est comme forcé de faire usage dans les endroits où elle est reçue. Les marchands disent, _barriquant_; et ce mot est français. On disait anciennement, _bouchel_. _Barette_. Espece de petit tombereau; dites, _brouette_: une _brouette_ de vinaigrier. _Barfouillon_; _barfouiller_; _barfouillage_. Dites, _Barboteur_; _barboter_; _barbotage_. C'est l'action des Oies, par laquelle elles cherchent à manger dans des ruisseaux bourbeux, en y fourrant le bec. Au figuré, c'est mettre les mains dans l'eau, en l'agitant. _Barricolé_. Peint de diverses couleurs et sans regle; dites, _bariolé_: un mouchoir _bariolé_. _Barriere_. Clôture de fer qui est ornée, et qui, dans une maison, sépare les cours des jardins; dites, _grille_. Une _barriere_ signifie ce qui sert de borne et de défense, ou un assemblage de planches, servant à fermer un passage: la _barriere_ qui est devant la porte d'une ville. _Baste_. Pan d'habit; dites, _basque_, s. f. _Batillon_. Instrument de bois, pour laver le linge; dites, _battoir_, s. m. _Batillonner_ le linge. C'est encore une de ces façons de parler qui sont particulieres à certains pays: celle-ci signifie frapper le linge sale avec un battoir, qu'on appelle mal à propos _batillon_; il faut dire, _essanger_ le linge; mais cette expression est peu connue; elle signifie proprement laver le linge sale, avant de le mettre dans le cuvier à lessive. _Battre comme emplâtre_. Dites, battre _comme plâtre_; expression proverbiale. _Batture_. Querelle où il y a des coups donnés; dites, _batterie_, s. f.: il fut tué dans une _batterie_. Ce mot signifie plusieurs choses. Il se dit de plusieurs pieces de canons et de mortiers disposés pour tirer contre l'ennemi. On dit figurément, qu'un homme dresse de bonnes _batteries_, pour dire qu'il employe de puissants moyens pour réussir dans une affaire. On appelle aussi _batterie_, la piece d'acier qui couvre le bassinet des armes à feu, et contre laquelle donne la pierre qui est au chien. _Batterie_ se dit encore de la maniere de battre la caisse. On nomme _batterie_ de cuisine, les ustensiles qui servent à la cuisine. _Baucher_ une boule. La déplacer par une autre. Je ne connois que le mot _tirer_ ou _débuter_ qui puisse remplacer cette expression: c'est un bon _tireur_. Je pense que le mot _baucher_ vient de _bachari_, _debachari_, qui signifient ôter de sa place, au sens propre; dont on a fait débaucher, débauche, au sens figuré. _Bécasson_. Sorte de bécassine; dites, _bécasseau_, s. m. _Becfi_. Petit oiseau qui se nourrit ordinairement de figues, et qui est très-délicat au manger; dites, _becfigue_: manger des _becfigues_. _Beche_. Petit bateau. Ce mot désigne les _bateaux_ qui sont sur la Saône, et qui sont couverts d'une toile; dites, _batelet_, s. m.: passer la riviere dans un _batelet_. _Bechée_. Ce qu'un oiseau prend avec le bec pour donner à ses petits; dites, _becquée_, s. f.: cet oiseau porte la _becquée_ à ses petits. _Bege_. Linge _bege_; dites, linge _bis_. _Begue_; _il begue_. Dites, _il bégaye_. _Begue_ est adjectif: un homme _begue_. _Bégayer_ est verbe. _Belsamine_. Fleur; dites, _balsamine_. L'_s_ se prononce comme un _z_; ce qui est une exception à la regle générale qui veut que l'_s_ entre une voyelle et une consonne ait le son fort. _Benier_. Artisan qui fait des boisseaux et divers ustensiles de bois, servant au ménage; dites, _boisselier_, s. m.: embrasser le métier de _boisselier_. _Bénit_. Le verbe _bénir_ a deux participes[7]; l'un, _bénit_, _bénite_, pour les cérémonies de l'Église; l'autre _béni_, _bénie_. Le dernier signifie comblé des biens du Ciel. On dit, de l'eau _bénite_, et de la mere de J. C., vous êtes _bénie_, et non pas _bénite_. _Benot_. Vase de bois; dites, _benne_, s. f., et _banneau_, s. m., pour diminutif: mettez ces raisins dans le _banneau_. _Berche_; _éberché_. Dites, _breche_; _ébreché_: on a _ébreché_ les couteaux; on y a fait des _breches_. _Bergere_. Petit oiseau; dites, _bergeronnete_, s. f. _Berlan_. Jeu de cartes; dites, _brelan_, s. m.: jouer au _brelan_. _Berlin_. Coiffe de toile; dites, _coiffe_ de nuit. _Besson_. Dites, _jumeau_. _Bessonner_ n'est pas françois; dites, _faire deux enfans jumeaux_. Ce mot est du vieux langage; son étymologie est _bis sunt_. _Bétar_. Dites, _bêta_; qui est fort bête. _Betatouret_. Instrument propre à mettre en perce un tonneau; dites, _foret_, s. m. _Bicler_. Regarder louche; dites, _bigler_; v.: cet enfant prend l'habitude de _bigler_. _Bileux_. Qui abonde en bile; dites, _bilieux_, adj. Les tempéramens _bilieux_ sont, pour l'ordinaire, moins disposés à la gaîté, que les tempéramens sanguins. _Bisaigre_. Vin _bisaigre_; c'est-à-dire, vin qui s'aigrit; dites, _besaigre_, adj. _Blet_. Un fruit _blet_; une poire _blette_; c'est-à-dire trop mûre. Ce mot manque à notre langue. On s'en servait autrefois. On le trouve dans le dictionnaire du vieux langage. _Blette_. Plante potagere, dont les feuilles sont larges et supportées par une tige épaisse; dites, _bette_, s. f.: manger des _bettes_. On le nomme aussi _poirée_, s. f. _Bol_. Petite boule de drogue médicinale. On dit communément, _une bol_. Ce mot est du genre masculin; dites, _un bol_ ou _un bolus_. _Bombarde_ ou _guimbarde_. Instrument de fer, avec une languette d'acier, dont on joue en le tenant contre les dents; dites, _rebute_ ou _trompe-à-laquais_. _Bon_. _Plus bon_; _plus bonne_. Fautes communes et grossieres. Jamais l'adjectif _bon_ ne doit prendre devant lui l'adverbe _plus_, quand il marque une comparaison. J'ai dit quand il marque une comparaison; car s'il est pris dans un autre sens, il n'est pas contraire à notre syntaxe: on dit bien: elle n'est plus _bonne_ à rien. Dans le premier sens, on se sert de _meilleur_, qui est le comparatif de _bon_. _Bon à monter_; _bon à descendre_. En ce cas ou en tout autre semblable, ne liez pas l'_n_ avec la voyelle suivante. Il n'y a liaison qu'autant que le mot où se trouve l'_n_ finale est inséparablement uni avec un autre, comme dans, _bon Ange_, _on est venu_, _un auteur_; et alors on prononce comme s'il y avoit deux _n_. C'est ainsi que prononcent les meilleurs acteurs de Paris. _Bonnette_. Coiffe de nuit; dites, _bonnet_, s. m., soit pour homme, soit pour femme. _Borgnasse_. Fille borgne; dites, _borgnesse_. _Borgnasser_. Dites, _regarder de près_. _Borgnon_. Aller _à borgnon_; dites, _à l'aveuglette_. _Boucharle_. Bouton qui vient sur la levre; dites, _barbuquet_, s. m. Les médecins disent, _aphte_, s. m. _Bougeon_. Dites, _remuant_, adj.: cet enfant est _remuant_. _Bouis_. Cette prononciation a vieilli; dites et écrivez, _buis_, s. m. _Bouloir_ ou _bouillotte_. Espece de coquemar, propre à faire bouillir de l'eau; dites et écrivez, _bouilloire_, s. f., ainsi que presque tous les noms terminés en _oire_. _Bourle_. Espece d'enflure qui vient à la suite d'un coup; dites, _bosse_. _Bourrée_. Pluie froide; dites, _brouée_, s. f. _Bousillon_. Qui gâte son ouvrage; dites, _bousilleur_: cet ouvrier est un _bousilleur_. _Boutasse_. Lieu où l'on amasse l'eau pour nourrir le poisson; dites, _mare_, s. f. _Bouteroue_. Piece qu'on met au coin des rues, pour que les voitures ne puissent pas se jeter sur les maisons; dites, _borne_: cette voiture a touché la _borne_. _Brame_. Poisson d'eau douce; dites, _breme_. _Brame_ signifioit autrefois un grand cri. _Branche_. Bois qu'on met au feu; dites, _buche_. Une _branche_ est un grand rameau d'arbre. _Branler_. Se branler sur une escarpolette; dites, _se brandiller_, v. _Branliere_. Espece de siége suspendu par des cordes, pour être poussé et repoussé dans l'air; dites, _escarpolette_ ou _brandilloire_, s. f. _Brelue_. Sorte d'éblouissement passager; dites, _berlue_, terme familier; avoir la _berlue_. _Breteau_; _le breteau_. Plaine au-delà du Rhône; dites, _Broteaux_: aller aux _broteaux_. Ce mot est probablement dérivé du mot _brouter_. C'est une plaine où les bestiaux vont champeyer. _Bresbille_. Dites, _bisbille_; mot dérivé de l'italien, _bisbiglio_; mot imitatif. _Bretagne_. Piece de fonte, qu'on applique au fond de la cheminée; dites, _plaque_, s. f. _Bretonner_. Cet arbre bretonne: dites, _boutonne_, v. _Brignon_. Espece de petite pêche; dites, _brugnon_, s. m. _Brillant_. Oiseau qui a le bec gros et court; dites, _bréant_ ou _bruant_. _Broche_. Petit bâton fendu en deux parties égales, sur lesquelles le vendeur et l'acheteur font des coches, pour marquer la quantité de pain ou de vin, que l'un fournit à l'autre; dites, _taille_, s, f.: prendre la viande à la _taille_. Cependant ce mot exprime plus communément de petits morceaux de bois sur lesquels on fait des coches, et qui ne servent qu'à l'acheteur. Voyez, _houche_. _Broche de bas_. Petite verge de fer; dites, _aiguille_, s. f.: _aiguilles de bas_; ces _aiguilles de bas_ sont bonnes. _Broche_ et _brocher_, dans ce sens, vieillissent. _Brot_. Ce que les jeunes taillis poussent au printemps, et que les bêtes vont brouter; dites, _brout_. On appelle aussi _brout_, la cocque verte des noix. _Brouillard_. Conserver le _brouillard_ d'une lettre; dites, le _brouillon_, s. m. _Bruxelles_. Prononcez le _x_ de ce mot, et d'_Auxerre_, _Auxonne_, comme dans _soixante_. _Buche_ de paille. Dites, _brin de paille_. _Buchettes_. Petits bâtons fort menus, avec lesquels on joue; dites, _jonchets_, s. m. On appelle _buchette_, le menu bois que les pauvres gens ramassent. _Bucler_ un cochon. C'est-à-dire, en brûler le poil avec de la paille; dites, _griller_, v. _Bugnes_. Sorte de pâte à l'huile; dites, _beugnes_, s. f.: de bonnes _beugnes_. _Bugnets_. Sorte de pâte faite à la poêle; dites, _beignets_, s. m.: des _beignets_ de pommes. _Busque_. Ce substantif est du genre masculin; écrivez et dites, _un busc_. _Buvande_. Dites, _piquette_ ou _boisson_. _Buyanderie_. Lieu où l'on fait la lessive; dites, _buanderie_, s. f.: il est dans la _buanderie_. _Buyandiere_ ou _buandiere_. Femme qui lave la lessive; dites, _lavandiere_. Le _buandier_ ou la _buandiere_ sont ceux qui font le blanchîment des toiles; la _lavandiere_ est au bateau de lessive. On trouve le mot _buyandiere_, dans le dictionnaire du vieux langage. C. _Cabosser_. Déformer, v.: il a _cabossé_ la boîte de sa montre. Ce mot est un vrai barbarisme; dites, _bossuer_: _bossuer_ des assiettes d'argent. _Cacaphonie_. Son désagréable à l'oreille; dites, _cacophonie_, s. f. Il est formé du grec _cacos_, mauvais, et de _phoné_, voix ou son. _Cache-maille_. Petit vaisseau de terre, ou espece de tronc; dites, _tire-lire_, s. f.: il tient son argent dans une _tire-lire_. Le mot _maille_ est un vieux mot qui nous vient du nom d'une petite monnoie qu'on nommoit _maille_; de là, le mot _pince-maille_, pour dire _usurier_. _Cachon_. Dites, _noyau_. _Cadette_. Sorte de pierre qu'on place le long des boutiques, pour paver le dehors. Dans beaucoup d'endroits on dit, _dalle_, s. f.; mais il y a une sorte de pierre _de taille_ qu'on appelle _cadette_; on dit _cadeter_, pour paver avec des pierres _de taille_. _Cafetiere_. Maîtresse d'un café; dites, _limonadiere_: s. f.: je voudrois parler à la _limonadiere_. La _cafetiere_ est un vaisseau dans lequel on fait le café. _Caffard_. Insecte hideux, qui se tient ordinairement dans la farine et s'en nourrit; dites, _blate_, s. f. _Caffi_. Pain mal travaillé et qui n'est pas troué. Il n'y a point de mot qui remplace ce barbarisme; il faut se servir d'une périphrase[8]. _Çà haut_, _çà bas_. Ces deux expressions ne sont pas françoises, quoiqu'il soit permis de dire, _là haut_, _là bas_. _Caille tortue_. Animal amphibie; dites simplement, _tortue_. _Calmandre_. Sorte d'étoffe de laine; dites, _calmande_: un habit de _calmande_. _Cambuis_. Dites, _cambouis_, s. m. _Camelotte_. Action de passer les marchandises, sans payer les droits; dites, _contrebande_, s. f.: faire la _contrebande_. _Campagne_. Aller _en campagne_; pour dire, quitter la ville, dans l'intention de se rendre dans une maison de _campagne;_ dites, aller _à la campagne_. Les soldats vont _en campagne_; on met ses amis _en campagne_, quand on les fait agir pour le succès d'une affaire; hors de là on dit, aller _à la campagne_. La préposition _en_ ne doit précéder un nom de lieu, que lorsque ce nom est celui d'un grand pays, comme, _en_ Afrique, _en_ France. _Caneçon_. Sorte de culotte de toile ou de coton; dites, _caleçons_, s. m.: donnez-moi des _caleçons_. _Cantine_. Bouteille de verre blanc. Ce terme est pris souvent à contre-sens; une _cantine_ est un petit coffre disposé en plusieurs parties, pour mettre des phioles, dans le voyage. Lorsqu'on veut désigner une bouteille de verre blanc, où l'on met ordinairement de la liqueur, on se sert du mot _bocal_, s. m.: serrez ce _bocal_. _Carnier_. Sac où l'on met le gibier; dites, _carnaciere_, s. f. _Carotte_. Plante potagere, de couleur ordinairement rouge, et qu'on met dans la salade. C'est encore ici un abus de terme: le mot _carote_ signifie proprement une racine jaune, dont la feuille est dentelée, et qu'on nomme mal-à-propos _pastonade_ ou _panais_. Ce dernier mot auquel le peuple a préféré celui de _pastonade_, désigne une plante de couleur blanche, d'un goût doucereux et bonne à manger. Ce que le peuple appelle _carotte_, doit se nommer _bette-rave_, et ce qu'il connoît sous le nom de _pastonade_, doit se nommer _carotte_: _les carottes_ toutes jaunes sont bonnes dans le bouillon gras; les _bette-raves_ se mangent à la salade; les _pastenades_ ou _panais_ sont toujours blancs. _Carquelin_. Espece de gâteau: manger des _carquelins_; dites, _craquelins_: aller acheter une douzaine de _craquelins_. _Cartouche_. Sorte d'ornement de sculpture ou de peinture, représentant un carton roulé; dans cette acception, ce mot est masculin; dites, _un cartouche_. _Carville_. Sorte de pomme; dites, _calville_, s. m.: un bon _calville_. _Casse_. Instrument de cuisine; dites, _casserole_. _Casson_. Petit espace de terre plus long que large, où l'on fait venir des fleurs et des légumes; dites, _planche_, s. f.: une planche de _tulipes_. _Castonade_. Sucre qui n'est pas entierement raffiné; dites, _cassonade_, s. f.: il y manque de la _cassonade_. _Cataplâme_. Espece d'emplâtre propre à fomenter et à fortifier les parties débilitées; dites, _cataplasme_, s. m.: un _cataplasme_ anodin. Il faut prononcer l'_s_. _Catarate_. Dites, _cataracte_, s. f.: lever la _cataracte_. Il se dit aussi d'une chûte d'eau faisant grand bruit. _Catolle_. Sorte de tourniquet en bois; dites, _birloir_, s. m.; le _birloir_ de ce châssis s'est détaché. _Caton_. Plusieurs parties qui s'amalgament, qui se tiennent assemblées: _caton_ de farine; dites, _grumeau_, s. m.: des _grumeaux_ de sang. _Cavon_. Dites, _caveau_, s. m. _Cayer_. Assemblage de feuilles de papier; écrivez, _cahier_: un gros _cahier_. On se servoit autrefois de l'_y_ sans _h_. _Ceinturonnier_. Marchand de baudriers, de _ceinturons_; dites, _ceinturier_, s. m. _Cep_. _Une cep_ de vigne. Ce mot est masculin; dites _un cep_; du mot latin _cespes_. _Cercifi_. Dites, _salsifis_, s. m. _Cerf_. Ne prononcez pas l'_f_. _Cermille_. Dites, _cerfeuil_, s. m. _C'est eux_. Dites, _ce sont eux_. On dit bien _c'est nous_, _c'est vous_; mais on doit dire à la troisieme personne du pluriel: _ce sont nos affaires_, ainsi que l'a décidé l'abbé GIRARD. _Chacun_. Pronom indéterminé[9]: _un chacun_ pense comme il lui plaît. Ce n'est plus que dans les livres gothiques qu'on lit _un chacun_; on ne met pas aujourd'hui le pronom indéfini _un_ devant _chacun_: _chacun_ vit pour soi. Ce mot a donné lieu à une faute qu'on trouve quelquefois, même dans les bons auteurs; on ne doit pas dire, par exemple: ces femmes sont très-attachées, _chacune à son_ mari; mais on dira: ces femmes sont très-attachées _chacune à leur_ mari. Voici la regle qu'il faut consulter, pour savoir s'il faut mettre _leur_, ou _son_, _sa_, _ses_: si _chacun_ est placé avant le régime direct du verbe, ou l'objet, mettez, _leur_: ces deux charrettes ont perdu _chacune_ leur essieu; s'il est placé après, servez-vous de _son_, _sa_, _ses_: ils ont tous apporté des offrandes, chacun selon ses moyens. _Chaillotte_. Espece d'ail; il faut dire _échalotte_, s. f.: couper des _échalottes_. _Chaine_ d'oignons. Dites, _glane_ d'oignons. _Chaircutier_. Dites, _charcutier_. Ce mot vient du verbe _charcuter_. _Chambellan_ ou _Chamberlan_. Celui qui travaille en chambre, sans droit; dites, _chambrelan_. _Chambucle_. Maladie des blés; dites, _nielle_, s. f., ou _charbon_, s. m. _Chana_ ou _Chanée_. Conduite des eaux dans une gouttiere; dites, _chéneau_, s. m. _Chanin_. Un temps _chanin_. Dites, un temps _sombre et froid_. _Chapoter_. Dites, _frapper_, v. _Charasson_. Sorte d'échelle garnie de chevilles qui servent d'échelons; dites, _rancher_: montez par ce _rancher_, s. m. _Charbon de pierre_. Sorte de fossile dur et inflammable; dites, _charbon de terre_: mines de _charbon de terre_. _Charbonnaille_. Poussiere de charbon; dites, _poussier_, s. m.: donnez-moi du _poussier_; sans prononcer l'_r_. _Charpenne_. Dites, _bois de charme_. _Charpi_. Fil de toile pour les plaies; dites, _charpie_, s. f. _Charri_. Gros drap qu'on met sur le cuvier, et sur lequel on étend un lit de cendres; dites, _charrier_, s. m.: un bon _charrier_. _Chasse_. Le trou d'une aiguille; dites, _chas_, s. m.: un _chas_ étroit. _Châtagne_. Sorte de fruit; écrivez et prononcez, _châtaigne_, s. f. _Châtel_. Bail de bestiaux; dites, _cheptel_, sans prononcer le _p_, s. m. _Chauderon_ ou _chauderonnier_. Écrivez, _chaudron_, _chaudronnier_, sans [prononcer l'_e_.] _Chaudier_. Ouvrier qui fait la chaux; dites, _chaufournier_. Le four où elle se cuit, se nomme _chaufour_, ou _four-à-chaux_. _Chauffe-lit_. Bassin ayant un couvercle percé à plusieurs trous, et servant à chauffer le lit; dites, _bassinoire_, s. f.: une grande _bassinoire_. Dites, _bassiner_, et non pas _chauffer_ le lit. _Chauffette_. Espece de boîte doublée et percée de plusieurs trous par le haut, dans laquelle on met du feu, pour se tenir les pieds chauds; dites, _chaufferette_, s. f.: une belle _chaufferette_. _Chercher_. Faut-il prononcer la derniere syllabe de ce verbe comme la premiere? On ne doit pas faire sentir l'_r_ finale dans les verbes en _er_, à moins que le mot suivant ne commence par une voyelle; mais on prononce cette lettre dans les verbes terminés en _ir_. _Chevillere_. Sorte de ruban fait en fil, et qu'il faut appeler pour cela, _ruban de fil_: acheter un _ruban de fil_. _Chiffre_. Caractere dont on se sert pour marquer les nombres: ne dites pas étudier _la chiffre_, mais _l'arithmétique_. Le nom _chiffre_ est masculin: le _chiffre_ romain. _Chipoteur_. Celui qui vétille; dites, _chipotier_: c'est un vrai _chipotier_. _Chirat_ de pierres. Dites, _amas_. _Choisir_. Choisir la salade, ôter ce qui est mauvais; dites, _éplucher_: on _choisit_ ce qu'on préfere; on _trie_ les herbes, en faisant un choix, en donnant une préférence; _éplucher_ exprime seulement l'action d'ôter les parties gâtées. _Chouer_. Avoir grand soin de sa personne; dites, _choyer_. Les suisses disent, _cocoler_, qui me paroît fort heureux. _Chucheter_. Parler bas à l'oreille; dites, _chuchoter_; d'où sont formés _chuchoteur_, _chuchoterie_. _Cierger_. Dites, _ciergier_, ou mieux, _cirier_, s. m. _Cintieme_. Dites, _cinquieme_, nom de nombre, ou nom qui sert à compter. _Ciseaux_. Instrument de fer, composé de deux branches tranchantes: de _bonnes ciseaux_. Ce nom doit toujours prendre le genre masculin: de _bons ciseaux_. _Clapir_; _clapissant_. Dites, _glapir_, _glapissant_. _Claude_. Prononcez le _c_ comme un _g_, ainsi que dans _Claudine_, _second_, _seconder_, _secondement_, etc. _Clavelée_. Cendre _clavelée_; Dites, _gravelée_, adj. _Clé_. Traîner sur la _clé_; dites, _claie_, s. f. _Cledar_. Ouverture d'un jardin; dites, _claire-voie_, s. f. _Clergeon_. Dites, _enfant de choeur_. _Clin_ de paille. Dites, _botte_: la _botte_ de paille est fort chere. _Clocher_. On _cloche_; cette façon de parler signifie, au sens propre, _boîter_, et au figuré, aller _mal_: cette comparaison _cloche_. Si vous voulez dire que l'on tire une sonnette, dites, on _sonne_. _Coane_. Peau du pourceau; dites, _couenne_, s. f. Le premier _e_ se prononce comme un _a_, ainsi que dans _solemnel_. _Cocombre_. Espece de fruit ou légume, de forme longue et de nature froide et aqueuse; dites, _concombre_, s. m.: ces _concombres_ sont bien petits. _Coit_. Cet adjectif signifie, tranquille, en repos; et la diphthongue _oi_ se prononce à peu près comme _oie_. Ce mot ne prend point de _t_; le féminin est _coie_. _Coître_. Lit de plume; dites, _couette_, s. f.; mot qui vieillit. On dit plus communément, _lit de plumes_. _Col_. J'ai mal au _col_; dites et écrivez, _cou_. Le _col_ est le linge qu'on se met au _cou_. _Colant_. Diamants ou pierreries que les femmes portent au _cou_; dites, _coulant_. _Collidor_. Passage étroit d'un appartement à un autre; dites, _corridor_, s. m.: un long _corridor_. _Communs_. Aller aux _communs_; dites, _commodités_ ou _cabinet d'aisance_. _Companie_. Dites et écrivez, _compagnie_, s. f. _Confle_. Petite ampoule sur la peau; dites, _vessie_, s. f.: sa brûlure lui a fait venir une _vessie_. On dit aussi, _cloche_, s. f. _Conjugaux_. Des liens _conjugaux_. Les adjectifs suivans n'ont point de pluriel masculin: _conjugal_, _vénal_, _austral_, _boréal_, _pectoral_, _filial_, _fatal_, _sentimental_, _naval_, _amical_, _magistral_, etc. _Conséquent_. Important, qui en vaut la peine: c'est une somme _conséquente_. Ce mot ne s'emploie jamais dans ce sens; on dit bien: une somme de _conséquence_; mais on ne doit pas dire, une affaire _conséquente_. Ce dernier mot exprime une idée qui découle d'une autre: on est _conséquent_, lorsque la conduite est conforme aux principes qu'on se fait. On est _conséquent_ dans ses raisonnemens, lorsque les propositions sont bien déduites les unes des autres; au contraire, on est _inconséquent_, quand on est peu d'accord avec les principes qu'on a établis. Mais ne dites pas qu'une personne est _inconséquente_, pour faire entendre qu'elle est frivole et légere. Ces deux expressions ne sont d'usage que dans le sens expliqué. _Consulte_. Conférence que l'on tient pour délibérer sur quelque affaire ou sur quelque maladie; dites, _consultation_: faire une _consultation_. _Contre_. _Par contre_, si les artisans sont ordinairement pauvres, _par contre_, ils se portent bien. Cette expression rend mal le sens que l'esprit a en vue, ou plutôt elle n'en exprime aucun. Le mot _contre_ est une préposition qui veut toujours après elle un complément; c'est-à-dire un mot qui dépend d'elle. Au lieu de dire, par exemple: je n'ai pas pu aller à la campagne; mais, _par contre_, je me suis bien amusé à la ville; on dira, mais _en revanche_, mais _à défaut_, ou enfin, on se servira simplement de la conjonction _mais_, qui marque suffisamment l'opposition ou le dédommagement. _Contrevention_. Action par laquelle on contrevient à une ordonnance; dites, _contravention_, s. f.: prendre quelqu'un en _contravention_. Dans ce mot on fait usage de la préposition latine, et non de la française. _Cor_. Donner du _cor_; dites, _sonner du cor_. _Corbillonier_. Ouvrier qui fait des vans et des corbeilles; dites, _vannier_, s. m.: cet homme est bon _vannier_. _Corce_. Peau d'arbre ou de fruit; dites, _écorce_, s. f. L'_écorce_ de cet arbre est bien épaisse. _Corée_. L'assemblage du foie et du poumon; dites, _fressure_, s. f. _Corniole_. Conduit par où les alimens descendent du gosier dans l'estomac; dites, _oesophage_. _Corporance_. La taille de l'homme considérée par rapport à sa grandeur et à sa grosseur; dites, _corpulence_, s. f.: il est d'une belle _corpulence_. _Corsonnaire_. Sorte de racine médicinale; dites, _scorsonere_. On la confond mal à propos avec le salsifis, qui est une racine bonne à manger. Les Espagnols appellent cette plante, _escorsonera_. Son nom lui vient de ce que son écorce est noire; aussi les Suisses la nomment, _écorce noire_. Valmond de Bomarre prétend que le _scorsonere_ ou le _salsifis_ noir est une plante potagère plus saine et meilleure à manger que le _salsifis_ blanc. _Cotivet_. Le creux qui est entre la tête et le chignon; dites, _nuque_, s. f. _Coudre_. On conjugue mal ce verbe dans quelques-uns de ses tems; dites, je _couds_, je _cousois_, je _cousis_, et non pas je _cousus_; j'ai _cousu_, je _coudrai_, que je _couse_, que je _cousisse_, et non pas que je _coususse_. _Couple_. Nombre: un _couple_ d'oeufs; dites, _une couple_, s. f. Un _couple_ se dit en parlant d'un mari et d'une femme: voilà un beau _couple_. _Coupon de salade_. Espece de plat où l'on sert la salade: dites, _saladier_, s. m.: un grand _saladier_. _Courir_. Ce verbe n'adopte que l'auxiliaire _avoir_: il y _a couru_; de là une faute dans ce vers de Racine: Il en étoit sorti, lorsque j'y _suis couru_. Il faudroit, lorsque j'y _ai couru_. _Courle_. Sorte de plante rampante; dites, _courge_, s. f.: une bonne _courge_. _Courle-bouteille_. Dites, _calebasse_, s. f. _Courterolle_. Insecte qui mange les racines des laitues; dites, _courtillere_, s. f. _Couvert_. La couverture d'un bâtiment; dites, _toit_: monter sur le _toit_. Dites encore, cette maison a une belle _couverture_; et non pas une belle _couverte_, ni un beau _couvert_. _Couverte_. Tapis qu'on étend sur un lit. _Couverte_ de laine; dites, _couverture_, s. f.: une belle _couverture_. On donne le nom de _couverte_ à l'émail qui couvre une terre cuite, mise en oeuvre. Ce mot se dit particulierement de la porcelaine: une _couverte_ fine. On dit aussi _couverte_ de porte, en parlant d'une piece de bois qui se met en travers, au-dessus de l'ouverture d'une porte ou d'une fenêtre, pour soutenir la maçonnerie; dites, _linteau_, s. m. _Craion_. On prononce mal ce mot: comme on doit l'écrire avec un _y_, et que ce caractere remplace deux _i_, il faut prononcer comme s'ils y étoient en effet, _crai-ion_. _Crincer_. Faire que quelque chose se fronce et se racornisse au feu; dites, _grésiller_: le feu a _grésillé_ ce parchemin. _Croassement_; _croasser_. Cri des grenouilles; dites, _coasser_, _coassement_. Le premier signifie le cri des corbeaux. _Croc_. C'est un _croc_; c'est-à-dire un fripon au jeu; dites, _escroc_. Ce mot vient de _croc_ et _croquer_, tirer avec un _croc_, ou prendre ce qui est pendu au _crochet_, comme _accrocher_, _décrocher_. _Cru_. Augmentation de taille: il n'a pas fait son _cru_; dites, _crue_: s. f. cet enfant a fait sa _crue_. _Cublan_. Petit oiseau qui a des plumes blanches sur le croupion; dites, _vitrec_, s. m.: j'ai tué un _vitrec_. _Cueillé_. Un _cueillé_ d'argent. On le fait communément substantif masculin, mais c'est une faute grossiere; ce mot doit toujours être du genre féminin; il doit se terminer par un _r_, qu'on prononce; ainsi, on doit dire, une _cueiller_, et non pas un _cueillé_. L'_r_ finale se conserve pour la formation du mot _cuillerée_, s. f. Il est rare que les mots terminés ainsi soient féminins. _Cueillir_. Ne dites pas _je cueillis_, au présent, ni _je cueillissois_, à l'imparfait; mais _je cueille_, _je cueillois_. On dit plutôt _je cueillerai_, que _je cueillirai_. _Cuison_ ou _cuisage_. Action de cuire ou de faire cuire: je lui dois tant pour la _cuison_ ou le _cuisage_ de mon pain. Ces deux mots sont également réprouvés par le bon usage; il faut dire _cuisson_, s. f.: la _cuisson_ des viandes. _Cuisson_ signifie encore la douleur que fait sentir un mal qui cuit; c'est-à-dire, qui cause une douleur aigue: ma plaie me fait éprouver une _cuisson_ horrible. _Curaille_. Le milieu d'un fruit dont on a ôté ce qui est bon; dites, _trognon_, s. m. D. _Dada_. Homme niais, un nigaud, un homme décontenancé; dites, _dadais_: c'est un _dadais_. _Darte_, sur la peau. Dites, _dartre_, s. f. _Davantage_. J'ai _davantage_ d'années que lui. Cette façon de parler est vicieuse. L'adverbe[10] _davantage_ ne prend jamais après lui la préposition _de_, ni la conjonction _que_. Vous ne direz pas, il a _davantage de_ plaisir; il est _davantage_ aimé _que_ vous; cet adverbe se place toujours immédiatement après le mot qu'il modifie. En conséquence, vous direz, il en sera aimé _davantage_, et non pas, il en sera _davantage_ aimé. Ne vous servez point du mot _davantage_ dans le sens de _le plus_; ainsi, ne dites pas: voilà la femme qui me plaît _davantage_; dites, voilà la femme qui me plaît _le plus_. _Débâcle_. La rupture des glaces. On fait souvent ce substantif masculin, et il est toujours féminin: _la débâcle_. Ce sont les mots _miracle_, _réceptacle_, _tabernacle_, qui ont donné lieu à cette erreur. _Débarras_. Lieu où l'on serre beaucoup de choses; dites, _décharge_, s. f. _Décesser_. Il ne _décesse_ pas de parler; dites, il ne _cesse_ pas de parler. La premiere expression, si elle étoit permise, signifieroit le contraire de ce qu'on veut dire. _Déchicoter_. Dites, _déchiqueter_. _Décrottoir_. Sorte de brosse dont on se sert pour décrotter. On donne ordinairement à ce nom le genre masculin, et il est du genre féminin; dites donc, _une décrottoire_. Cette désinence indique ordinairement le féminin, comme _poire_, _foire_, _moire_. _Dedans_. Il est _dedans_ la maison. Cette faute ne se trouve que dans les livres gothiques. _Dedans_ se met sans régime: il est _dedans_. Quand il faut employer un régime, on met la préposition _dans_: il est _dans_ le tiroir. _Dedans_ est une préposition elliptique. _Dédite_. Droit de se _dédire_, peine ou dédommagement. Ce mot ne doit avoir que deux syllabes, et il est masculin; dites, il lui a donné un _dédit_ de mille écus. Le _dédit_, c'est la peine attachée au droit qu'on appelle _congé_; on donne _congé_ à un locataire, et l'on paye le _dédit_. _Déhors_. On met et prononce, mal à propos, un accent aigu. L'_e_ est muet; dites donc et écrivez, _dehors_. Ce mot est formé des deux prépositions _hors_ et _de_. _Délice_. Plaisir, volupté. Ce substantif est ordinairement masculin au singulier, et toujours féminin au pluriel; dites donc, _un grand délice_, et _de grandes délices_. _Demain à soir_. Dites, _demain soir_, ou _demain au soir_. _Demander excuse_. Cette expression ne rend pas le sens qu'on y attache; _demander des excuses_ à quelqu'un, c'est vouloir qu'il nous en fasse. On _demande pardon_; on _fait des excuses_. _Demeurer_. Dans le sens de rester, exige le verbe _être_; de là une faute dans ces vers de Racine: Ma langue embarrassée, Dans ma bouche vingt fois a _demeuré_ glacée. Il faudroit _est demeurée_. _Demi_, _demie_. _Demie_-heure, et d'autre fois, une heure et _demie_; voici la regle à suivre à l'égard de ce nom partitif[11]. Quand _demi_ précede le substantif, il est indéclinable, c'est-à-dire qu'il ne change jamais de terminaison: une _demi_-heure plutôt; une _demi_-journée; mais s'il vient après le substantif, il en prend le genre: une heure et _demie_, une journée et _demie_. _Demoiselle_. J'ai vu une mere de famille, qui se promenoit avec ses _demoiselles_; dites, avec ses _filles_. Le mot _demoiselle_ est un terme de qualité, qui distingue ordinairement les filles d'avec les femmes mariées. Il signifie aussi une fille née de parens nobles; et en ce sens, il se dit des femmes mariées et des filles: elle est véritablement _demoiselle_, c'est-à-dire, véritablement née fille de gentilhomme. Mais ce terme ne remplace jamais celui de _fille_; pas plus que celui de _monsieur_, ne remplace celui de _fils_. On dira bien: c'est la _demoiselle_ de compagnie de madame, mais non la _demoiselle_ de madame, pour dire, c'est sa _fille_. _Dépêchez vîte_. Il y a un pléonasme vicieux dans cette expression; dites seulement, _dépêchez_. Ce dernier exprime l'idée de vîtesse. _Dépersuader_. Dites, _dissuader_, v. _Dépuis_. Ne mettez et ne prononcez point d'accent aigu sur l'_e_ de ce mot. _Du depuis_ n'est pas françois; ainsi, c'est une faute grossiere de dire: je ne l'ai pas vu _du depuis_; dites, _depuis_. _Des_. On dit souvent, _des célebres auteurs_, au lieu de dire, _de célebres auteurs_, la regle générale veut qu'on retranche l'article, quand l'adjectif précede le nom; car le nom se trouvant déjà modifié par le qualificatif, l'esprit rejette l'article, qui modifie aussi, en limitant la signification du substantif. L'adjectif mis avant le nom, devient idée principale, et les deux mots semblent n'en former qu'un; l'adjectif placé après, devient idée accessoire: ce _savant homme_; _cet homme savant_. _Désarroir_. Désordre dans les affaires; dites, _désarroi_. _Desir_; _desirer_. Mettez l'accent, à cause de l'étymologie: _de sidere_. L'Académie l'écrit ainsi. _Désondrer_. Enlaidir: ce chapeau vous _désondre_. Cette expression qui appartient particulierement aux jeunes demoiselles, n'a reçu la sanction que d'elles. Si on pouvoit leur accorder le titre de législatrices en matiere grammaticale, ce seroit en faveur des mots qui peindroient la beauté et les graces, et non en faveur de ceux qui expriment la laideur. Il faut dire: _ce chapeau vous sied mal_, _ne vous va pas bien_, _vous dépare_ ou _vous enlaidit_; elles ont donné la préférence au mot _désondrer_, par une sorte de délicatesse, parce qu'il n'exprime rien de déterminé, qu'il n'emporte pas tout-à-fait l'idée d'enlaidissement, quoiqu'il en approche. _Descendre_. Il a _descendu_; dites, il est _descendu_. Voyez _monter_. _Dès-de-là_. Chercher _dès-de-là_ l'eau. Cette expression lyonnoise est tout-à-fait vicieuse; il faut dire, chercher _de l'autre côté_; _par de-là_ l'eau, ou simplement, _de-là_ l'eau. _Dessous_. Bientôt, lassés de leur belle aventure, _Dessous_ un chêne ils soupent galamment. Il y a une faute de françois dans ces vers. _Dessous_ se met sans complément; c'est-à-dire, sans régime. Vous le cherchez _sous_ le lit; il est _dessous_. Dans le vieux style on met _dessous_ avec un régime. _Deux_. _Tous deux_; _tous les deux_. On se sert indifféremment de ces deux manieres, et l'on se trompe. _Tous deux_ signifie qu'on est allé ensemble, en même temps: allons-y _tous deux_. _Tous les deux_ exprime que l'un et l'autre y sont allés, mais non pas de compagnie: nous y sommes allés _tous les deux_, mais séparément, et non pas _tous deux_. _Dévancer_. Aller au devant. Ne mettez point d'accent sur le premier _e_. Ce mot est formé du mot _devant_, qui n'a point d'accent aigu. Quel important besoin Vous fait donc _devancer_ l'aurore de si loin? _Devant_. Il _lui_ est allé _au devant_. Cette façon de parler n'est pas autorisée par le bon usage; dites, il est allé _au devant de lui_. _Déviner_. Découvrir une chose cachée. Il ne faut ni mettre d'accent sur l'_e_, ni en faire entendre la prononciation: _deviner_, v.; _devin_, s. m., et non pas _dévin_. _Dévise_. Sans accent: _devise_, s. f. _Dinde_. Nous avons mangé un bon _dinde_. Ce nom est du genre féminin; dites donc, _une dinde_; si vous parlez du mâle, servez-vous du mot _dindon_, et pour exprimer un petit _dindon_, vous emploîrez le diminutif, _dindonneau_. Pour l'ordinaire les noms d'animaux, principalement ceux d'oiseaux et de poissons, ne désignent pas les sexes, ou ne les distinguent pas. _Ainsi_, _carpe_, _brochet_, _moineau_, etc., expriment indifféremment le mâle ou la femelle. On ne distingue les sexes qu'à l'égard des animaux qui nous intéressent, ou que nous avons lieu de craindre; alors, souvent le nom de la femelle n'est pas le même que celui du mâle: _cheval_, _jument_; _coq_, _poule_. _Dire_. Il est vrai _de dire_; dites seulement, _il est vrai_. Faute commune, même à quelques auteurs. _Dixmier_. Celui qui perçoit les dixmes; dites, _dixmeur_, s. m. _Donc_. On prononce le _c_ de ce mot, quand il commence la phrase ou qu'il est suivi d'une voyelle; en tout autre cas, ne le faites pas entendre. _Dorse_. Une _dorse_ d'ail; dites, une _gousse_ d'ail. _Druge_. Se plaindre de _druge_, c'est se plaindre de ce que la mariée est trop belle; dites, se plaindre mal à propos ou sans raison. Le mot _druge_ vient, peut-être, du mot _dru_, qui signifie _épais_ ou _gai_, d'où l'on a formé le verbe _druger_, qui n'est pas françois. _Duelle_. Planche servant à la construction d'un tonneau; dites, _douve_, s. f.: de mauvaises _douves_. _Durant que_. Il est venu _durant que_ j'y étois. On trouve cette faute dans plusieurs auteurs. Mais _durant que_ ne remplace jamais _pendant que_. _Durant_ est une préposition qui n'est jamais suivie de _que_. On dit _durant_ sa vie, et quelquefois, sa vie _durant_; mais jamais, _durant_ qu'il vivoit. _Durant_ exprime un temps de durée qui s'adapte dans toute son étendue à la chose à laquelle on la joint; et _pendant_ ne fait pas entendre un temps d'époque, mais seulement quelques-unes de ses parties: il a dormi _durant_ tout le sermon; on l'a volé _pendant_ son absence. E. _Écarrer_ une piece de bois, la rendre carrée, dites, _équarrir_. On dit bien _carrer_, mais point _écarrer_. _Échapper_. On ne doit pas dire indifféremment, _échapper à_, ou, _échapper de_: on a _échappé aux_ poursuites des archers, marque qu'on n'a pas été pris; il s'est _échappé des_ mains des archers, marque qu'on a cessé d'être où l'on étoit. _Échevelé_ et _déchevelé_. Le premier se dit de quelqu'un dont les cheveux sont épars; et le second, d'une femme à qui on a arraché sa coiffure, et à qui on a mis les cheveux en désordre. _Échiffe_. Petit éclat de bois, ou espece d'épine qui entre dans la chair; dites, _écharde_, s. f.: j'ai une _écharde_ sous l'ongle. _Éclairer_. L'abus de ce mot est devenu presque universel. On dit de toutes parts: _éclairez_ le feu, _éclairez_ la bougie, _éclairez_ le poêle, _éclairez_ le falot. Ce sont autant d'hérésies grammaticales; dites, _allumer_. Il est encore moins permis de dire, _éclairez_ la lumiere; car la lumiere éclaire, et n'est pas _éclairée_. On dit aussi, contre la pureté du langage: _éclairez_ monsieur; dites, _éclairez_ à monsieur. On _éclaire_ un ignorant, et on _éclaire_ à un homme, pour qu'il voie à se conduire. Ces fautes donnent lieu d'en faire remarquer une autre: ce n'est pas français de dire, _faites lumiere_; cette expression est consacrée à la toute-puissance de Dieu. Un académicien étant allé rendre visite à M. de Fontenelle, se retira à l'entrée de la nuit; il s'égara dans l'appartement, et se plaignit de ce qu'ayant demandé plusieurs fois qu'on lui _fît_ lumiere, la servante le laissoit dans l'obscurité: excusez-la, dit Fontenelle, elle n'entend que le françois. _Économer_. Administrer avec économie; dites, _économiser_, v.: il fera bonne maison, s'il continue _à économiser_. _Écosse de pois_. Dites, _cosse_. On dit bien _écosser_, mais non pas _écosse_. _Écoupeaux_ ou _Éclapes_. Éclats ou morceaux de bois que la hache ou le rabot enlevent du bois que l'on travaille; dites, _copeaux_, s. m. pl.: brûler des _copeaux_. _Éduquer_. Voltaire se plaignoit qu'on alloit jusqu'à écrire que les princes sont quelquefois mal _éduqués_. Il paroît que ceux qui parlent ainsi, ont eux-mêmes reçu une fort mauvaise éducation; dites, _élevé_. Le peuple, par analogie au mot éducation, a formé _éduqué_, qui n'est pas françois; cette faute est très-commune en Suisse et à Geneve. Roubaud prend la défense de ce mot contre Voltaire. _Effiler_. Donner le fil à un instrument qui coupe; dites, _affiler_: j'ai _affilé_ mon sabre. _Effiler_ signifie ôter les fils, et non pas donner le fil. _Égrafinure_; _égrafiner_. L'action d'entamer la peau légérement avec les ongles; dites, _égratigner_, v. _égratignure_, s. f. _Emberlicoter_. _S'emberlicoter_. Dites, _s'emberlucoter_, _s'embarrasser_. _Emberner_. Salir de bran ou de matiere fécale; dites, _embrener_, v. _Embêter_. Rendre bête; dites, _hébêter_ ou _abêtir_, v. _Emboire_. Ce papier _emboit_. Le mot _emboire_ est un terme de peinture; il se dit d'un tableau dont les couleurs deviennent mattes et ne se discernent pas; dites, _ce papier boit_. _Embûches_. Tendre des _embûches_; cette expression n'est pas exacte: on tend des _piéges_, des _filets_, et l'on dresse des _embûches_. _Empare_. Barre de fer pour soutenir les portes; dites, _penture_. _Emparenter_. Entrer dans une famille: il est bien _emparenté_; dites, _apparenter_. v. _Emphasé_. Discours _emphasé_, c'est-à-dire, où il y a de l'emphase; dites _emphatique_, adj. _Émuer_, v. _émué_, participe. Dites, _émouvoir_, et au participe, _ému_: il m'a fait peur; j'en suis encore tout _ému_. _Encatonner_. _S'encatonner_, se réunir en masse; dites, _grumeler_: la farine se _grumelle_. _Enchant_. Dites, _angle de mur_. _Endéver_. Cet enfant me fait _endéver_ tout le jour. Il semble qu'on attache à ce mot, qui n'est pas françois, l'idée de _donner au diable_; mais souvent il s'emploie dans le sens de _contrarier_. _En erriere_. Dites et écrivez, _en arriere_; de là le verbe _arriérer_. _Enfant_. C'est un mot adopté pour les deux sexes, et qui prend les deux genres: un bel _enfant_; une belle _enfant_. _Enfle_. Il est _enfle_; dites, _enflé_. _Engencement_; _engencer_. Maniere d'arranger de petites choses chez soi; dites, _agencement_, _agencer_. _Énigme_. Chose à deviner: _un énigme_; dites, _une énigme_, s. f. _Énorgueillir_. _S'énorgueillir_; avoir de l'orgueil. C'est comme s'il y avait _orgueil en_. La préposition _en_ ne se détache pas, et la première syllabe a le son nasal; il ne faut point d'accent sur l'_e_ initial, et l'on doit redoubler l'_n_ dans la prononciation. Il en est de même des mots _enivrer_, _enharmonique_, _ennoblir_; mais si ce dernier signifie rendre noble, on prononcera et on écrira _anoblir_. Le dictionnaire de Trévoux et celui de Richelet, disent qu'il faut prononcer _anivrer_, _anorgueillir_; mais cela n'est pas admis. _Enreinieres_. J'ai les _enreinieres_; dites, j'ai des douleurs de _reins_. _Enseigner quelqu'un_. Dites, _enseigner à quelqu'un_. Ne dites pas non plus, _montrer_ à lire, mais _apprendre_. _Enterrement_. Voir passer un _enterrement_. L'_enterrement_ est un acte de religion, par lequel on met un corps en terre; on ne voit pas cet acte, mais le convoi; dites, j'ai vu passer le _convoi_. _Épée_. Instrument de défense: un _épée_; dites, une _épée_, s. f.: une belle _épée_. _Épigramme_. Petite piece de poésie: un _épigramme_; dites, une _épigramme_, s. f.: une fine _épigramme_. J. B. Rousseau a fait d'excellentes _épigrammes_. _Épisode_. Une belle _épisode_. On appelle ainsi dans la composition du poème épique ou dramatique, toute action que le poète emploie pour étendre l'action principale et l'embellir; ce mot est du genre masculin; dites, _un épisode_: on dit que le Tasse et l'Arioste ont fait de très-beaux _épisodes_. _Épogne_. Sorte de gâteau; dites, _galette_. _Épurer_ des comptes. Dites, _apurer_: travailler à _apurer_ ses comptes. _Équevilles_. Ordures qu'on ôte avec le balai. C'est le _scoviglia_ des Italiens, qui n'a pas été adopté en françois; dites, _balayures_. _Espadron_. Large épée; dites, _espadon_, s. m. _Espadronner_. Dites, _espadonner_. _Espression_. On dénature ce mot et beaucoup d'autres, en changeant l'_x_ en _s_; dites, _expression_, _exprimer_, _excuse_, _extravagant_. _Esquilancie_. Maladie du gosier, qui fatigue souvent au point qu'on ne peut ni respirer, ni avaler: il a un dangereux _esquilancie_. Il y a double faute dans cette façon de s'exprimer; 1º, ce nom est du genre féminin; 2º, il faut dire, _esquinancie_, et non pas _esquilancie_: une dangereuse _esquinancie_. Presque tous les mots terminés en _ie_ sont féminins, à l'exception de _génie_, _incendie_, _messie_. _Estomac_, s. m. On appelle ainsi, dans le corps animal, la partie qui reçoit les alimens. Il ne faut pas prononcer le _c_, comme font les Genevois. _Et_. Beaucoup de personnes ne savent point distinguer la conjonction _et_ du verbe _est_; celui-ci prend ou peut prendre devant lui le pronom personnel _il_ ou _elle_, et non pas l'_autre_; d'ailleurs, la conjonction a presque le son de l'_e_ fermé, et le verbe a celui de l'_e_ ouvert. _Étant_. Ce verbe, comme l'auxiliaire _avoir_, n'a point de gérondif, et n'est jamais précédé de la préposition _en_. _Éteinte_ de voix. Dites, _extinction_ de voix. _Étirer_ le linge. Ce mot ne se dit que des métaux qu'on étend sous le marteau; dites, _détirer_ du linge. Ne dites pas, _étiré_ à quatre épingles, mais _tiré_ à quatre épingles, en parlant d'une personne ajustée avec affectation et recherche. _Étisie_. Maigreur, consomption; dites, _tisie_, et écrivez _phtisie_. On dit cependant, _étique_, aussi bien que _phtisique_. _Être_. Ce mot est souvent pris pour _aller_, c'est une faute. Le verbe _être_ marque le repos ou l'existence, et le verbe _aller_ marque le mouvement; or, ces deux mots, qui ont une signification si contraire, ne sauraient être pris indifféremment l'un pour l'autre; on ne dira donc pas, il _fut_ au spectacle, pour dire, il y _alla_; on pourra bien dire qu'il a _été_ à Paris, pour dire qu'il y a _demeuré_, mais non pour marquer l'action de s'y transporter. _Éviter_. _Éviter_ la peine à quelqu'un. Cette façon de parler est devenue universelle; on la trouve dans nos auteurs comiques; mais elle n'en est pas moins vicieuse. Le mot _éviter_ veut dire _fuir_. On _évite_ quelqu'un, et non pas à quelqu'un; on ne dira donc pas, je vous _éviterai_ la peine, mais, je vous _épargnerai_ la peine. _Examen_. La derniere syllabe de ce mot ne se prononce pas comme dans _demain_, mais comme si l'_n_ étoit suivie d'un _e_ muet, ainsi que dans _hymen_. _Excepté que_. Cette expression prise pour _à moins que_, est surannée; ainsi, ne dites pas, il viendra, _excepté qu'il_ ne soit malade, mais dites, _à moins qu'il_ ne soit malade. _Exemple_. _Un exemple_, signifiant un modele d'écriture; dites, _une belle exemple_; mais dans tout autre cas il est masculin: suivez _ses bons exemples_. _Exprès_. _Par exprès_. Je ne l'ai pas fait _par exprès_. Le dernier de ces deux mots suffit; dites donc, je l'ai fait _exprès_ ou tout _exprès_; mais n'employez jamais la préposition _par_, devant le mot _exprès_, à moins que ce mot ne soit pris substantivement: envoyer une lettre par un _exprès_. F. _Facié_. Cet homme est bien _facié_; dites, _facé_. _Faire une maladie_. Cette expression devenue universelle, et employée même par quelques écrivains, n'est pas françoise. On dit, _avoir une maladie_, et non la faire, lors même qu'on se la seroit attirée par sa faute. _Falloir_. Ne dites pas, il ne s'en est _fallu de guere_, il s'en est _fallu de beaucoup_; mais dites, il ne s'en n'est _gueres fallu_, il s'en est _fallu beaucoup_. _Fantôme_. Spectre ou chimere: j'ai vu _une fantôme_; ce nom est du genre masculin: _un fantôme_. _Farbalas_. Espece de bande plissée, et mise pour ornement; dites, _falbala_: un joli _falbala_. _Fayard_. Bois de _fayard_; dites, bois de _hêtre_; l'_h_ est aspirée. _Fege_. Dites, _foie_, s. m.: un _foie_ de veau. _Féniere_. Lieu où l'on serre le foin à la campagne; dites, _fenil_, s. m.: voilà un beau _fenil_; sans prononcer l'_l_. _Ferlater_ du vin. Y mettre des drogues; dites, _frelater_, v. _Fermer_. _Fermer_ le linge; c'est un barbarisme. Le mot _fermer_ signifie clorre ce qui est ouvert; on _ferme_ une porte, une chambre; mais on ne _ferme_ pas du linge; on _ferme_ une chambre, pour qu'on n'y puisse pas entrer; on _serre_ les habits, le linge, etc. _Fermer_ quelqu'un dans sa chambre. Dites, _enfermer_. _Ferratier_. Celui qui vend du fer; dites, _ferronnier_; d'où _ferronnerie_. _Fête-à-Dieu_. Dites, _Fête-Dieu_. _Feu_; _feue_. La _feu_ reine. Il y a un solécisme dans le mot _feu_. Voici la regle à consulter sur cet adjectif: _feu_ reste invariable, lorsqu'il n'est pas précédé de l'article: _feu_ ma mere; et lorsqu'il a devant lui l'article ou le pronom possessif, il prend le genre et le nombre du substantif qui vient après: la _feue_ reine. _Fiageoles_. Sorte de légumes; dites, _haricots_, s. m.: de bons _haricots_; l'_h_ est aspirée. _Fiageolet_. Instrument à vent; dites, _flageolet_, s. m. _Fiarde_. Sorte de jouet de bois, en forme de poire, et qu'on enveloppe d'une corde roulée en spirale, pour le faire tourner sur une pointe de fer dont il est armé; dites, _toupie_, s. f.: jouer à la _toupie_; de là on a fait, _toupiller_, aller et venir sans savoir pourquoi. _Fibre_. De _longs fibres_. Ce nom est féminin; dites, de _longues fibres_. _Fievres_. Cet homme a _les fievres_. On n'a pas plusieurs _fievres_ à la fois; dites, il a _la fievre_. _Figuette_. Espece de petite bouteille qui se ferme avec un bouchon; dites _flacon_, s. m.: on met des senteurs dans un _flacon_. _Filagrame_. Ouvrage d'orfévrerie, travaillé à jour; dites, _filigrane_, s. m. _Filleule d'artichaut_. Dites, _oeilleton_ ou _rejeton d'artichaut_. _Filoche_. Dites, _filet_, s. m. _Fils_. Ne prononcez pas l'_s_, à moins que le mot suivant ne commence par une voyelle. _Finir_. Ne dites pas, il faut _en finir_; cette façon de parler, qui devient très-générale, est vicieuse. On _finit_ une chose; mais on n'_en finit_ pas. _Fixer_ quelqu'un. Le mot _fixer_ signifie arrêter; dites, _fixer_ ses regards sur quelqu'un, ou regarder quelqu'un _fixément_. On _fixe_ un inconstant. _Flamboise_. Petit fruit bon à manger; dites, _framboise_, s. m.: un plat de _framboises_. _Flamenter_, _flamentation_. Action de mettre des cataplasmes sur une partie malade, pour l'adoucir, l'amollir ou la fortifier; dites, _fomenter_, _fomentation_. On dit figurément, _fomenter_ une querelle; c'est-à-dire, l'_entretenir_. _Flasque_. Espece de bouteille de cuir, pour mettre la poudre à fusil; dites, _poire à poudre_. _Flau_. Instrument à battre le blé; dites _fléau_, s. m. Dites de même, au figuré, pour les maux que Dieu nous envoie. _Flene_. Linge qui sert d'enveloppe à un oreiller; dites, _taie_, s. f.: changer de _taie_. _Flérer_. Répandre une odeur: il _flere_ comme baume; dites, _fleurer_. _Fleurir_. Ce verbe est régulier au sens propre; mais au figuré, il fait, à l'imparfait, il _florissoit_, et au participe présent, _florissant_, et non _fleurissant_. _Flotte_ de fil ou de soie. Soie ou fil replié en plusieurs tours; dites, _écheveau_, s. m.: un _écheveau_ de fil blanc. Le mot _flotte_ exprime un certain nombre de vaisseaux qui vont ensemble: la _flotte_ anglaise. Peut-être le peuple a-t-il ainsi nommé plusieurs tours de soie ou de laine, parce que, comme une _flotte_ de vaisseaux, ils se suivent et vont ensemble. Ce qui confirme cette conjecture, c'est qu'il dit une _flotille_, en parlant d'un petit _écheveau_, ainsi qu'on le dit, en parlant d'une petite _flotte_. _Foroncle_. Espece de flegmon enflammé et douloureux, qui se termine par un abcès; dites, _furoncle_, s. m. On l'appelle vulgairement _clou_. _Foudre_. Ce mot prend les deux genres: Je pourrois t'écraser, et les _foudres_ sont _prêtes_. . . . . . . . . . . Éteins entre leurs mains les _foudres destructeurs_. Mais le masculin est d'un style plus relevé, et presque toujours figuré. _Fourchu_. _Pied fourchu_. Droit qui se paye sur les bêtes qui ont le pied fendu ou fourché; dites, _pied fourché_. _Franchipane_. Espece de pâtisserie ou de parfum: pommade à la _franchipane_; dites, _frangipane_, s. f.: une tourte à la _frangipane_. _Fricot_. Ce qu'on mange avec du pain; dites _mets_, s. m. _Ragoût_ ou _mets_: un excellent _mets_, un bon _ragoût_. _Frissure_. Réunion du foie, du coeur et de la rate de quelques animaux; dites, _fressure_, s. m. _Fûte_. _Une fûte_, un tonneau; dites, _fût_, sans _e_ final. Ce mot est masculin: de vieux _fûts_; en faisant sentir le _t_. G. _Gabouiller_. Dites, _barboter_, v. _Gacer_ du vin dans la bouteille. Dites, _agiter_, v. _Gadois_. Celui qui transporte la gadoue ou la matiere fécale; dites, _gadouard_, s. m. _Gagner la victoire_. On gagne la bataille, et le succès de la bataille donne la victoire; dites, _remporter la victoire_. _Galandage_. Muraille en charpente et en maçonnerie; dites, _cloison_, s. f. _Gangrene_. Maladie de quelques parties du corps; prononcez, _cangrene_. Le _g_ prend le son du _c_. C'est le contraire dans les mots _second_, _cigogne_, _Claude_. _Garante_. Femme qui sert de caution. C'est un barbarisme. _Garant_ n'a point de féminin. Il faut dire, elle est _garant_. Il en est de même de _docteur_, _écrivain_, _témoin_, _orateur_, _peintre_, _poète_, _auteur_, _érudit_, _rhéteur_, _rhétoricien_, _logicien_, _pharmacien_, etc. Ces mots n'ont pas de féminin, parce qu'on les attribue rarement aux femmes. _Garde_. _Prendre garde à_ et _prendre garde de_, ont deux sens différens: _prendre garde à faire_, c'est être attentif à faire. _Prendre garde de faire_, c'est faire attention de ne pas faire; dites, _prenez garde de tomber_, ou _prenez garde à ne pas tomber_. Après les verbes _prendre garde_, _craindre_, _appréhender_, etc., on emploie la négation sans complément: _prenez garde qu'il ne tombe_. L'esprit étant occupé du désir qu'il ne tombe pas, il se sert de la négation qui exprime ce désir; mais il n'est pas permis de dire, _prenez garde qu'il ne tombe pas_. _Garde_. Ces deux personnes que vous voyez sont deux _gardes nationales_; dites, _nationaux_. _Garde_ est féminin, quand il exprime la compagnie; et il est masculin, quand il signifie les individus qui la composent. _Garderobe_. Construction en bois, propre à serrer des habits ou du linge. Il faut se servir du mot _armoire_, soit que cette construction ait un fond, soit qu'elle n'en ait pas: une belle _armoire_, s. f. Une _garderobe_, c'est une chambre où l'on renferme les habillemens d'un prince. On dit d'un simple particulier, qu'il a une riche _garderobe_, pour dire qu'il a un grand nombre de beaux habillemens; mais en toute autre circonstance, le mot _garderobe_ s'entend d'une construction qui regarde le maçon, et non le charpentier. Il désigne aussi les latrines: aller à la _garderobe_. _Garenne_. Charger des marchandises _en garenne_, c'est-à-dire, sans les emballer; cette expression n'est pas françoise. _Gâte_. Ce fruit est gâte; dites, _gâté_. _Gaviot_. Dites, _fagot de sarmens_, ou mieux, _javelle_. _Géane_. Femme dont la taille excede la stature ordinaire; dites, _géante_, s. f. As-tu vu cette _géante_? _Geler de froid_. Pléonasme, c'est-à-dire, surabondance de mots inutiles; dites simplement, _geler_. Je suis _gelé_. _Genevre_. Extrait de _genevre_; dites, _genievre_. _Gentil, gentille_. Ce mot ne signifie pas qu'on est laborieux; il veut dire _joli_, _délicat_: une _gentille_ bergere. _Gerle_. Grand vase de bois pour la lessive; dites, _cuvier_, s. m. _Gérofle_. Dites, _girofle_, s. m. _Gibolée_. Pluie soudaine, mêlée souvent de grêle; dites, _giboulée_, s. f. _Gicler_. Faire _gicler_ de l'eau; dites, _jaillir_. _Gifle_. Coup du plat de la main sur le visage; dites, _soufflet_, substantif masculin: il lui a donné un _soufflet_. _Gigauder_. Remuer les jambes; dites, _gigotter_, v. _Gigue de mouton_. Dites, _gigot_. _Girarde_. Fleur; dites, _giroflée_, s. f. _Gisier_. Le second ventricule de certains oiseaux qui se nourrissent de grains, comme les poules, les pigeons; dites, _gésier_, s. m. Le _gésier_ d'une poule. _Gîter_. Ce mot n'est pas françois; dites, _demeurer_. On n'a conservé que la troisieme personne du singulier de l'indicatif présent: Ci-_gît_ ma femme; ah! qu'elle est bien, Pour son repos et pour le mien! On dit encore _gisant_. _Glissiere_. Dites, _glissoire_, s. f. _Gloriette_. Lieu près du four, et où l'on pétrit la pâte; dites, _fournil_, sans prononcer l'_l_. _Gobille_. Jouet d'enfant, fait de pierre ou de marbre, en forme de boule; dites, _globule_, s. m.: il m'a pris mon _globule_. C'est du mot _bille_, sans doute, qu'on a formé _gobille_; mais pourquoi la premiere syllabe? on pourroit se servir du diminutif _billette_, _petite bille_; à Paris, on dit _bille_. _Godiviau_. Certain pâté composé d'andouillettes, de hâchis de veau et de béatilles; dites, _godiveau_, s. m.: pâté de _godiveau_. _Gôdron_. Espece de gomme ou poix, servant principalement à calfater les vaisseaux; dites, _goudron_, et _goudronner_, au lieu de _gôdroner_. Le _godron_ est une espece de moulure relevée en forme d'oeufs. _Gongoner_. Dites, _gronder_. _Gorgossel_. Manger à la _gorgossel_, c'est manger sans autre assaisonnement que le sel; dites, à la _croque au sel_. _Goubeau_. Dites, _gobelet_, s. m. _Goulet_. Cou de bouteille: ce mot a vieilli; dites, _goulot_, s. m. _Goutte_. L'amour n'y voit _goutte_. Il est ridicule que l'usage emploie l'adverbe relatif _y_, qui n'est nullement nécessaire, ainsi que dans _je n'y vois pas_. Autant vaudroit-il dire, _je n'y entends pas_. Il faudroit dire simplement, _l'amour ne voit goutte; je ne vois rien_. Mais si l'on vouloit parler de l'endroit où l'on ne voit pas, on diroit: _il fait nuit dans ce bois, je n'y vois rien_; c'est-à-dire, _je ne vois rien dans ce bois_. _Graboton_. Se mettre _en graboton_; dites, se tenir _à genoux repliés_. _Grabotter_. Si c'est le feu, dites, _charbonner_, _tisonner_; si c'est la terre, dites, _fouiller_. _Gracieusité_. Civilité, honnêteté, gratification; dites, _gracieuseté_, s. f. _Grapin_ de poêle. Dites, _fourgon_, s. m. _Graspille_. Jeu d'enfant: jeter quelque chose à la _graspille_; le jeter au milieu d'une troupe d'enfants qui cherchent à s'en saisir; dites, _gribouillette_, s. f.: jeter quelque chose à la _gribouillette_. _Grenouille_. Machine formée d'un arbre ou essieu, auquel on attache des leviers, et qui sert à lever des fardeaux; dites, _treuil_, s. m. _Grepe_. Oiseau aquatique; dites, _grebe_, s. m. _Grese_. Soie _grese_; dites, _grege_. _Gribouiller_. Il _gribouille_; dites, il _barbouille_, v. _Gril_. Ustensile de cuisine. _La gril_. On le fait féminin quand on le prononce seul, mais c'est une faute. Il faut dire, le _gril_, s. m.: apportez _le gril_. On ne fait pas sentir l'_l_ dans le discours familier, et lorsqu'on la fait entendre, elle est mouillée. _Grillet_. Plante dont les tiges sont menues, sans feuilles, et portent un bouquet de fleurs blanches ou bleues, d'une odeur agréable; dites, _muguet_: le _muguet_ vient de lui-même dans les bois. Le mot _grillet_, signifie, en terme de blason, une petite sonnette ronde qu'on met au cou des chiens et aux jambes des oiseaux de proie. _Grillet_. Insecte; dites, _grillon_, s. m. _Gringotter_. Être transi de froid; dites, _grelotter_. _Gringotter_ signifie fredonner mal un air; il signifioit autrefois _frissonner_. _Griveliner_. Jouer mesquinement, faire quelques petits profits illicites; dites, _grimeliner_ ou _griveler_, d'où l'on a fait, _griveleur_, _grivelerie_. _Grognon_. Chagrin, fâcheux; dites, _grogneur_: c'est un _grogneur_. _Groles_. Dites, _mauvais souliers_. _Groton_. Morceau de croûte; dites, _crouton_, s. m.: un _crouton_ de pain. _Grotte_ de pain béni. Dites, _chanteau_: j'ai eu le _chanteau_; je ferai le pain béni. _Guêtes_. Espece de bas qui se boutonnent; dites, _guêtres_, s. f.: de bonnes _guêtres_. _Guille_. Petite broche de bois servant à boucher le trou qu'on a fait à un tonneau pour donner de l'air; dites, _dusil_, s. m. Le fausset est aussi une broche par où on tire du vin: il faut mettre un _fausset_ à ce tonneau. H. _Haïr_. Ce verbe a deux syllabes au passé simple, _je haïs_; une seule au présent, _je hais_. _Hape_. Espece de clou; dites, _patte_, s. f. _Hardi_. Courageux, assuré; l'_h_ est aspirée; dites, le _hardi_ coquin, et non pas _l'hardi_. _Hareng soret_. L'_h_ est aspirée, et le _g_ ne se prononce pas. On dit indifféremment, _saur_ ou _sauret_. Le premier se dit par contraction, des _harengs saurs_. Cette espèce est ainsi appelée, parce qu'elle est à demi salée. Le mot _saur_ signifie, qui est de couleur jaune, tirant sur le brun: un cheval _saur_. _Harpie_. Grande perche armée d'un crochet; dites, _croc_ ou _gaffe_. _Hémorragie de sang_. Pléonasme; dites simplement, _hémorragie_, s. f. _Hermite_, _hermitage_. Écrivez ces deux mots sans _h_, à cause de l'étymologie, _eremita_, _eremus_. _Heure_. Quelle _heure est-ce_? dites, quelle _heure est-il_? _Heureux: heureux comme tout_. C'est une de ces expressions absurdes et insignifiantes, qu'on peut facilement remplacer: je suis _heureux autant qu'on peut l'être_. _Heurler_. Il se dit d'un cri long que font les loups et les chiens; dites, _hurler_, en aspirant l'_h_, ainsi que dans _hurlement_. _Homme de vigne_. Mesure; journée d'un vigneron; dites, _hommée de vigne_, s. f.: il a acheté trente _hommées de vigne_. _Honteux_. Qui a de la confusion; l'_h_ est aspirée; prononcez fortement ainsi que dans _honte_, sans élision ou suppression de voyelle et sans liaison de consonne. _Horillon_. Coup sur la tête; dites, _horion_, l'_h_ est aspirée: donner un _horion_. Ce mot vieillit, et il est familier. _Horloge_. Ne dites pas, _un bel horloge_, mais _une belle horloge_. Ce mot est du genre féminin. _Houches_, _les houches du boulanger_. Morceaux de bois en deux parties égales, sur chacune desquelles on fait des coches ou entaillures, pour tenir compte du pain et du vin. Le mot françois est _tailles_, s. f. pl.: les _tailles_ du boucher. On dit dans un sens différent, _houcher la tête_, la branler, la secouer, pour marquer son improbation; dites, _hocher_ la tête. _Hucher_ sur des perches. Dites, _jucher_, _percher_, v. _Huile_. _Du bon huile_; dites, _de la bonne huile_, s. f. Les noms terminés ainsi sont tous féminins, excepté _style_, _péristile_, _chyle_, _asile_, _reptile_, _évangile_. _Hurter_. Choquer, toucher ou rencontrer durement; dites, _heurter_: il m'a _heurté_ en passant, et jamais _hurter_, _frapper_. _Hypocondre_. Cet homme est _hypocondre_, c'est-à-dire, mélancolique; dites, _hypocondriaque_. Le premier mot exprime la maladie, et il est substantif. Le second est adjectif. L'Académie dit que cet abus n'a lieu que dans la conversation. _Hymne_. Du genre féminin, s'il s'agit du chant de l'église; masculin hors de là. I. _Imberline_. Étoffe; dites, _iberline_, s. f. _Imiter l'exemple_. Dites, suivre l'_exemple_: on _imite_ la conduite, on suit l'_exemple_. _Immense_. On prononce souvent ce mot comme s'il étoit écrit de la maniere suivant, _ainmense_; ne prononcez qu'une _m_, c'est-à-dire, que dans la premiere syllabe, on ne doit entendre que le son de l'_i_, ainsi que dans _immoler_, _immodestie_, _immuable_, _immanquable_, etc. _Imposer_. Ce verbe reçoit un grand nombre d'acceptions. Il signifie mettre à contribution: _imposer_ le peuple; _imposer_ les mains, les mettre dessus; _imposer_ un fardeau; _imposer_ le silence; c'est-à-dire, ordonner qu'on se taise; _imposer_ du respect, en inspirer. Il se prend aussi dans le sens de donner une idée avantageuse de soi, de son mérite, de sa personne; et c'est dans ce cas que l'on se trompe en disant: cet homme a une physionomie qui en _impose_; il faut dire simplement, qui _impose_, en retranchant le mot _en_. Si vous le mettez, cette expression signifiera alors, ou que vous voulez _abuser_, _surprendre quelqu'un_: vous voulez nous en _imposer_; ou que l'on _ment_: ne le croyez pas, il vous _en impose_; mais en parlant d'un homme _imposant_, vous direz, il _impose_. _Incan_. Vente publique faite à l'enchere; mot corrompu; dites, _encan_, s. f.: mettre à _l'encan_. _Incendie_. Embrâsement d'un bâtiment: une affreuse _incendie_. Ce substantif est du genre masculin; dites, un grand _incendie_. Ce mot fait exception, ainsi que _génie_, _messie_. _Indemnité_. Prononcez _indamnité_. Voyez _Solemnel_. _Infecter_. Les brigands _infectent_ les grands chemins; dites, _infestent_, _pillent_ ou _ravagent_. _Infecter_ signifie, répandre mauvaise odeur. _Ingrédient_. Ce qui est dans la composition de quelque chose. Prononcez la derniere syllabe comme s'il y avoit un _a_; _ent_ sonnent toujours comme _ant_. _Insecte_. Une _insecte_. Ce mot est masculin; dites, un _insecte_: le puceron est un _insecte_ curieux. _Interêt_. Ce mot s'accentue et se prononce mal. Le premier _e_ est fermé, et marqué d'un accent aigu, le second est très-ouvert, et prend l'accent circonflexe; dites et écrivez, _intérêt_. _Interloquer_. Interdire, interrompre: il m'a dit une chose qui m'a tout _interloqué_. Ce mot n'est françois que lorsqu'il s'agit de donner un jugement _interlocutoire_; jugement qui ne termine pas une affaire. Terme de pratique. _Intervalle_. Distance, espace qu'il y a d'un lieu ou d'un temps à un autre. Ce mot est du genre masculin. Il faut dire, _un intervalle_, et non pas _une intervalle_. Il est vrai que cette terminaison indique ordinairement le féminin, excepté, dans _râle_, _mâle_, _scandale_, _hâle_, etc. _Irruption_ de la petite vérole, du Vésuve; dites, _éruption_. L'_irruption_ est l'entrée soudaine des ennemis. Le mot _éruption_ vient du mot latin _erumpere_, qui veut dire, _sortir_, _s'échapper_. Le mot _irruption_ vient d'_irruere_, qui signifie se jeter avec violence et fureur. _Ivoire_. Ne dites pas, de l'_ivoire_ blanche. Ce mot est masculin. J. _Jaiet_. Pierre noire et luisante: des boutons de _jaiet_; dites, _jais_. _Jacquet_. Jeune domestique; dites, _jokey_, mot anglois. _Jambe-rotte_. Marcher _à jambe-rotte_: Marcher un pied en l'air. Ce mot _rotte_, qui signifie _rompu_, _cassé_, nous vient des Italiens; ils disent _banca-rotta_, dont nous avons fait _banqueroute_. Mais _jambe-rotte_ n'est pas françois; dites, _cloche-pied_: marcher à _cloche-pied_. _Je_. Aime-_je_; dites, aimé-_je_. Toutes les fois que les verbes terminés par un _e_ muet sont suivis du pronom personnel _je_, le premier _e_ prend un accent aigu, pour éviter la prononciation de deux _e_ muets de suite. C'est une regle dans notre langue, qu'il ne doit jamais se trouver deux _e_ muets de suite dans un mot simple. Il n'y a d'exception que pour les mots, _chevelure_, _ensevelir_. L'_e_ pénultieme dans les autres mots devient _e_ moyen, ainsi que dans _pere_, _mere_, _frere_, et cet _e_ ne doit pas prendre l'accent grave; cet accent est inutile et vicieux: je dis qu'il est inutile, puisqu'on ne peut pas prononcer autrement; il est vicieux, car l'accent grave annonceroit un _e_ ouvert, comme dans _abcès_, _procès_; au lieu qu'il faut prononcer un _e_ moyen, qui tient le milieu entre l'_e_ fermé et l'_e_ ouvert. _Jeté_. Porte _jetée_; dites, porte _déjetée_. _Jouin_. Le septieme mois de l'année; dites et écrivez, _Juin_, monosyllabe. _Jujube_. Un _jujube_, fruit pectoral et apéritif; dites, une _jujube_, s. f. L. _La_. Êtes-vous malade? Je _la_ suis. Il y a un solécisme dans cette phrase, malgré l'autorité de madame de Sevigné, qui auroit cru, disoit-elle, avoir de la barbe au menton, si elle eût répondu à cette question: je _le_ suis. Êtes-vous mariée? répondez, je _le_ suis, et non je _la_ suis; mais si l'on vous demande: êtes-vous _la_ mariée? dites, je _la_ suis; c'est-à-dire, je suis _la_ mariée. Êtes-vous _les_ chasseurs du Roi? nous _les_ sommes. Êtes-vous chasseurs? nous _le_ sommes; c'est-à-dire, nous sommes ce que vous dites, nous sommes chasseurs; au lieu que si l'on répondoit à cette question, êtes-vous chasseurs? nous _les_ sommes; cela voudroit dire, nous sommes _les_ chasseurs, et cette réponse ne seroit pas conforme à la demande. Si le mot devant lequel se trouve l'article est adjectif, l'article est sans accord dans la réponse; s'il est employé comme substantif, l'article prend le genre et le nombre. _Laidron_. Fille ou femme laide. Ce mot est du genre féminin et de trois syllabes; dites, une _laideron_. J. J. Rousseau a fait cette faute dans ses confessions. _Laisser_. Je me suis _laissé dire_; dites, on m'a _appris_, ou on m'a _dit_. _Lait de carpe_. Cette partie des entrailles de poissons mâles, qui ressemble à du lait caillé; dites, _laite_ ou _laitance_, s. f.: cette _laitance_ n'est pas fraîche. _Lamperon_, pour _lampion_. Le _lamperon_ est le petit tuyau ou la languette qui tient la mêche dans la lampe. _Lancer_. Souffrir comme d'une piqûre; dites, _élancer_. Ce verbe, pris dans ce sens, ne s'emploie qu'à la troisieme personne. Ne dites pas non plus des _lancées_, mais des _élancements_. _Landes_. OEufs dont les poux éclosent; dites, _lentes_, s. f. Le mot _landes_ signifie une grande étendue de terre où croissent des bruyeres: les _landes_ de Bordeaux. _Larmise_. Dites, _lézard gris_. _Laurelle_. Plante dont les feuilles ont quelque ressemblance avec celles du laurier; dites, _lauréole_, s. f.: une belle _lauréole_. _Leur_, _leurs_. Ne dites jamais, je _leurs_ ai avoué. _Leur_ devant un verbe ne prend jamais d'_s_. Il en peut prendre seulement, quand il est pronom possessif: _leurs_ enfants; mais non quand il est pronom personnel. _Lichefrite_. Ustensile de cuisine, ordinairement de fer, et qui reçoit la graisse de la viande qu'on fait rôtir; dites, _léchefrite_, s. f.: petite _léchefrite_. _Lier les dents_. Dites, _agacer_. _Lissieu_. Dites, eau de _lessive_. _Loin_. Je suis allé chez mon ami pour le voir; il étoit déjà _loin_; pour dire qu'il étoit déjà parti. On peut être parti d'un lieu, sans en être _loin_. _Losange_. Figure de géométrie: un _losange_; dites, une _losange_, s. f. Cette terminaison indique ordinairement le masculin, excepté _fange_, _frange_, _fontange_, _orange_, _grange_, _louange_, _phalange_, _vendange_, _vidange_. _Louette_. Petit morceau de chair au fond de la bouche; dites, _luette_, s. f. _Luce_. Bois de _Sainte Luce_; dites, bois de _Sainte Lucie_ ou _Mahaleb_. _Lui_, _en_, _y_. En parlant des choses, on emploie le pronom _en_ au lieu de _lui_, et le pronom _y_ au lieu d'_à lui_. On ne dit pas, en parlant d'une maison, n'approchez pas d'_elle_; on dit, n'_en_ approchez pas; et en parlant des sciences: il s'_y_ est adonné et non il s'est adonné _à elles_. _L'un l'autre_. _L'un l'autre_ et _l'un et l'autre_ ne doivent pas s'employer indifféremment. _L'un l'autre_ marque réciprocité, ils se sont trompés _l'un l'autre_, c'est-à-dire mutuellement. Ils se sont dupés, ils se sont trompés _l'un et l'autre_, c'est-à-dire, ils se sont trompés tous les deux; mais non pas que l'un ait trompé l'_autre_. Ces nuances, pour être délicates et presque imperceptibles, ne doivent pas moins être senties de ceux qui aspirent à la parfaite connaissance de leur langue, d'autant plus que ces différences en font la richesse. _Luna campana_. Plante médicinale; dites, _enula campana_. _Luquerne_. Ouverture ou sorte de fenêtre pour donner du jour; dites, _lucarne_, s. f. M. _Machiller_. Mâcher avec négligence; dites, _mâchonner_, v. _Machillere_. Dents _machilleres_; dites, _mâchelieres_. _Mal de St-Jean_. Dites, _épilepsie_, s. f., ou _mal caduc_. _Maladier_. Dites, être _malade_; ne dites pas, elle est _maladice_, mais _maladive_; les adjectifs en _if_, changent l'_f_ en _v_ au féminin. _Mâle_. Mettre des marchandises dans une _mâle_. Écrivez _malle_, et prononcez l'_a_ bref et aigu, à cause de la double consonne. _Malgré que_. J'y irai, _malgré qu_'il y soit; cette locution n'est pas françoise. _Malgré_ ne se construit qu'avec le verbe _avoir_: _malgré qu_'il en ait. Quand je dis, _malgré que_ vous en eussiez, c'est comme si je disois, _quelque_ mauvais gré _que_ vous en eussiez; par-tout ailleurs il est préposition. _Malin_, _maline_. Fievre _maline_; dites, _maligne_, adj. _Maltois_. Faut-il dire _Maltès_ ou _Maltois_? l'usage a prévalu en faveur du son de l'_e_ ouvert, comme dans _Anglois_, _Polonois_. Il faut observer que la diphthongue _oi_ a deux sons: celui de l'_e_ ouvert, ainsi que dans _François_, _j'aimois_, et le son _oa_, comme dans _loi_, _foi_, _Chinois_. Voltaire a introduit une nouvelle orthographe à cet égard. Il a remplacé l'_oi_ par l'_ai_; mais cette réforme est vicieuse, en ce que l'_ai_ a plusieurs sons, et en a plus que l'_oi_. Il a le son fermé dans les futurs _j'aimerai_, dans les passés _j'aimai_; le son de l'_e_ moyen dans il _plait_; le son de l'_e_ muet dans _bienfaisant_; et le son de l'_e_ ouvert dans _jamais_, _mais_. Pour faire une réforme complette, il falloit remplacer _oi_ par l'_e_ marqué d'un accent grave, comme dans _succès_, _procès_. L'orthographe seroit alors conforme au son; avantage que n'offre pas l'orthographe de Voltaire. _Mandrille_. Espece de casaque que portoient autrefois les laquais; dites, _mandille_, s. f.: traîner la _mandille_, c'est-à-dire, être misérable. _Manette_, _manillon_. La partie d'un vase ou d'un instrument que l'on prend à la main; dites, _anse_, s. f. _Manette_ signifioit autrefois _main pleine_. _Manillon_ se dit mal à propos d'un _trousseau_ de clefs. _Manicle_. Morceau de cuir que les cordonniers mettent à leur main, pour qu'elle puisse résister au travail; dites, _manique_, s. f. _Maniganterie_. Maison où se tiennent les enfans de choeur; dites, _manécanterie_, s. f. formé de deux mots latins _mane_ et _cantare_. _Marais_. Poisson de mer. La plupart des Lyonnois prononcent l'_e_ fermé du mot _marée_ en _e_ ouvert, et ils écrivent _marais_. _Maraude_. Pillage clandestin des soldats. Ne dites pas, aller _à maraude_; mais, aller _en maraude_. _Marc de café_. Ne prononcez pas le _c_, ni dans _poids de marc_; mais on le fait entendre dans _Marc_, nom propre. _Marchon_. Piece de bois sur laquelle on met des tonneaux; dites, _chantier_, s. m.: Avoir du vin sur _chantier_. _Margotte_. Branche qu'on met en terre, afin qu'elle y prenne racine; dites, _marcotte_, s. f.: _marcotte_ d'oeillets. On dit aussi _marcotter_, pour exprimer l'action de coucher en terre des branches de vignes ou d'autres rejetons, et non pas _margotter_. Il est vrai que le _c_ se prononce foiblement et presque comme un _g_. _Marte_. Espece de fourrure; dites, _martre_: _martre_-zibeline. _Martelet_. Espece d'hirondelle; dites, _martinet_, s. m. _Matinal_. Le _matinal_; dites, _le vent d'est_. _Matinier_. Dites, _matineux_. Ce mot signifie proprement, qui est dans l'habitude de se lever matin. _Matinier_ n'est d'usage que dans cette phrase: l'étoile _matiniere_. On dit aussi _matinal_; mais ce mot n'exprime que l'idée d'une personne qui s'est levée matin: cette personne est _matineuse_; Monsieur est _matinal_ aujourd'hui. _Mècredi_. Troisieme jour de la semaine; dites, _mercredi_. _Médecinal_. Plante _médecinale_; dites, _médicinale_; formé non de _médecin_, mais de _medicina_. _Melise_. Plante dont on se sert pour les affections de la matrice. Il faut mettre un accent aigu sur le premier _e_, et doubler l'_s_; dites donc _mélisse_, s. f. _Mélise_. Petite cerise; dites, _merise_. _Même_. Adjectif, prend toujours le nombre de son substantif. Voltaire a donc eu raison de relever un solécisme dans ce vers de Corneille: Que les prisonniers _même_ avec lui conjurés. Il faudroit _même_ avec un _s_, parce qu'il est adjectif de prisonniers. Mais Voltaire est tombé dans la faute qu'il condamne, lorsqu'il a dit: Commandons aux coeurs _même_ et forçons les esprits. Mais lorsque _même_ est adverbe, il ne prend jamais d'_s_. Racine a cependant commis cette erreur. Jusqu'ici la fortune, et la victoire _mêmes_, Cachoient mes cheveux blancs sous trente diadêmes. Il faut _même_ sans _s_, parce qu'il est adverbe; c'est comme s'il y avoit, et la victoire _aussi_. _Menue_. Petites herbes de la salade; dites, _fournitures_, s. f. _Menue_ est un adjectif. _Messelier_. Celui qui garde les récoltes; dites, _messier_, s. m. _Messi_. Expression de remercîment; dites, _merci_: _merci_, Monsieur. _Midi_. Il est _midi_ précise. Cette expression renferme un solécisme. Le mot _midi_ est masculin; dites, il est _midi_ précis. _Mieux_. Il a _mieux_ de cent mille livres de rentes. Jamais l'adverbe _mieux_ ne s'emploie pour _plus_; dites donc, il a _plus_ de cent mille livres de rentes. _Mieux_ exprime la manière, et _plus_ la quantité; ne dites pas: il aime _mieux_ sa fille que son fils; mais dites: il aime _plus_. _Mignotise_. Espece de petit oeillet; dites, _mignardise_, s. f. _Mite_. Gants de femme qui n'ont que le pouce; dites, _mitaines_, s. f.: il m'a donné de jolies _mitaines_. _Moeurs_. Ne prononcez pas l'_s_, à moins que ce mot qui n'a point de singulier, ne soit suivi d'un autre qui commence par une voyelle. _Moi_. Ce pronom de la premiere personne, et les autres, occasionnent des erreurs dans la place qu'on leur fait occuper: donnez-_moi_-le, donnez-_lui_-le, sont des fautes communes; il faut savoir, pour les éviter, que le régime direct exprimé par _le_, _la_, _les_, etc., se place toujours avant le régime indirect; dites, donnez-le-_moi_; donnez-le-_lui_. On tombe encore dans une faute à l'égard du pronom personnel; on dit, menez-m'_y_, pour dire, menez-y-_moi_, ou mieux, il faut m'_y_ mener, et jamais, menez-_moi-zy_. _Venez-moi voir_ est encore une expression très-usitée, et qui n'est pas correcte. Quand ce pronom régime est avant le verbe, il faut employer _me_ au lieu de _moi_; dites, venez _me_ voir; venez _me_ parler, et non pas venez-_moi_ parler. _Moine_. Jouet d'enfant, qu'on fait tourner à coups de fouet; dites, _sabot_, s. m.: faire aller son _sabot_. _Monter_. Il a _monté_; dites, il _est monté_; ces deux expressions sont exactes, mais ne se disent pas indifféremment. Le verbe _avoir_ marque l'action, et le verbe _être_ l'existence ou le repos; si donc vous voulez n'avoir égard qu'à l'état, sans considérer l'action du sujet qui l'a faite, dites, il _est monté_. Dans ces deux questions: la procession _est_-elle passée? la procession _a_-t-elle passé? la seconde differe de l'autre, en ce que, dans la premiere, je ne fais attention qu'à l'action, qui a pu être faite ou non: _a_-t-elle passé aujourd'hui? et non, _est_-elle passée aujourd'hui? _Monticule_. Ce mot est masculin, ainsi que _mont_, dont il est le diminutif; dites, _un monticule_, s. m. _Mordure_. Dites, _morsure_, s. f. _Mornains_. Sorte de raisins qui ont les graines rondes, et ordinairement claires; dites, _chasselas_, s. m.: j'aime le _chasselas_. _Morte_. Endroit d'une riviere où l'eau tourne; dites, _tournant d'eau_. On dit _morte_, pour _cessation de travail_; le mot _morte_ n'est pas françois dans ce sens. _Moucher_. Je _mouche_ beaucoup; dites, je me _mouche_ beaucoup, en redoublant le pronom de la premiere personne. Ce verbe exprimant une action, il faut faire connoître sur qui elle se fait: je _mouche_ la chandelle. _Mouchon_. Le bout de la mèche d'une chandelle allumée; dites, _moucheron_, s. m.; et _mouchure_, pour désigner ce qu'on a retranché d'une chandelle qu'on a mouchée. _Moudre_. Je _moulus_, je _moulois_, j'ai _moulu_, je _moudrai_, que je _moule_, que je _moulusse_. _Moule_. Jeter au _moule_; cette expression n'est pas correcte; dites, jeter en _moule_. _Mourve_, _mourveux_. Dites, _morve_, _morveux_. _Moutardelle_. Gros saucisson qui vient d'Italie; dites, _mortadelle_, s. f. _Moyennant que_, n'est pas françois: j'y irai _moyennant que_ vous y soyez; dites, _pourvu que_. N. _Nerte_. Sorte d'arbrisseau toujours verd, dont les feuilles sont menues; dites, _myrte_, s. m. Le _myrte_ étoit consacré à Vénus. _Nerte_ signifioit autrefois, _noirceur_, _noirâtre_. _Neuf_. Nom de nombre. Suivi d'un mot qui commence par une voyelle, l'_f_ finale se change en _v_ dans la prononciation: _neuf_ enfants; prononcez, _neuv_ enfants. _Niguedouille_. Sot, niais: vous êtes un _niguedouille_; dites, _nigaud_, d'où l'on a formé le verbe _nigauder_, action de faire des _nigauderies_. _Nioche_. Cette fille est _nioche_; dites, _lâche_ ou _nonchalante_. _Nogat_. Espece de gâteau où l'on met des amandes; dites, _nougat_, s. m. _Nonante_, _nonanter_. Faire quatre-vingt-dix au piquet; dites, faire _repic_; et au lieu de _soixanter_, dites, faire _pic_. _Nourriceux_. Mari d'une nourrice; dites, _nourricier_, s. m. _Nourrissage_ d'un enfant; dites, _allaitement_. _Nouveau_. Savez-vous quelque _nouveau_? dites, _nouvelle_, qui est substantif dans ce sens, au lieu que l'autre est toujours pris adjectivement. O. _Observer_. _J'observe_ à la cour. Ce mot signifie _remarquer_; on ne _remarque_ pas à quelqu'un, on lui fait _remarquer_; dites donc, je _fais observer_ à la cour; je vous _ferai observer_, et non pas, je _vous observerai_; à moins qu'on ne veuille dire, je vous _épierai_, je vous _soignerai_. Cette faute est d'autant plus à remarquer, que nos meilleurs auteurs ne s'en sont pas garantis. _Occasion_. Avez-vous _occasion_ de cette marchandise? Cette locution est vicieuse: on peut bien acheter telle marchandise par _occasion_, mais on n'a pas _occasion_ d'une chose, on en a _besoin_. _Oignon_. Ne prononcez pas l'_i_, le _g_ est mouillé. Ne dites pas, une _liasse_ d'_oignons_, mais un _chapelet d'oignons_, ou plutôt, _une glane d'oignons_. _On_. Le pronom indéfini _on_ ne se met pas toujours indifféremment pour _l'on_. Il faut se servir de _on_ quand il n'y a point de voyelles qui se heurtent rudement, et autrement mettez _l'on_: _on_ se souvient des services qu'_on_ a rendus, et _l'on_ oublie souvent ceux que _l'on_ a reçus. Mais la poésie, en vertu de ses licences, emploie l'un et l'autre indifféremment. _Ongle_. Partie dure et ferme qui couvre le dessus du bout des doigts: de grandes _ongles_. Ce substantif est toujours masculin; dites donc, de grands _ongles_, des _ongles_ longs. _Onglet_. Ce qui garantit le doigt; dites, _doigtier_, s. m. _Oragan_. Grand orage, tempête violente; dites, _ouragan_, s. m.: un grand _ouragan_. _Oratoires_. Il y avoit à Lyon une communauté de prêtres qu'on nommoit _Oratoriens_, et la place où étoit située leur église, s'appelloit et s'appelle encore, place de l'_Oratoire_, ou place des _Oratoriens_, et non place des _Oratoires_. _Orge_. Ce mot est féminin, excepté dans cette phrase: de l'_orge_ mondé. _Orgues_. Instrument. Ce mot est masculin au singulier, et féminin au pluriel; vous direz donc, un bel _orgue_, et de belles _orgues_. _Oubli_. Pâte légere en forme spirale: marchand d'_oublis_, dites, _oublies_, s. f.: de bonnes _oublies_. _Ouiller_. Ce mot manque à notre langue. On dit, _remplir_ les tonneaux, vin de _remplage_; c'est-à-dire, le vin qui sert à remplir le vide des tonneaux. _Oursin_. Petit ours; dites, _ourson_, s. m. _Ouvrier_. Jour _ouvrier_; l'ouvrier est celui qui travaille, qui fait son métier, son oeuvre; dites, jour _ouvrable_, en parlant du jour consacré au travail. P. _Pache_. Faire une _pache_, pour dire, un _marché_, une _convention_. _Paillasse_. Ouvrage d'osier dans lequel on met le pain pour le porter au four; dites, _panier à pain_. On ne doit pas se servir du mot _paillasse_, pour exprimer la toile du lit, dans laquelle on met la paille; cela s'appelle, _garde-paille_, s. m. _Pain enchanté_. Dites, _pain à cacheter_. On nomme _pain à chanter_, le pain que le prêtre consacre à l'autel. De là est venu ce mot, qu'on a corrompu. _Paire_. Une chose unique, composée de deux pieces. Ne dites pas, _un paire_; ce mot est féminin; dites, _une paire_. _Paniere_. Ouvrage de maçonnerie sur lequel repose l'âtre; dites, _ceintre_ de la cheminée. _Panneau_. Piece de bois qui se met en travers au-dessus d'une porte ou d'une fenêtre; dites, _linteau_, s. m.: le _linteau_ de la porte est cassé. _Pantomine_. Sorte de ballet ou d'acteurs qui s'expriment par des gestes; dites, _pantomime_, s. m. en parlant de l'acteur, et féminin en parlant de la danse. Ce nom est formé de deux mots grecs, _pantos_, tout, et _mimos_, imitateur. C'est un adjectif pris ordinairement en qualité de substantif: un acteur _pantomime_, une danse _pantomime_. _Pâque_. Ce mot est féminin quand il signifie la fête des Juifs (_la Pâque_), et masculin quand il exprime celle des chrétiens; alors, il prend ordinairement un _s_, et n'admet point d'article: _Pâques_ est venu; et au pluriel, il est toujours féminin: _Pâques fleuries_. _Par terre_. Mettre _par terre_; dites, mettre _à terre_. Ne confondez pas tomber _par terre_, et tomber _à terre_: ce qui tombe _par terre_, tient à la terre, et ce qui tombe _à terre_, n'y tient pas. _Parapel_. Muraille à hauteur d'appui le long d'un quai; dites, _parapet_. _Parasine_. Dites, _poix résine_. _Pardonnable_. Cette personne n'est pas _pardonnable_; dites, _excusable_. Le premier ne se dit que des choses. _Pardonner_. _Pardonner_ quelqu'un. Le mot _pardonner_ signifie donner le pardon; on donne le pardon à quelqu'un; dites donc, je _pardonne à_ mon ennemi, et non pas, je _pardonne_ mon ennemi. _Paresol_. Dites, _parasol_; ne dites pas non plus, _parepluie_, _parevent_; mais _parapluie_, _paravent_. _Pariure_, _gageure_. Dites, _pari_: faire un _pari_, ou une promesse réciproque de payer. _Participe_. Le _participe_ passé est un écueil pour beaucoup de personnes, et même pour quelques écrivains. Dans cet exemple, Pauvre Didon, où t'a _réduite_ De tes maris le triste sort? L'un en mourant cause ta fuite, L'autre en fuyant cause ta mort. Faut-il dire, t'a _réduit_ ou _réduite_? Voici la regle: si le _participe_ est précédé d'un pronom régi à l'accusatif, ce _participe_ prend le genre et le nombre du pronom. Ainsi, dans le cas dont il s'agit, je vois que le pronom _la_ est régime de l'auxiliaire placé devant le _participe_; il faut donc accorder ce dernier mot avec le pronom féminin, et dire _réduite_. De même, lorsqu'on dit, elle s'est _tuée_, _le_ est régime direct ou accusatif de l'auxiliaire; c'est comme si l'on disoit, elle a _tué_ elle. Si au contraire le _participe_ n'a point devant lui de pronom à l'accusatif, ou qui soit régime direct, vous ne les ferez point accorder; ainsi, vous direz: je vous ai _ouvert_ les portes; je vous ai _écrit_ des lettres; au lieu que vous diriez, s'il y avoit un pronom régime direct: les portes que j'ai _ouvertes_, les lettres que j'ai _écrites_. Si le pronom est regi par le verbe qui suit le _participe_, il n'y a point d'accord: la maison que j'ai _fait_ faire. Le pronom _que_ est régi par le verbe _faire_, et non pas par le _participe_. Mais quelle est la raison qui détermine l'accord lorsque l'objet est avant, et le rejette lorsque l'objet est après le _participe_? La voici: quand l'objet est énoncé avant, on connoît le genre et le nombre du nom représenté par le pronom _objet_, et on assujettit le participe à prendre les accidents de cet objet; mais si le _participe_ précede cet objet, il ne s'accorde pas avec un mot dont il ne connoît ni le genre ni le nombre. _Participer à_; _participer de_. Deux expressions différentes, et que l'on confond souvent. La premiere signifie, prendre sa part dans une chose: un associé dans une affaire, _participe aux_ profits et _aux_ pertes. _Participer de_, signifie tenir de la nature _de_; ainsi, on dit, qu'un minéral _participe du_ vitriol; que le mulet _participe de_ l'âne et du cheval. En conséquence, ne dites pas, comme certain auteur critique: «Le style de ce discours devoit naturellement _participer au_ vice du sujet»; dites, devoit _participer du_ vice. _Passer_. _Passer_ du linge; dites, _repasser_. _Patat_. Ancienne monnoie; dites, _patard_, s. m. _Pâté_. Mélange de pain et de viande pour les animaux. Ce substantif est du genre féminin; dites, donner la _pâtée_. _Pâté_ est un mêts que fait le pâtissier. Ce dernier est masculin. _Patis_. Le _patis_ d'une poule; dites, le _jabot_. _Patte_. _Patte_ à briquet, _patte_ mouillée. Ce mot ne se prend plus dans ce sens; il signifie le pied d'un animal: _patte_ de devant; animal à quatre _pattes_. _Chiffon_, s. m., _mauvais linge_, sont les seuls mots qui peuvent exprimer la premiere idée. On trouve cependant dans des auteurs du quinzieme et du seixieme siecles, et notamment dans Françoise Labbé, _patte_ mouillée; ce qui prouve que ce terme a été long-temps en usage, même parmi les écrivains. _Patte_ mouillée est devenue une expression proverbiale; mais à Lyon, la premiere dénomination a prévalu. _Pége_. Matiere gluante et noire; dites, _poix_. _Pêcherie_. Lieu où l'on vend le poisson; dites, _poissonnerie_. La _pêcherie_ est l'endroit où se fait la pêche. _Pelosse_. Fruit d'un arbre qui croît dans les buissons; dites, _prunelle_, s. f., et appelez l'arbre, _prunelier_. _Pendule_. Signifiant poids d'une pendule, est masculin; et signifiant horloge, il est du genre féminin: on a ôté le _pendule_ de cette _pendule_. _Penser_. Représenter quelques images à son esprit. Le peuple fait souvent de ce verbe, un verbe passif, en disant, _je me suis pensé_, pour _j'ai pensé_. Je me suis _pansé_, écrit avec un _a_, signifie qu'on a levé l'appareil d'une plaie, ou qu'on y a appliqué les choses nécessaires. C'est dans ce dernier sens qu'un Roi de France fit une excellente réplique à un de ses sujets qui faisoit de fréquens voyages en Angleterre: Qu'allez-vous faire si souvent dans ce pays, lui demanda le Monarque? Apprendre à _penser_, répondit le sujet: les chevaux? répliqua Louis XV. _Percerette_. Outil de fer propre à percer; dites, _vrille_, s. f.: cette _vrille_ est trop petite. _Perdrigone_. Sorte de prune; dites, _perdrigon_, s. m.: _perdrigon_ blanc. _Pereroux_. Artisan qui fait et vend des chaudrons et autres ustensiles de cuisine; dites, _chaudronnier_, s. m.: il est bon _chaudronnier_. Ce mot vient de _pérole_, usité encore en Languedoc, pour exprimer un _chaudron_; on disoit autrefois, _perrolier_, marchand de chaudrons. Il y a à Lyon une rue qu'on appelle de la _Pérollerie_, sans doute, parce qu'on y vend des ustensiles de cuisine, qu'on nommait autrefois _pérolleries_. _Pesanter_. Soutenir un poids pour juger ce qu'il pese; dites, _soupeser_: _soupesez_ cela. _Pétriere_. Grand coffre de bois dont on se sert pour pétrir le pain; dites, _pétrin_, s. m.: il y a assez de farine dans le _pétrin_. _Picarlat_. Petit faisceau de morceaux de bois liés par les deux bouts; dites, _cotrets_, s. m.: achetez une charge de _cotrets_. _Picou_ de cerise; dites, _tige_ ou _queue_. _Pichon_. Petit chien; dites, _bichon_, et au féminin, _bichonne_. _Pidance_ ou _pitance_. Le premier de ces mots n'est pas françois; et le dernier est pris dans une fausse acception; c'est-à-dire, qu'on en restreint la signification aux mêts, tandis qu'il exprime la portion de pain, de vin et de viande, qu'on donne à chaque repas dans une communauté: double _pitance_, s. f. Quelques étymologistes prétendent que ce mot vient de _pitacium_, tablette enduite de poix ou de cire. Dans l'Hôtel-dieu, personne ne recevoit sa portion de pain ou de viande, sans être inscrit sur le catalogue de la maison. _Pigeon patou_. Oiseau domestique; dites, _pigeon pattu_: une paire de _pigeons pattus_. Je crois que ce mot _pattus_ vient de _patulus_, épais; parce qu'en effet ces sortes de pigeons ont les pattes plus larges et plus épaisses que les autres. _Pigrieche_. Pie criarde, et au figuré, une femme d'une humeur aigre et querelleuse; dites, _pie-grieche_, s. f. _Pilliet_. Piece de toile qu'on met aux enfants, en guise de serviette; dites, _bavette_, s. f.: cet enfant est à la _bavette_. _Pillocher_. Manger négligemment; dites, _pignocher_, v. _Pince_. Instrument de fer pour arranger le feu; dites, _pincettes_, s. f. pl. La pince est un pli fait au linge. C'est encore une espèce de tenaille. _Pincer_. _Pincer_ de la harpe: _pincer_ la harpe me sembleroit plus exact; c'est, peut-être, par ellipse qu'on dit, _pincer_ de la harpe, comme on dit _toucher_ du clavecin, au lieu de, _pincer_ les cordes de la harpe, _toucher_ les touches du clavecin. _Pine-vinette_. Arbrisseau garni de piquants; dites, _épine-vinette_, s. f. _Pipi_. Petite peau blanche, qui vient quelquefois au bout de la langue des oiseaux, et qui les empêche de boire; dites, _pepie_, s. f. On dit familierement qu'un homme a la _pepie_, pour dire qu'il a soif. _Pitrogner_. Écraser et broyer; dites, _patrouiller_, v. _Platte_. Bateau où l'on lave; dites, _bateau de lessive_: la lavandiere est déjà revenue du _bateau de lessive_. C'est une dénomination locale qui signifie un _bateau_ plat, où l'on se tient pour laver; cette usine ayant une destination particuliere, il faut un terme particulier aussi; mais ce mot n'est consacré dans aucun dictionnaire. _Plie_. Dites, _une levée_, une _main de cartes_. On dit souvent au piquet: j'ai _six plies_; dites, six _levées_, s. f. _Plotte_. Petit coussinet pour ficher des épingles; dites, _pelote_, s. f. un _peloton_, s. m.: rendez-moi ma _pelotte_, ou mon _peloton_. _Plus_; _plus pire_. Cet adjectif n'admet jamais le comparatif _plus_. _Pire_ est lui-même le comparatif de mauvais: il n'est _pire_ eau que l'eau qui dort. On ne dit pas non plus: Il est _plus bon_ qu'un autre. _Pluvigner_. Il _pluvigne_, il tombe une pluie fine. Ce mot n'est pas françois; dites, _il pleut_, ou servez-vous d'une périphrase, comme dans l'explication. _Poche_. Mettez votre mouchoir _à votre poche_; dites, _dans votre poche_. _Pochon_. Dites, _tache d'encre_ ou _pâté_. On a fait _pochon_ du verbe _pocher_. _Pocher_ un oeil. _Pocher_, en terme d'écriture, signifie _barbouiller_. _Pois gourmands_. Dites, _pois goulus_. _Pontonier_. Celui qui conduit une barque et qui traverse les personnes; dites, _passeur_, s. m. Le _pontonier_ est celui qui perçoit les droits de _pontonage_; mais, pour l'ordinaire, le _passeur_ est aussi le _pontonier_. _Portable_. Cet habit n'est plus _portable_; dites, cet habit n'est plus _mettable_. _Portant_. Ne dites pas, il est bien _portant_; dites, il se _porte_ bien. Voltaire trouvoit ridicule notre expression, il se _porte_ bien, pour dire, il jouit d'une _parfaite_ santé; mais on ajoute au ridicule, en disant, il est bien _portant_. Ce verbe étant actif, il veut un régime; sans quoi, on pourroit demander: _portant_ quoi? il faut donc le conjuguer avec deux pronoms personnels. Cette expression cependant est reçue généralement. _Portion_. Breuvage. _Portion_ cordiale; dites, _potion_, s. f.: _potion_ calmante. _Postume_. Enflure avec putréfaction; dites, _apostême_. _Potet_. Petit vaisseau où l'on met la mangeaille des oiseaux; dites, _auget_, s. m., diminutif de _auge_. _Poture_. Mettre un cheval en _poture_, pour dire, mettre un cheval saisi, dans une écurie, aux dépens du propriétaire; dites, mettre un cheval en _fourriere_. _Poturon_. Espece de citrouille; dites, _potiron_, s. m. _Poule grasse_. Herbe bonne à la salade; dites, _mâche_, s. f.: de la _mâche_ ou salade de _chanoine_. _Poumonie_. Maladie des poumons; dites, _pulmonie_, s. f. On appelle _pulmonique_ celui dont les poumons sont attaqués, et non _poumonique_. _Pourpe_; _pourpeux_. Ce fruit n'a point de _pourpe_, c'est-à-dire, de parties charnues; dites, _poulpe_, s. f., _poulpeux_: poisson _poulpeux_, qui a de la _poulpe_. _Pourreau_. Plante potagere, d'un goût fort, et qui est d'un grand usage pour la soupe; dites, _poireau_ ou _porreau_, s. m.; achetez des _porreaux_. _Poutre_. Grosse piece de bois, qui sert à former les planchers, ou plutôt à les soutenir. Ce substantif est féminin; dites, une grosse _poutre_. _Près_, _prêt_. Elle est _prête_ à accoucher. Cette expression n'est pas correcte et rend mal la pensée. Il faut distinguer l'adjectif _prêt_, de la préposition _près_. Le premier de ces mots signifie _préparé_, _disposé_, et demande après lui la préposition _à_: il est _prêt à_ partir. Le second marque l'approche: elle est _près d_'accoucher. Celui qui est _près de_ mourir, n'est pas toujours _prêt à_ mourir. Cette faute se trouve souvent dans les vers de Racine, et quelquefois dans les oeuvres de J. J. Rousseau. _Presson_. Barre de fer; dites, _pince_ ou _lévier_. _Preuve_. Rejeton d'un cep de vigne, mis en terre pour prendre racine; dites, _provin_, d'où l'on a formé le verbe _provigner_. _Prévalue_. J'ai été contraint de payer cent louis, pour la _prévalue_ de mes fonds; dites, pour la _plus-value_. _Prévenir_. Cela _prévient_ de telle cause; dites, cela _provient_. Le mot _prévenir_ signifie, aller _au devant_; et le mot _provenir_, veut dire qui _vient de_, qui _dérive de_: la bonté _provient_ quelquefois du bonheur. _Prie-Dieu_. Se mettre à genoux sur un _prie-Dieu_: dites, _prié-Dieu_, s. m. _Profiter_ une chose. Je _profiterai_ bien cette étoffe: on _profite_ d'une chose, on en tire bon _parti_, mais on ne _profite_ pas une chose. _Promener_. Je _promene_ beaucoup. Il faut conjuguer ce verbe, avec deux pronoms personnels, à moins que le sujet ne soit différent de l'objet, ou le nominatif de son régime: _je me promene_, _tu te promenes_, _il se promene_, etc. _Prorata_. Être taxé _à prorata_ de sa fortune; dites, _au prorata_, c'est-à-dire, _à proportion_, _à raison_, etc. _Puer_. Se conjugue ainsi à l'indicatif présent, _je pus_, _tu pus_, _il put_, et non, _je pue_. _Purésie_. Douleur de côté, piquante et très-violente, causée par l'inflammation de la plevre; dites, _pleurésie_, s. f.: il a une _pleurésie_. Q. _Quadrupler_, v. Qui vaut quatre. Il faut prononcer ce mot ainsi: _quoadrupler_; _quadrupler_ ses rentes. Il faut prononcer de même, _quadruple_, _quadrupede_, _quadrature_, etc. _Quand_. Il est arrivé _quand_ vous; dites, il est arrivé _en même temps_ que vous. Le mot _quand_, pris en qualité d'adverbe, signifie, _en quel temps_; mais il ne veut jamais dire, _en même temps_. _Quelqu'un_. _Un quelqu'un_ m'a dit que la paix alloit se conclure. Le mot _quelqu'un_ ne doit pas prendre le pronom indéfini _un_ devant lui; dites simplement, _quelqu'un_ m'a dit. _Quérelle_. Contestation. L'_e_ de la premiere syllabe est muet; dites, _querelle_, s. f.: une _querelle_. _Quereller_. _Quina_. Dites, _quinquina_, s. m. Le _quinquina_ est un tonique. _Quincher_. Crier d'un ton aigre. Nous n'avons point de verbe qui exprime cette maniere de crier. R. _Rabilleur_. Celui qui fait profession de remettre les os rompus ou disloqués; dites, _bailleul_ ou _renoueur_, s. m.: le _bailleul_ lui a remis le bras. Ce mot vient de _r'habiller_, _remettre_ les habits, les _raccommoder_. _Rablet_; _rablé_. Homme _rablet_, c'est-à-dire, homme fort et robuste, qui a le rable épais; dites, _rablu_, adj.: un homme _rablu_. _Rache-pied_. J'ai travaillé six heures de _rache-pied_, c'est-à-dire, sans relâche; dites, d'_arrache-pied_, expression adverbiale. _Racle-fourneau_. Celui qui fait le métier de ramoner les cheminées; dites, _ramoneur_, s. m.: Faites venir le _ramoneur_. _Radée_. Grosse pluie survenue tout-à-coup; dites, _averse_, s. f. Nous étions au chemin au fort de l'_averse_. _Radice_. Sorte de gâteau que font les pâtissiers; dites, _brioche_, s. f.; voilà une bonne _brioche_. _Raffouler_ et _raffoler_. Gronder, se fâcher. Le premier de ces mots n'est pas françois; le second n'exprime point l'idée qu'on y attache. _Raffoler_, signifie se prendre de passion pour quelqu'un ou pour quelque chose: il s'est pris de passion pour cet ouvrage, il en _raffole_ continuellement. _Rafroidir_. Le dîné se _rafroidit_; dites, _refroidit_, en faisant l'_e_ muet. _Raillé_. Il se dit des étoffes, dont le tissu est relâché, ou effilé; dites, _éraillé_, adj.: mon jupon est tout _éraillé_. _Ramoulade_. Espece de sauce piquante; dites, _rémolade_, s. f.: cette _rémolade_ est bien faite. _Ranche_. Sur la même _ranche_; dites, sur la même _ligne_ ou _rangée_. _Rancuneur_. Qui garde de la _rancune_; dites, _rancunier_, adj: cet homme est bien _rancunier_. _Ranger_. Il y a une différence à faire entre _ranger_ et _arranger_. On _range_ pour mettre de l'ordre, et on _arrange_, pour donner de l'agrément. Ne dites pas, cette femme a ses cheveux et son bonnet bien _rangés_, mais bien _arrangés_: ses robes sont bien _rangées_, c'est-à-dire, _serrées_ dans une armoire. On _arrange_ un appartement, pour s'y loger commodément; on le _range_ pour qu'il n'y ait point de confusion dans les meubles. On _arrange_ une bibliothèque, pour la mettre en état de recevoir les livres qu'on doit y placer; et on y _range_ les livres, dans l'ordre qu'ils doivent avoir, pour qu'on les trouve facilement. Il ne faut pas s'étonner qu'on ait confondu le mot _ranger_, qui signifie _ordre_, avec le mot _arranger_, qui porte l'idée d'agrément et de commodité; il n'y a point d'agrément ni de commodité, sans _ordre_. _Rappeler_. Je ne _m'en rappelle_ pas. Il y a un solécisme dans cette phrase: on se _rappelle_ quelqu'un, quelque chose, et non pas, de quelqu'un, de quelque chose. Ce verbe est actif, comme _appeler_ dont il est le duplicatif; dites donc, je me le _rappelle_, ou je m'en _souviens_. _Rapport_. Ne dites pas, _par rapport que_, mais _par rapport à ce que_. _Rase_. Il a mis le pied dans la _rase_; dites, _ruisseau_, s. m.: il a mis le pied dans le _ruisseau_. _Rassie_. Une miche _rassie_; une femme _rassie_; une humeur _rassie_. Le mot _rassis_, est le participe passé du verbe _rasseoir_, et ce participe fait _rassise_ au féminin, comme _assis_ fait _assise_: une miche _rassise_, une femme _assise_. Un poète a dit: Qu'un honnête homme une fois en sa vie Fasse un Sonnet, une Ode, une Élégie, Je le crois bien; Mais que l'on ait la tête bien _rassise_, Quand on en fait métier et marchandise, Je n'en crois rien. _Rate-volage_. Espece d'oiseau nocturne, qui a des ailes membraneuses, et qui ressemble à une souris; dites, _chauve-souris_, s. f. _Rave_. _Petite rave_, espece de racine; dites, _raifort_, s. m. _Rayon_. Planche qu'on met dans un buffet ou une armoire, contre un mur, pour y entreposer quelque chose; dites, _tablette_: les _tablettes_ d'une armoire, d'une bibliothèque, et non pas _les rayons_. Les Suisses appellent ces _tablettes_, des _tablards_. Remarquez que le mot _rayon_ doit se prononcer comme si l'_a_ étoit un _e_, parce que l'_y_ tient la place de deux _i_. _Rebiffade_. Brusquerie; maniere de rebuter; dites, _rebuffade_, s. f.: j'ai essuyé plusieurs _rebuffades_ de sa part. _Rebiffer_. Il se _rebiffe_ contre son maître; dites, il se _rebeque_, v. _Rebrouer_. Repousser avec rudesse et mépris; dites, _rabrouer_, v.: je l'ai _rabroué_ de la belle maniere. _Recolte_. Dites, _récolte_, en mettant et prononçant l'_e_ fermé. _Recouvrir_. Il a _recouvert_ son bien et sa santé; dites, _recouvrer_, _recouvré_. _Recouvrir_, c'est _couvrir_ une seconde fois; _recouvrer_, c'est _récupérer_, _retrouver_, _ravoir_. _Redonder_. Un son qui _redonde_, un son _redondant_. _Redonder_, signifie, être _superflu_, être _surabondant_; un son _résonne_; un lieu, une grotte, une voûte, _retentit_ du son qui la frappe. _Redouble_. Avoir la fiévre avec des _redoubles_; dites, _redoublemens_, s. m. _Refoin_. L'herbe qui repousse après que les prés ont été fauchés; dites, _regain_, s. m. _Règle_. On prononce le premier _e_ de ce mot fort ouvert, en le marquant d'un accent grave. Cette prononciation est vicieuse; cet _e_ est moyen, et rejete, par conséquent, tout signe orthographique: j'en dis autant des mots, il _achève_, il _soulève_; il faut leur donner le son du premier _e_ de _pere_, _mere_. _Regle_, _souleve_, _acheve_, changent la prononciation qu'ils ont à l'infinitif, à cause de l'_e_ muet final. _Regnicole_. On prononçoit autrefois fortement le _gn_, comme dans _ignée_, _stagnation_, _inexpugnable_, _gnome_; on prononce aujourd'hui, comme dans _regne_. _Regret_. _Faire regret_; cela fait _regret_; c'est une phrase insignifiante. On a du _regret_, on cause _du regret_; mais on ne fait pas _regret_. Par cette derniere expression, on veut faire entendre que cela _répugne_, que cela _fait mal au coeur_. _Reguelisse_. Faire de la tisanne avec du _reguelisse_; dites et écrivez, _de la réglisse_. Ce mot est féminin et n'a que trois syllabes. _Reguingotte_. Espece de casaque plus large et plus longue qu'un habit, pour se garantir de la pluie; dites, _redingotte_, s. f.: Prêtez-moi une _redingotte_. _Reins_. Des _reins_ fortes, dites, des _reins_ forts. Ce nom est masculin et toujours pluriel. _Releveuse_; _releverie_. Dites, _sage-femme_. _Remarquer_. _Je vous remarquerai_; dites, je vous ferai _remarquer_. Voyez, _observer_. _Remise_. Sorte de voiture; dites, un _remise_, s. m.: un _remise_ vaut mieux qu'un fiacre: la _remise_ est l'endroit où l'on met le _remise_. _Remonder_. Dites, _émonder_. _Remorier_. Se ressouvenir; dites, _remémorer_ ou se _remémorer_, v. Je voudrois bien me _remémorer_ ce qu'il m'a dit. Ce mot vieillit. _Rempailler_. Mettre de la paille à des chaises; dites, _empailler_ une chaise. _Remué_. _Remué_ de germain; dites, _issu_ de germain. _Remuer_. Se _remuer_, changer d'appartement; dites, _déménager_, v. _Rencontre_. J'ai eu un bon _rencontre_. Ce mot étoit autrefois masculin. Il y a, à Lyon, une rue, qu'on nomme rue _du Bon-rencontre_. Ce mot à présent est féminin, excepté dans l'appellation de la rue dont il s'agit. _Renette_. Pomme _renette_; dites, _de reinette_. Les pommes _de reinette_ sont un peu tardives. _Renvenir_. Ce mot n'est pas françois; dites, _s'en retourner_, _s'en revenir_. Il _s'est en allé_, est aussi une expression vicieuse; dites, _il s'en est allé_. _Repartir_; _partager_, _distribuer_, prend un accent aigu sur l'_e_: _répartir_, v. _Répartie_, réponse saillante; le premier _e_ est muet; dites, _repartie_, sans accent, s. f. _Répentir_. Le premier _e_ est muet; dites, sans accent, _repentir_. Dieu fit du _repentir_ la vertu des mortels. _Repetasser_. Raccommoder grossiérement; dites, _rapetasser_, v. _Repondre_; _reponse_. Il faut toujours mettre et prononcer un accent aigu sur le premier _e_ de ces mots: _répondre_ à quelqu'un. _Reposer_. Prenez la peine de vous _reposer_; expression qu'une fausse politesse a introduite: il n'y a point de peine à _se reposer_. Les termes sont en contradiction avec eux-mêmes, ainsi que dans cette autre locution: _prenez la peine de vous asseoir_; dites, _veuillez vous reposer; veuillez vous asseoir_. Ce dernier verbe se conjugue ainsi, _je m'assieds_, _tu t'assieds_, _il s'assied_, _nous nous asseyons_, _vous vous asseyez_, _ils s'asseyent_; _je m'asseyois_; _je m'assis_; _je m'assiérai_ ou _je m'asseyerai_; _je m'assierois_, ou _je m'asseyerois_; _assieds-toi_, _que je m'asseye_, _que je m'assisse_. _Reprin_. Ce qui sort du son, lorsqu'on le repasse; dites, _recoupe_, s. f. _Reprocher_. Les oignons me _reprochent_; dites, me donnent _des retours_, _des renvois_. _Requinquiller_. Cette femme se _requinquille_, pour dire qu'elle se pare plus qu'il ne convient à son âge; dites, _se requinque_. _Résimoler_. Cueillir dans une vigne, ce qui reste après la vendange; dites, _grapiller_, v.: j'ai envoyé ces enfants _grapiller_ dans la vigne. _Retaper_ les cheveux. Des cheveux _retapés_; dites, _taper_ des cheveux; des cheveux _tapés_. _Revange_. Action par laquelle on se venge du mal qu'on a reçu; dites, _revanche_, s. f.: prendre sa _revanche_. _Revanger_ n'est pas françois; dites, _revancher_, v. _Ric-rac_. Expression proverbiale, qui signifie à la rigueur; dites, _ric-à-ric_, adverbe: traiter avec quelqu'un _ric-à-ric_. _Rien_. Je n'ai _rien_ dîné. Le mot _rien_ vient du mot latin _rem_, quelque chose; précédé d'une négation, il signifie _nulle chose_. Cette phrase, je n'ai _rien_ dîné ou _rien_ soupé, voudroit dire, je n'ai soupé _nulle chose_, je n'ai dîné _nulle chose_; expression absurde; dites seulement, je n'ai _pas_ soupé, je n'ai _pas_ dîné. Ces verbes ne prennent pas de régime direct. On dit: souper _de quelque chose_, et non _quelque chose_. Ce mot n'admet point la négation _pas_. Ainsi Racine a eu tort de dire, dans les plaideurs: On ne veut _pas rien_ faire ici qui vous déplaise. Les femmes savantes de Moliere vouloient chasser leur servante, pour avoir fait cette faute: De _pas_ mis avec _rien_ tu fais la récidive: C'est, comme on te l'a dit, trop d'une négative. _Rien_. Cela ne fait _en rien_, cela ne fait _de rien_. Barbarismes de phrases; dites, cela ne fait _rien_, sans employer aucune préposition devant le mot _rien_, qui signifie _chose_, et _aucune chose_, quand il est précédé d'une négation. _Ripopé_. Ce vin n'est que de la _ripopé_. Ce mot est masculin; dites, _du ripopé_. _Risoler_. Faire rôtir. _Risoler_ des marrons; dites, _rissoler_, v.: vous n'avez pas assez _rissolé_ les châtaignes. _Robinet_. Dites, _fouet_, s. m. _Role_. L'_o_ dans ce mot est long et marqué d'un accent circonflexe. On écrivoit autrefois, _roole_ pour allonger la premiere syllabe. J'en dis autant du verbe _enrôler_, qui est formé du premier. _Ruelle_ de veau. Dites, _rouelle_. _Ruette_. Petite rue; dites, _ruelle_, s. f. S. _Sable_. De la _sable_ noire. Ce mot est masculin; dites, du _sable_ noir. L'_a_ est long, ainsi que dans _sablon_. _Sablier_. Boîte dans laquelle on met du sable ou du poussier, pour sécher l'écriture; dites, _poudrier_, s. m. Le _sablier_ est une horloge de verre qui mesure le temps par le moyen du sable. _Sacristaine_. Celle qui, dans un monastere de filles, a soin de la sacristie; dites, _sacristine_, s. f.: j'ai remis la chasuble à la _sacristine_. _Sade_. Qui a de la saveur: cette sauce est _sade_. Ce mot autrefois signifioit, _gentil_, _élégant_, dont l'opposé est _maussade_; aujourd'hui l'on dit d'un fruit, qu'il est _savoureux_, d'une sauce, qu'elle est _piquante_. _Sang_. Ne prononcez pas le _g_, à moins que ce mot, ainsi que _long_ et _rang_, ne soit suivi d'une voyelle, et alors le _g_ se prononce comme un _c_. Suer _sang_ et eau: un _rang_ élevé, un _long_ ouvrage. _Sans dessus dessous_, _sans devant derriere_. Écrivez, _sens dessus dessous_, _sens devant derriere_; c'est-à-dire, que le _sens_ de _dessus_ se trouve _dessous_, et que le _sens_ de _devant_ se trouve _derriere_. _Sardagne_. Royaume; dites et écrivez, _Sardaigne_: le Roi de _Sardaigne_. _Sarron_. Mettre du _sarron_ sur l'écriture; dites, _poussiere_, ou _sciûre de bois_. _Saulée_. Allée plantée de saules; dites, _saussaie_, s. f. Le premier seroit plus conforme à l'analogie; mais il est moins conforme au bon usage, et l'usage est la loi suprême des langues. _Sauter en l'air_. Pléonasme. On dit fort bien _sauter aux nues_, pour s'impatienter fort; mais il n'est pas permis de dire, _sauter en l'air_. Le premier mot suffit, parce que, dès qu'on _saute_, on est en l'_air_. Je conviens que _sauter en l'air_ marque particulierement qu'on _saute_ en s'élevant; c'est le contraire de _sauter_ en bas. Je ne crois pas néanmoins que ce pléonasme soit autorisé par le bon usage. _Savoir à dire_. Je vous le _saurai à dire_; dites, je vous en _informerai_. _Savourée_. Herbe dont on assaisonne les sauces; dites, de la _sariette_, s. f. _Scarole_. Sorte de chicorée; dites, _scariole_, s. f.: manger des _scarioles_. _Secousse_. Prendre sa _secousse_, pour mieux sauter; dites, _son escousse_, s. f. _Seille_. Vaisseau de bois, pour laver ou pour d'autres usages, qui a les bords fort bas; dites, _baquet_, s. m. ou _petit cuvier_. La premiere de ces dénominations est générale; mais elle n'en est pas moins vicieuse. _Sembler_. Il _semble_ à son pere. _Sembler_, signifie _paroître_, et non pas être semblable; dites donc, il _ressemble_ à son pere. _Sens_. De _sens froid_; écrivez, de _sang froid_. _Sentinelle_. Celui qui fait le guet: un bon _sentinelle_. Ce mot est du genre féminin; dites, une bonne _sentinelle_. Ce mot se prend aussi pour la fonction de la sentinelle: il fait _sentinelle_. _Sentir mauvais_. On dit souvent: cette personne _sent mauvaise_; cette fleur _sent bonne_. Dans ces exemples, l'adjectif devient adverbe, et ne prend ni genre, ni nombre. On abuse encore de ce mot, quand on dit: je ne peux pas _sentir_ cette personne, pour faire entendre qu'on la _déteste_, qu'on ne peut pas la _voir_, ni _vivre_ avec elle. _Sequelette_. Une _sequelette_. Ce mot est masculin et n'a que trois syllabes; dites et prononcez, un _squelette_. _Serbatane_. Long tuyau par lequel on peut jeter quelque chose en souflant; dites, _sarbacane_, s. f. _Sercler_. Ôter les mauvaises herbes dites, _sarcler_, du latin, _sarrire_, _sarculum_. _Serge d'amende_. Étoffe de laine, qui se fabrique à Mende; dites, _serge de Mende_. _Serment_. Bois que pousse le cep; dites, _sarment_, s. m.: un fagot de _sarmens_. _Sie_. Cela _sie_ bien; écrivez, _sied_, et prononcez, _sioit_. _Simouille_. Pâte faite avec la farine la plus fine; dites, _semoule_, s. f.: une soupe de _semoule_. _Simple_. En parlant d'une herbe; plante médicinale: la centaurée est _une simple_; dites, est _un simple_, s. m. _Soi_. Racine a dit: Jeune, charmant, traînant tous les coeurs après _soi_. Ce vers renferme une faute contre la syntaxe de notre langue. Le pronom _soi_ est indéfini, et par cela seul, ne convient pas dans une phrase où le sujet est déterminé. Il falloit mettre: traînant tous les coeurs après _lui_. Boileau est aussi tombé dans cette erreur. On dit: chacun vit pour _soi_, et l'égoïste ne vit que pour _lui_. En parlant des choses inanimées, on dit bien: la science a par _soi_-même beaucoup d'attraits: mais quand il est question d'une personne désignée, il faut employer _lui_ et non pas _soi_. Corneille a commis cette faute, Qu'il fasse autant pour _soi_, comme j'ai fait pour _lui_. Et Voltaire en disant: Ou mon amour me trompe, ou Zaïre aujourd'hui, Pour l'élever à _soi_ descendroit jusqu'à _lui_. _Soigner quelqu'un_. Le regarder passer, agir: mon fils m'a dit qu'il alloit au college; je le _soigne_, pour savoir s'il me trompe; dites, je l'_épie_, je le _guette_. _Soin_. Avoir du _soin_; dites, avoir _soin_, sans employer le mot _du_. _Soiter_. Faire des souhaits. Ce verbe est composé de trois syllabes qu'il faut prononcer; écrivez et prononcez, _souhaiter_, v. _Solemnel_. On prononce mal la seconde syllabe de ce mot. Il faut prononcer l'_e_ et l'_m_ comme dans la seconde syllabe du verbe _condamner_. Dans _solemnité_, _solemniser_ l'_e_ et l'_m_ ont le son de l'_a_ bref, comme dans _femme_, _patiemment_, _négligemment_, _indifféremment_, et autres semblables. _Sôme_. Dites, _ânesse_, s. f. _Son_, _sa_, _ses_. Ces pronoms ne peuvent pas être employés en toute occasion, en parlant des choses. On ne dira pas, cette maison _est_ bien située, et _ses_ promenades _sont_ belles; mais on dira, les promenades _en sont_ belles. Ne dites pas non plus, cette ville est belle, j'admire _ses_ bâtimens; dites, j'_en_ admire _les_ bâtimens. Il faudroit, pour pouvoir se servir des pronoms _son_, _sa_, _ses_, qu'ils fussent dans un même membre de phrase. _Sonnet_. Terme de jeu de tric-trac; dites, _sonnez_, et prononcez l'_e_ fermé, comme l'exige toujours le _z_ final. _Sorcilege_. Maléfice dont se servent les prétendus sorciers; dites, _sortilege_. C'est le mot _sorcier_, qui induit en erreur ceux qui disent _sorcilege_; mais il n'y a gueres que ceux qui croient à la chose, qui prononcent ainsi le mot. _Sortir_. J'ai _sorti_ ce matin. Le verbe _sortir_ ne se conjugue avec l'auxiliaire _avoir_, que lorsqu'il a un régime simple, ou, en terme de grammaire, lorsqu'il est transitif. _Soucard_. Piece de toile qu'on met à une chemise; dites, _gousset_. _Soucis_. Des _soucis_ noirs; poils au-dessus des yeux; dites, _sourcils_, sans prononcer l'_l_. _Souillarde_. Endroit où l'on lave la vaisselle; dites, _lavoir_, s. m.: une _chambre_, une _cuisine_, un _lavoir_, à louer. _Soupoudrer_. Poudrer avec du sel ou de la farine; dites, _saupoudrer_. _Saupoudrer_ un poisson. _Souste_; _souster_. Pour dire qu'une carte est gardée ou défendue par une autre; j'ai le roi _gardé_, _défendu_ ou _soutenu_. _Soustraire_. _Je soustrais_, _je soustrayois_, et non pas, _je soustraisois_. J'en dis autant de _distraire_; _je distrayois_, et non pas, _je distraisois_. _Soute_. Se mettre à la _soute_; dites, se mettre à l'_abri_. Il pleut, mettez-vous à l'_abri_. _Suel_. Place où l'on bat le bled; dites, _aire_, s. m.: un bel _aire_. _Suif de cheminée_. Matiere noire qui s'attache au tuyau de la cheminée; dites, _suie_, s. f.: noir comme la _suie_ de cheminée. _Suite_. Faites cela de _suite_, pour dire sans délai. Mettre de _suite_, signifie mettre les choses à la _suite_ les unes des autres; dites, tout de _suite_, qui veut dire sans retard. _Surément_. Ne mettez point d'accent sur le premier _e_. Ce mot est formé de _sûr_. On met l'accent à _assurément_, parce qu'il vient _d'assuré_. _Suspente_. Retranchement d'ais, soutenu en l'air, pratiqué dans une cuisine ou ailleurs, pour loger un domestique; dites, _soupente_, s. f. Le peuple, qui suit les regles de l'analogie, a fait _suspente_ du mot _suspendre_. T. _Quand_ cette lettre est finale, on ne la prononce pas, ordinairement; à moins qu'elle ne se lie avec la voyelle suivante. Il ne faut pas la faire sonner dans _respect_, _aspect_, _circonspect_; le _c_, même, dans ces trois mots, est nul, ainsi que dans _exact_. Le _t_ ne se fait pas entendre dans _prompt_, _exempt_, _instinct_, _succint_, mais bien dans _fat_ et _sot_. Le bruit est pour le _fat_, la plainte est pour le _sot_; L'honnête homme trompé s'éloigne et ne dit mot. Le _t_ se prononce aussi dans _tact_, _contact_, _zénith_, et dans le corps des mots _arithmétique_, _athlete_, mais non dans _asthme_, _asthmatique_. _Tabac_. Plante originaire de l'Amérique; ne prononcez pas le _c_. _Tac_. Les femmes ont le _tac_ plus fin que les hommes; écrivez et prononcez, _tact_, s. m. en faisant sentir le _c_ et le _t_. _Tâcher_. _Tâcher que_, est une élocution vicieuse. Ce verbe demande la préposition _de_, signifiant _s'efforcer_: _tâcher_ d'arriver à son but. Quand il est pris pour viser, ou pour aspirer, il est suivi de la préposition _à_. _Talent_. Profession; dites, _métier_, s. m. Le mot _talent_ signifie les dons de l'esprit ou une monnoie ancienne. _Tambour_. Battre du _tambour_; dites, battre le _tambour_ ou la _caisse_. _Tamper_. _Tamper_ une maison; dites, _étayer_, v. _Tandis que_. Ne prononcez pas l'_s_. _Tapée_. Quantité, grand nombre; c'est un vrai barbarisme; dites, _multitude_, ou servez-vous d'un terme équivalent. _Tarabate_. Un enfant _tarabate_, dites, _turbulent_, _remuant_. _Taupure_. Petit morceau de terre qu'une taupe éleve en creusant; dites, _taupiniere_, s. f. La _taupure_ est un instrument propre à prendre les taupes. _Tel, telle_; _tel que, telle que_. Ne condamnez jamais nos sacrés potentats, _Telles que_ soient leurs moeurs, _tels que_ soient leurs états. Il faut: _quelles que_ soient leurs moeurs, et _quels que_ soient leurs états. Cette faute est fréquente dans nos écrivains modernes. _Tergette_. Petite plaque de fer en forme ovale, avec un petit verrou, qu'on met aux portes et aux fenêtres, pour les fermer; dites, _targette_, s. f.: tirez la _targette_. _Termoyer_. Prolonger le temps d'un payement; dites, _atermoyer_, v.: le désordre de sa fortune l'a forcé d'_atermoyer_. _Testicoter_. Chicaner: ils sont toujours à se _testicoter_, pour dire, ils se _querellent_ sans cesse. _Thériacle_. Du _thériacle_. Ce mot est du genre féminin; dites, de la _thériaque_. _Thétiere_. C'est ainsi qu'on nommoit autrefois le vase dont on se sert pour faire le thé; dites, _théïere_, s. f. _Tic_. Prendre quelqu'un en _tic_, c'est-à-dire se prendre défavorablement contre quelqu'un. On dit, se prendre de _grippe_ contre quelqu'un. _Tignasse_. Mauvaise perruque; dites, _teignasse_, s. f. _Tisonnasse_. Charbon mal cuit et qui jete de la fumée; dites, _fumeron_, s. m. _Tomber_. Ce verbe ne se conjugue point avec l'auxiliaire _avoir_. Voltaire a eu tort de dire: Où serois-je, grand Dieu! si ma crédulité _Eût tombé_ dans le piége à mes pas présenté. On ne diroit pas, si la pluie _avoit tombé_, mais si la pluie _étoit tombée_. Il faut le conjuguer avec le verbe _être_. _Tonne_. Berceau couvert de verdure; dites, _tonnelle_, s. f. _Toucher_ du clavecin, de l'orgue, du forté-piano, de l'épinette, etc. On _touche_ l'orgue, le clavecin, et non de l'orgue, du clavecin; c'est-à-dire, on touche des doigts ces instrumens. Cependant l'usage l'emporte sur la logique. _Tour de main_. C'est-à-dire, en aussi peu de temps, qu'il en faut pour tourner la main; dites; _tournemain_. Le _tour de main_, est un tour de subtilité et d'adresse. _Tourner_. _Tourner_ tout le corps; dites, _bouleverser_ tout le corps. _Tourterelle_. Oiseau qui hante les bois. Quand on parle de cet oiseau, comme bon à manger, on le nomme _tourtre_: servir des _tourtres_. _Tra_. Ce mot est dérivé de _trabs_; dites, _solive_, s. f. _Tranchet_. On dit communément d'une chose qui a été choisie avec soin, qu'elle a été triée sur le _tranchet_; dites, sur le _volet_. Le _volet_ est un petit ais rond sur lequel on trie les choses menues, telles que le riz, l'orge, etc. Le _tranchet_ est un outil tranchant dont les cordonniers se servent pour couper le cuir. _Transiger_. Observez que la lettre _s_, dans ce mot, quoique placée entre une voyelle et une consonne, a cependant le son du _z_, ainsi que dans _transaction_, _transition_, _transitoire_, _Alsace_, _Alsacien_, _balsamine_, _balsamique_. _Traque_. Cette fille est bien _traque_; dites, _vive_, _enjouée_ ou _étourdie_. _Traquerie_. Ce mot n'est pas françois; dites, _étourderie_, s. f. _Travers_. Il y a une faute dans ce vers de Boileau: Donner de l'encensoir _à travers_ du visage. _À travers_ veut toujours après lui le régime direct; et _au travers_ doit être suivi de la préposition _de_. Il faudroit _à travers le_ visage, ou _au travers du_ visage. _Traverse_. On appelle _traverse_, le vent qui vient du couchant et traverse le méridien; dites, _vent d'ouest_. _Traverser_ le pont, la rue, pour dire, les _parcourir_ dans leur longueur. Cette façon de parler ne rend pas l'idée qu'on a: _traverser_ signifie parcourir l'étendue d'un lieu considéré dans sa largeur; ainsi, traverser la rue, c'est passer d'un côté à l'autre, dans le sens de la largeur. On peut parcourir une rue dans sa longueur sans la _traverser_: on _passe_ le pont; on _traverse_ la riviere sur le pont. _Trémontade_. Cet homme a perdu la _trémontade_; pour dire, qu'il ne sait plus où il en est; dites, _tramontane_, s. f. _Trempe_. Il est si mouillé qu'il est _trempe_; dites, _trempé_, participe passé du verbe _tremper_. _Trépiter_. Battre des pieds contre terre; dites, _trépigner_, v.: il a _trépigné_ de colere. _Tricot_. Une culotte de _tricot_; c'est-à-dire, tricotée; dites, _tricotage_, soit pour marquer l'ouvrage, soit pour exprimer l'action. Un _tricot_ est un bâton gros et court. _Tringue_. Verge de fer; dites, _tringle_, s. f. _Tromper_. Me _trompe-je_. Il est une regle en françois qui veut que l'on mette et prononce en pareil cas un accent aigu sur le premier _e_; dites donc et écrivez, _me trompé-je_. Il n'y a pas deux _e_ muets de suite à la fin d'un mot. _Trompeter_. Pour sonner de la trompette: _trompeter_, signifie annoncer, publier à son de trompe, ou au son de la trompette. On _trompete_ les accusés décrétés de prise de corps, qui ne sont pas constitués prisonniers; et lorsqu'on veut exprimer l'action de faire rendre des sons à la trompette, on dit, _sonner_ de la trompette. _Trop_. Ne prononcer pas le _p_, à moins qu'il ne soit suivi d'une voyelle; j'en dis autant de _beaucoup_. L'_o_ est bref, puisqu'il est suivi d'une consonne qui n'est ni l'_s_, ni l'_x_, ni le _z_; cependant la plupart des comédiens prononcent _trô_; ce qui est contre les principes et le bon usage. _Troupe_. Mon fils est dans la _troupe_; dites, dans les _troupes_. On dit que tel Officier conduit bien sa _troupe_; mais il n'est pas permis de dire au singulier, j'ai été dans la _troupe_, pour dire au _service_ ou dans les _troupes_. _Trousseau_. Le linge, les langes, et tout ce qui est destiné pour un enfant nouveau né; c'est encore ici un abus de terme; dites, _layette_, s. f.: ce pere a fait à ses enfans une telle _layette_. Le mot _trousseau_ signifie un amas de clefs. On dit, un _trousseau_ de clefs. Il se dit aussi des habits, des hardes, du linge, et de tout ce qu'on donne à une fille en la mariant, elle a reçu un beau _trousseau_; mais on n'appelle pas _trousseau_ les hardes d'un nourrisson. _Truffe_. Plante farineuse; dites, _pomme de terre_, s. f.: des _pommes de terre_ cuites au jus. La _truffe_ est une autre plante qui ne pousse ni tige, ni racines. _Truffes_ noires, _truffes_ blanches. _Tuilliere_. Lieu où l'on fabrique la tuile; dites, _tuilerie_, s. f. Le palais des Tuileries, à Paris, tire son nom d'une fabrique de tuile, qui étoit établie sur le terrain où se trouve situé ce palais. _Turlubrelu_. Cet homme est _turlubrelu_; c'est-à-dire, qu'il ne prend pas garde à ce qu'il fait; dites, _hurluberlu_, ou _hurlubrelu_. U. _Ulcere_. Il a une _ulcere_ maligne; c'est-à-dire une ouverture dans les chairs, causée par la corruption des humeurs. Ce mot est masculin, dites, un _ulcere_ malin. _Urinoire_. Vase où les malades peuvent uriner commodément; dites, _urinal_, s. m. V. On dit, à Lyon, je vais _en Vaise_, je vais _en Serin_, au lieu de dire: je vais au faubourg _de Vaise_, _de Serin_. Les noms de petits lieux ne prennent jamais la préposition _en_, mais la préposition _à_; dites donc, je vais _à Vaise_, _à Serin_, _à Bellecour_. _Vergette_. Brosse pour les habits. Ce mot doit toujours être employé au pluriel: voilà d'excellentes _vergettes_. _Vernoge_. Cet endroit est _vernoge_; c'est-à-dire, qu'il est humide, et que le soleil n'y donne pas. Nous n'avons point de mot en françois, qui rende ces deux idées à la fois. Il faut se servir des mots de l'explication, ou autres semblables. _Vessicatoire_. Médicament qu'on met sur la peau, pour faire venir des vessies; dites, _vésicatoire_, en ne mettant et ne prononçant qu'une _s_ qui a le son du _z_ étant placée entre deux voyelles. Elle a cependant le son fort dans _parasol_, _entresol_, _havre-sac_, _vraisemblance_, _préséance_, _resaluer_, _présupposition_, _resaisir_, etc. La raison en est, que chacun de ces mots étant composé, le primitif a gardé le son fort. _Vêtir_. On conjugue mal ce verbe. On ne doit pas dire, _je vêtis_, _tu vêtis_, _il vêtit_, _nous vêtissons_, _vous vêtissez_, _ils vêtissent_; dites, _je vêts_, _tu vêts_, _il vêt_, _nous vêtons_, _vous vêtez_, _ils vêtent_; _je vêtois_; _que je vête_; _que je vêtisse_. Le premier _e_ est ouvert et marqué d'un accent circonflexe, ainsi que dans _revêtir_ qui est son composé. _Vicoter_. Dites, _vivoter_, v.; fournir à peine à ses besoins. _Vieille_. Instrument; dites, _vielle_, s. f. en retranchant le second _i_: jouer de la _vielle_. _Vieuilliers_. Fleurs dont le bouton est gros et applati, dont les unes sont blanches, marbrées, violettes et jaunes; dites, _giroflées_, s. f.: de belles _giroflées_. On appelle _violiers_ les fleurs qui croissent sur les murs, et _giroflées_ celles que l'on cultive dans les jardins. _Vigoureuse_. Sorte de poire d'hiver; dites, _virgouleuse_, s. f. _Vilité_. La _vilité_ d'un prix, de la matiere, d'un coeur; dites, _vileté_, s. f., formé de l'adjectif féminin, _vile_. _Virebroquin_. Outil d'artisan, qui sert à percer; dites, _vilebrequin_, s. f. _Vis_. Le _vis_ d'un pressoir; dites, _la vis_, s. f. L'on fait sonner l'_s_. _Vis-à-vis_. _Vis-à-vis_ de cette personne. Cette faute a été condamnée par Voltaire. _Vis-à-vis_ ne doit jamais se prendre dans le sens d'_envers_, ni d'_à l'égard_: il est bienfaisant _vis-à-vis_ de lui; dites, _à l'égard_ de lui. On s'en sert dans les rapport physiques: il est logé _vis-à-vis_ de votre maison. _Voilà_. On confond souvent les mots _voici_ et _voilà_. Ce dernier marque une chose plus éloignée, _voici_, une chose plus près: _voilà_ ce que j'avais à vous dire; _voici_ ce que j'ai à vous dire. Il en est de même des mots _ceci_, _cela_. _Ceci_ signifie cette chose-ci; _cela_, cette chose-là. _Voir_. _Voyons voir_. Ce pléonasme est absurde; le premier de ces deux mots suffit. _Vois-tu-z-en_. Dites, _vois-en_. _Voui_. Ce mot s'écrit et se prononce sans _v_; dites, _oui_. _Voyage_ de bois, de charbon. Dites, _une voie_ de charbon, de bois. _Vuide_. On écrit et prononce maintenant _vide_, _vider_, etc. _Vuit_. Nombre; écrivez et prononcez _huit_. L'_h_ est aspirée. X. Cette lettre se prononce diversement. Elle a le son du _cs_, dans _Alexandre_; du _gz_, dans _examen_; de l'_s_, dans _Auxonne_; du _z_, dans _sixieme_, _deuxieme_, etc. On ne doit pas la prononcer dans les mots _eux_, _ceux_, à moins qu'elle ne se lie avec une voyelle. Elle sonne comme un _s_ à la fin de _six_, _dix_, si ces mots finissent le sens. Elle se fait entendre comme _cs_, dans _phénix_, _préfix_, _Astianax_. Y. _Yeux_. Cette expression donna lieu à un pari entre deux négocians. L'un deux soutint à l'autre qu'il n'étoit pas permis de dire, _entre quatre zieux_. Celui-ci prétendit que le dictionnaire de l'Académie autorisoit cette liaison pour la douceur du son. Il ouvrit le Vocabulaire, qui lui donna gain de cause. Le vaincu voulut prendre sa revanche aux dépens de quelqu'autre, et il alloit toujours répétant cette locution, en faisant une liaison défectueuse; enfin, elle fut relevée, et il renouvela son pari; mais le contestant s'y prit mieux que lui; il s'adressa à Urbain Domergue, qui décida que _quatre_ n'étant jamais terminé par une _s_, on ne pouvait pas dire, _entre quatre zieux_; il ajouta qu'on ne prononçoit pas toujours toutes les lettres; mais qu'on ne faisoit jamais entendre celles qui n'étoient pas écrites. Il donna le désaveu de l'auteur du Dictionnaire, prétendu de l'Académie: et le négociant fut condamné pour avoir dit oui comme pour avoir dit non. PRÉCIS DES REGLES DE LA PROSODIE. Puisque la Prosodie est l'art de donner à chaque syllabe le son et la durée qui lui sont propres, la lecture et la prononciation en supposent la connaissance. La langue françoise a ses notes, comme le chant; avec cette différence; que les ports de voix et la durée des sons notés pour le musicien, ne le sont presque jamais pour le lecteur, et lors même que nos syllabes seroient notées, qu'elles auroient leurs diezes et leurs bémols, il seroit impossible d'exprimer par des signes la durée précise du son, la douceur et la légéreté que peut donner seul un exercice habituel. La durée d'une syllabe dépend quelquefois de sa position; l'abbé d'Olivet dit que par le mot Prosodie, on entend la maniere de prononcer chaque syllabe régulierement; c'est-à-dire, de lui donner un son grave ou aigu, bref ou long. _A_, pris pour la premiere lettre de l'alphabet, est long et grave; dans tout autre cas, aigu. Cette voyelle, marquée d'un accent circonflexe, est toujours grave et longue, comme dans _âge_, _râle_, _mânes_, _tâche_, _lâche_, _fâcher_, _lâcher_, _âpre_; elle est souvent longue sans accent, comme dans _sable_, _fable_, _rable_, _délabré_, _cadre_, _cable_, _accablement_, _sabre_, _flamme_, _condamner_, _damner_; l'_s_, l'_x_ et le _z_, terminant un mot, rendent toujours longue cette voyelle, ainsi que les autres. D'après cette regle, la seconde personne des futurs et du passé défini, au singulier, sera longue, et la troisieme breve, _tu chanteras_, _il chantera_; _tu aimas_, _il aima_. Au commencement des mots l'_a_ est ordinairement bref; il faut en excepter ceux que nous venons de citer. On le prononcera d'une maniere aigue et rapide dans _apôtre_, et toujours s'il est suivi d'une consonne redoublée, comme dans _apprendre_. Quand une voyelle finit la syllabe, et qu'elle est suivie d'une autre voyelle, qui n'est pas l'_e_ muet, la syllabe est breve, _créé_, _haïr_, _féal_, _tué_, _doué_; toute syllabe qui finit par une voyelle suivie de l'_e_ muet, devient longue, comme _plu[=i]e_, _vra[=i]e_, _ha[=i]e_, _v[=i]e_, _jo[=i]e_. Quand un mot se termine par une _l_ mouillée, la syllabe est breve, _béta[)i]l_, _déta[)i]l_, _avr[)i]l_, _verme[)i]l_, _fauteu[)i]l_. La terminaison _aille_ est ordinairement longue: _pa[=i]lle_, _bata[=i]lle_, _rima[=i]lle_; excepté, _il déta[)i]lle_, _il trava[)i]lle_, _il éma[)i]lle_, _méda[)i]lle_. La terminaison _aillon_ est breve dans _méda[)i]llon_, _déta[)i]llons_, _trava[)i]llons_, et longue dans _ha[=i]llon_, _ba[=i]llon_, _pena[=i]llon_, _nous ta[=i]llons_. Quand les voyelles nasales sont suivies d'une consonne qui n'est pas la leur, c'est-à-dire, qui n'est ni _m_, ni _n_, et qui commence une autre syllabe, elles rendent longues la syllabe où elles se trouvent, _j[=a]mbe_, _cra[=i]nte_, _jo[=i]ndre_, _h[=u]mble_. La terminaison _aine_ est longue dans _ha[=i]ne_, _cha[=i]ne_, _gua[=i]ne_, _tra[=i]ne_, hors de là breve, _capita[)i]ne_, _fonta[)i]ne_. Les mots qui finissent en _aire_ sont longs: une _a[=i]re_, une _pa[=i]re_, _cha[=i]re_, on _écla[=i]re_. Ce qui rend longues ces pénultiemes, c'est l'_e_ muet final, qui étant toujours bref, demande un point d'appui pour la voix, et l'on se repose sur l'avant-derniere syllabe; cependant on prononce breves les pénultiemes suivantes, _parfa[)i]te_, _retra[)i]te_. _Ale_, _alle_, toujours bref: _cig[)a]le_, _scand[)a]le_, _interv[)a]lle_; excepté les mots dont l'_a_ prend l'accent circonflexe, comme _m[=a]le_, _p[=a]le_. _Ame_, toujours bref: _d[)a]me_, _r[)a]me_; il en faut excepter, _[=a]me_, _inf[=a]me_, _bl[=a]me_, et les passés définis dans ces deux personnes, nous _aim[=a]mes_, _vous aim[=a]tes_. Toute syllabe qui finit par une _r_, et qui est suivie d'une syllabe commençant par une consonne, devient breve; _b[)a]rbe_, _b[)e]rceau_, _[)o]rdre_. _Are_, long et grave: _barb[=a]re_, je _prép[=a]re_; mais il devient bref et aigu, si la derniere syllabe n'est pas muette: _prép[)a]ré_. Quelle que soit la voyelle qui précede deux _r_, quand les deux ensemble ne forment qu'un son indivisible, la syllabe est toujours longue: _[=a]rrêt_, _b[=a]rre_, _tonn[=e]rre_. L'_s_ entre deux voyelles, dont la derniere est muette, allonge la pénultieme: _b[=a]se_, _dioc[=e]se_, _franch[=i]se_, _r[=u]se_. _Asse_, ordinairement bref, excepté dans _b[=a]sse_, _cl[=a]sse_, _ch[=a]sse_, pour les morts, _m[=a]sse_, terme de jeu, _gr[=a]sse_, _am[=a]sse_. _At_, long dans _b[=a]t_ de mulet, _m[=a]t_, _app[=a]t_, et à la troisieme personne du subjonctif _qu'il aim[=a]t_; bref ailleurs, il _b[)a]t_, _chocol[)a]t_, _pl[)a]t_. _Attre_, _atre_, bref dans _qu[)a]tre_, _b[)a]ttre_; hors de là, long, _idol[=a]tre_, _thé[=a]tre_. _Au_, long, suivi d'une syllabe muette: _a[=u]ge_, _a[=u]ne_, long, aussi, quand il y a une consonne après: _cha[=u]d_, _cha[=u]x_; excepté, _pa[)u]l_. E. La voyelle _e_, non seulement est tantôt longue et tantôt breve, mais elle a plusieurs sons, l'_e_ est muet et féminin, quand il n'a qu'un son sourd, comme dans _gloire_; cette espece d'_e_ ne commence jamais un mot; il ne se trouve pas dans plusieurs syllabes de suite, à moins que ce ne soit des mots composés; ainsi que _revenir_, _redevenir_; il faut en excepter, _chevelure_, _ensevelir_; et jamais, sur-tout, à la fin du mot. C'est pour cela que les verbes dont la pénultieme est muette à l'infinitif, comme _appeler_, _concevoir_, prennent dans les temps qui finissent par l'_e_ muet, ou un _e_ masculin ou la diphthongue _oi_: _j'appelle_, ils _conçoivent_. Par cette même raison, quoiqu'on dise _j'aime_, on dira, _aimé-je?_ L'_e_ moyen, comme dans _pere_, ne prend point d'accent, parce que cet accent seroit inutile, l'_e_ ne pouvant pas se prononcer autrement; il seroit même vicieux, parce qu'il donneroit un son trop grave, comme dans _procès_. On prononce trop ouvert le premier _e_ du mot _acheve_; il est moyen à cause du voisinage de l'_e_ muet. L'_e_ ouvert se marque d'un accent grave, ainsi que dans _abcès_. L'_e_ plus ouvert prend l'accent circonflexe qui indique suppression de lettre et allongement de syllabe, ainsi que dans _tête_. L'_e_ fermé prend un accent aigu, comme dans _vérité_; si cet _e_ est suivi de l'_x_, il rejette l'accent, comme dans _examen_. Dans les verbes en _er_, l'_e_ se prononce fermé, et l'on ne le fait pas sentir, à moins qu'il ne soit suivi d'un mot commençant par une voyelle. Dans _item_, _amen_, _hymen_, _examen_, on fait sonner la consonne finale. _Ene_, _enne_, longs dans _ch[=e]ne_, _c[=e]ne_, _sc[=e]ne_, _g[=e]ne_, _r[=e]ne_, _fr[=e]ne_, _ar[=e]ne_, _p[=e]ne_, _Ath[=e]nes_, _Diog[=e]ne_, _Méc[=e]ne_; bref et moyen dans _phénom[)e]ne_, _éb[)e]ne_, _étr[)e]nne_, _appr[)e]nne_, et par-tout où la consonne est redoublée. _Er_, bref dans _Jupit[)e]r_, _Eth[)e]r_; _Cl[)e]rc_; et plus ouvert dans _enf[=e]r_, _f[=e]r_, _m[=e]r_, _am[=e]r_, _hiv[=e]r_. _Esse_, long dans _ab[=e]sse_, _prof[=e]sse_, _conf[=e]sse_, _pr[=e]sse_, _compr[=e]sse_, _expr[=e]sse_, _c[=e]sse_, on _s'empr[=e]sse_; hors de là, bref: _tendr[)e]sse_, _par[)e]sse_, _car[)e]sse_. L'accent circonflexe rend longs et ouverts tous les _e_, comme dans _intér[=e]t_, _arr[=e]t_; la double consonne rend la syllabe breve, ainsi que dans _houl[)e]tte_, _tabl[)e]tte_. _Euf_, bref: _ve[)u]f_, _ne[)u]f_, un _oe[)u]f_, un _boe[)u]f_. Dans tous ces mots on prononce l'_f_; mais non au pluriel dans les deux derniers; quand _neuf_, nom de nombre, est suivi d'un mot commençant par une voyelle, l'_f_ sonne comme un _v_: _neuf ans_. _Eune_, long dans _jeûne_, bref dans _jeune homme_. Observez que telle syllabe qui est breve, suivie d'un autre mot qui sert de point d'appui à la voix, devient longue si elle finit le sens. Le nombre des breves et des douteuses, étant plus grand que celui des longues, nous ne parlerons que des dernieres. I. _Ie_, long d'après la regle générale: _v[=i]e_, _sais[=i]e_. _Ile_, long dans _[=i]le_, _hu[=i]le_, _tu[=i]le_. _Ire_; long dans les passés définis, ils _pun[=i]rent_. Les terminaisons _île_, _îmes_, _îtes_, _ître_ sont toujours longues, quand l'_i_ prend un accent circonflexe, comme dans nous _d[=i]mes_, vous _d[=i]tes_, _ép[=i]tre_, etc. O. Quand cette voyelle commence le mot elle est breve, excepté dans _[=o]s_, _[=o]ser_, _[=o]sier_ et _[=o]ter_, où il est ouvert et long, ainsi que dans _h[=o]te_. _Ode_, ordinairement bref. L'_o_ et l'_a_ étant graves dans les mots simples, demeurent tels dans les dérivés: _gr[=o]s_, _gr[=o]ssir_, _gr[=o]ssier_; _gr[=a]s_, _gr[=a]sseyer_; _r[=o]se_, _r[=o]sier_. La syllabe _oi_ a deux sons, celui de la diphthongue _oa_, comme dans _bourgeois_, _danois_; et celui de l'_e_ ouvert, comme j'_étois_, je _chanterois_, un _François_, les _Anglois_. _Ole_, toujours bref, excepté dans ces mots, _dr[=o]le_, _p[=o]le_, _m[=o]le_, _contr[=o]le_, il _enj[=o]le_, il _enr[=o]le_. _Ome_, _one_, long: _at[=o]me_, _fant[=o]me_, _pr[=o]ne_. Pour les mots où la consonne est redoublée, ils suivent la regle générale. _Ore_, _orre_, longs, s'ils ne sont pas terminés par un son masculin; _enc[=o]re_, _aur[=o]re_. Quand cette voyelle est marquée d'un accent circonflexe, elle est toujours longue, comme dans _ap[=o]tre_. U. L'_u_ suivi d'une autre voyelle finale, est toujours long, comme dans _v[=u]e_, _coh[=u]e_. _Ure_, finissant un mot, toujours long: _murm[=u]re_, _aug[=u]re_, _d[=u]re_. _Usse_, est long dans les verbes, comme je _p[=u]sse_, et dans _ût_, à la troisieme personne de ce temps. L'aspiration peut être regardée comme une partie de la Prosodie; mais elle ne regarde que l'_h_. Cette lettre est aspirée, lorsqu'elle a les propriétés de la consonne; c'est-à-dire, lorsqu'elle ne souffre ni suppression de voyelle, ni liaison de consonne. On dit sans élision, une _haquenée_, et sans liaison, des _haquenées_. Comme il n'y a point de regles à donner à cet égard, on peut consulter la liste suivante, dont tous les mots commencent par des _h_ aspirées. _Ha! habler, hableur, haha, hagard, haie, haie! haillon, haîne, haïr, haire, halage, halbran, halbrener, hâle, hâler, halener, haleter, halte, hameau, hampe, hanap, hanche, hangard, hanneton, hanter, happelourde, happer, haquenée, haquet, harangue, haras, harasser, harceler, hardes, hardi, hargneux, hareng, haricot, haridelle, harnois, haro, harpailler, harpe, harper, harpie, harpon, hart, hasard, hâter, have, havresac, hausser, haut, hé! hennir, hérault, here, hérisser, hérisson, hernie, héron, héros, herse, hêtre, heurter, hibou, hic, hideux, hoc, hiérarchie, ho! hola! hobereau, hoche, hochepot, hochet, houpe, honnir, honte, holle, houblon, houille, houlette, houppe, houppelande, housard, hussard, houssaie, houspiller, houspillon, housse, housser, houssine, houssiner, hoyau, huche, hucher, huer, hulotte, humer, hume, huppe, hure, hutte._ Tous les mots dérivés des précédens conservent leur aspiration, excepté ceux de _héros_, qui sont: _héroïne_, _héroïsme_, _héroïde_, _héroïquement_. Dans _enhardir_ l'_h_ est aspirée, mais non pas dans _exhausser_. On aspire l'_h_ du mot _Henri_, dans un discours oratoire; mais hors de là, c'est une affectation. _Hollande_, _Hollandois_, commencent par une _h_ aspirée, excepté dans ces façons de parler: toile d'_hollande_, fromage d'_hollande_, qui ont passé du peuple dans le langage ordinaire. _Hongrie_ s'aspire, excepté dans ces phrases: eau de la reine _d'Hongrie_, points _d'Hongrie_, etc. Quoique onze et onzieme commencent par une voyelle, on écrit sans élision l'article ou la préposition qui la précede, et l'on ne lie pas la consonne: de _onze_ enfants il ne leur en reste qu'un; tous les _onze_ du mois. * * * * * Pour l'intelligence des signes de quantité prosodique dont on va faire usage, on croit devoir avertir qu'on ne s'est point assujetti à la méthode de l'abbé d'Olivet. Quoique par son traité de Prosodie, il ait rendu un grand service à la langue, il s'en faut bien que son ouvrage ait été aussi utile qu'il eût pu l'être, s'il eût distingué l'accent prosodique de la quantité prosodique. En confondant ces deux parties, il a embrouillé la matiere. Il est bien, difficile, pour ne pas dire impossible, de comprendre, ce qu'il entend par syllabes longues, breves et douteuses. Nous avons des voyelles graves par leur nature, et par conséquent très-longues. Leur longueur et leur gravité ne changent jamais du primitif au dérivé, quelque place qu'elles occupent dans un mot. On fait entendre également, l'_a_, l'_e_ et l'_o_ graves, dans m_â_t, m_â_ter, il m_â_te; dans pr_ê_t, pr_ê_ter, il pr_ê_te; dans dép_ô_t, dép_o_ser, il dép_o_se, etc. Ces voyelles sont très-longues dans tous ces mots. Au contraire, les voyelles aiguës et les muettes deviennent moyennes, si la syllabe qui vient après commence par une consonne suivie d'une muette. La syllabe _gé_, par exemple, qui est aiguë et très-breve dans affli_gé_, est muette et breve dans affli_ge_ra. Elle est moyenne, tant pour la quantité que pour l'accent prosodique, dans ils affli_ge_rent: elle tient le milieu entre la longue et la breve, et entre l'aiguë et la grave. L'abbé d'Olivet nomme quelquefois douteuses les voyelles qui sont moyennes quant à la qualité de la voix, et quelquefois il les nomme breves relativement aux graves, qui sont toujours très-longues. On pourroit les qualifier de longues, en les comparant aux breves, puisqu'elles tiennent le milieu, tant pour la quantité que pour la qualité, entre la grave et l'aiguë, entre la longue et la breve. Mais on peut les qualifier de moyennes, sous les deux rapports de la quantité et de l'accent: cette qualification préviendra toute équivoque. Cela étant convenu, on avertit que les syllabes breves seront annoncées par le signe suivant (u); les longues, par celui-ci (=); et les moyennes, par (v). Et comme, dans notre langue, nous avons beaucoup plus de breves que de longues, pour ne pas surcharger l'écriture de signes inutiles, les voyelles qui ne porteront aucun signe, seront réputées breves. On prévient les lecteurs qu'on n'a pas pu indiquer les différentes qualités de son, parce qu'on auroit hérissé les syllabes de signes embarassans. On doit se tenir pour averti que l'article _les_, et les pronoms, _mes_, _tes_, _ses_, doivent se prononcer, comme si l'_e_ étoit marqué d'un accent grave, et que la conjonction _et_ se prononce comme un _e_ moyen, au lieu que le verbe _est_ a le son très-ouvert. LA ROSE ET LE BUISSON. u u v u u = = = = = Sur sa tige epineuse, une rose naissante, = u = v v = u u = Ainsi qu'une beauté, jeune, vive et touchante, = u u u u u u u u u u u S'elevoit a l'abri d'un buisson protecteur, u u u u = u u u u u u Et du soleil jamais n'eprouvoit la rigueur. = u = = Ignoré, mais heureux, ce bouton solitaire u = = u = Ouvroit son sein pourpré sous l'ombre tutélaire, v v Impatient déjà d'étaler sa beauté: = = Pourquoi me retiens-tu dans la captivité, v u = = = Dit l'arbuste orgueilleux à l'enceinte épineuse? u = = = = = = u = Je dois, reine des fleurs, etre la plus heureuse. = = = = = La fille du printemps, condamnee aux soupirs, = u = = = v Passeroit sous ton joug la saison des plaisirs! u = = v Le buisson lui repart, d'un ton doux, mais sévere: = = = = v u = J'attendois de mes soins un plus juste salaire. u u = u u v u v u Si le soleil brulant respecte ta fraicheur, = = v u u Et si des aquilons tu braves la fureur, v = = v De mon zele assidu, n'est-ce pas là l'ouvrage? = = = v Et mes bienfaits pour toi sont payes par l'outrage? u u = v = Reprime ton murmure, arbuste ingrat, crois-moi; = v v = Les heures du plaisir n'ont pas sonné pour toi. u u v v Souvent pour son malheur, la jeunesse indocile v u u u u = u v S'obstine à repousser l'appui le plus utile. = = = = Le bel age où tu vis est celui du printemps; = = = = = = Mais s'il a ses zephirs, il a ses ouragans. = v u u = L'orgueilleux arbrisseau s'aigrit de la censure; u = S'il se tait par dépit, en secret il murmure. = v = = Lorsque le villageois, qu'appellent ses travaux, = v = = = Vient des arbres touffus émonder les rameaux; v v Il menace déjà le gardien fidelle; u = u v et la rose sourit quand le buisson chancelle. v = = = Il tombe sous les coups de l'instrument fatal. = Le bouton au soleil ouvre un sein virginal. = = = = = v v Dans leurs chants les oiseaux expriment leur hommage. = = u v v Les zéphirs du matin agitent son feuillage; = = = = v u u Le rosier, dans les airs, balancé mollement, v Répond au rossignol par son frémissement; u = v = v v L'aurore l'embellit de ses perles liquides. = v = v = v Mais, Dieu! comme l'éclair les plaisirs sont rapides; v = = = La chenille, de loin, voit la reine des fleurs, v v u v = = Accourt, ronge sa tige, et fane ses couleurs; u v = et de l'astre du jour la chaleur dévorante = = A déjà fait tomber sa tete languissante: v v elle réclame en vain, à son dernier moment; v = De son fidelle ami le secours bienfaisant. = = v v v o toi, qui, par les soins d'une prudente mere, v = = = Coules tes premiers ans sous un joug salutaire, = v v = Défends, jeune beauté, le murmure à ton coeur, = v u Et du bouton naissant évite le malheur. NOTES [1] On appelle _régime_ un mot gouverné par un autre. [2] On appelle verbe un mot qui lie le sujet à l'attribut, en affirmant que telle qualité convient ou ne convient pas au sujet. _La terre est ronde._ Les deux premiers mots forment le sujet; le mot _est_ lie la qualité exprimée par le mot ronde. Tous les autres verbes renferment le verbe être. [3] On appelle substantif un mot qui désigne le nom d'une substance réelle ou imaginaire. [4] On nomme adjectif un mot ajouté au substantif pour en exprimer la qualité. [5] Une préposition est un mot qui annonce le rapport d'une chose avec une autre. [6] La conjonction est un mot qui sert à lier les mots ou les phrases. [7] On appelle participe passé un tems du verbe qui participe de la nature de l'adjectif, en ce qu'il prend quelquefois le genre et le nombre du substantif auquel il se rapporte. [8] C'est-à-dire de plusieurs mots ou d'une expression détaillée. Si, au lieu de nommer l'amour, je dis: le Dieu qu'on adore à Cythère, je me sers d'une _périphrase_. [9] Un pronom est un mot qui tient la place d'un nom. [10] Un adverbe est un mot qui se joint ordinairement au verbe, pour le modifier; c'est-à-dire, pour ajouter une nouvelle idée au mot auquel il se rapporte, comme on le peut voir dans les exemples suivans: les uns pensent _beaucoup_ et parlent _peu_; les autres parlent _beaucoup_ et pensent _peu_. [11] On appelle nom partitif, un mot qui représente plusieurs personnes ou plusieurs choses, comme faisant partie d'un tout. Tels sont les mots, _plusieurs_, _la plupart_, _une demi-douzaine_. -------------------------- NOTES SUR LA TRANSCRIPTION On a corrigé certaines coquilles manifestes (par ex: épiugle > épingle). Les variantes d'orthographe (avait/avoit, meche/mèche/mêche, ...) sont conformes à l'original. Dans le chapitre sur la prosodie, on a représenté par [=a] et [)a] (et de même pour e, i, o, u) les voyelles longues et brèves respectivement. À l'article «Chauderon», on propose la reconstitution «prononcer l'_e_», le bas de page étant tronqué dans l'original. *** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK DICTIONNAIRE GRAMMATICAL DU MAUVAIS LANGAGE *** Updated editions will replace the previous one—the old editions will be renamed. Creating the works from print editions not protected by U.S. copyright law means that no one owns a United States copyright in these works, so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United States without permission and without paying copyright royalties. Special rules, set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to copying and distributing Project Gutenberg™ electronic works to protect the PROJECT GUTENBERG™ concept and trademark. Project Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you charge for an eBook, except by following the terms of the trademark license, including paying royalties for use of the Project Gutenberg trademark. If you do not charge anything for copies of this eBook, complying with the trademark license is very easy. You may use this eBook for nearly any purpose such as creation of derivative works, reports, performances and research. Project Gutenberg eBooks may be modified and printed and given away—you may do practically ANYTHING in the United States with eBooks not protected by U.S. copyright law. Redistribution is subject to the trademark license, especially commercial redistribution. START: FULL LICENSE THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK To protect the Project Gutenberg™ mission of promoting the free distribution of electronic works, by using or distributing this work (or any other work associated in any way with the phrase “Project Gutenberg”), you agree to comply with all the terms of the Full Project Gutenberg™ License available with this file or online at www.gutenberg.org/license. Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg™ electronic works 1.A. By reading or using any part of this Project Gutenberg™ electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to and accept all the terms of this license and intellectual property (trademark/copyright) agreement. If you do not agree to abide by all the terms of this agreement, you must cease using and return or destroy all copies of Project Gutenberg™ electronic works in your possession. If you paid a fee for obtaining a copy of or access to a Project Gutenberg™ electronic work and you do not agree to be bound by the terms of this agreement, you may obtain a refund from the person or entity to whom you paid the fee as set forth in paragraph 1.E.8. 1.B. “Project Gutenberg” is a registered trademark. It may only be used on or associated in any way with an electronic work by people who agree to be bound by the terms of this agreement. There are a few things that you can do with most Project Gutenberg™ electronic works even without complying with the full terms of this agreement. See paragraph 1.C below. There are a lot of things you can do with Project Gutenberg™ electronic works if you follow the terms of this agreement and help preserve free future access to Project Gutenberg™ electronic works. See paragraph 1.E below. 1.C. The Project Gutenberg Literary Archive Foundation (“the Foundation” or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection of Project Gutenberg™ electronic works. Nearly all the individual works in the collection are in the public domain in the United States. If an individual work is unprotected by copyright law in the United States and you are located in the United States, we do not claim a right to prevent you from copying, distributing, performing, displaying or creating derivative works based on the work as long as all references to Project Gutenberg are removed. Of course, we hope that you will support the Project Gutenberg™ mission of promoting free access to electronic works by freely sharing Project Gutenberg™ works in compliance with the terms of this agreement for keeping the Project Gutenberg™ name associated with the work. You can easily comply with the terms of this agreement by keeping this work in the same format with its attached full Project Gutenberg™ License when you share it without charge with others. 1.D. The copyright laws of the place where you are located also govern what you can do with this work. Copyright laws in most countries are in a constant state of change. If you are outside the United States, check the laws of your country in addition to the terms of this agreement before downloading, copying, displaying, performing, distributing or creating derivative works based on this work or any other Project Gutenberg™ work. The Foundation makes no representations concerning the copyright status of any work in any country other than the United States. 1.E. Unless you have removed all references to Project Gutenberg: 1.E.1. The following sentence, with active links to, or other immediate access to, the full Project Gutenberg™ License must appear prominently whenever any copy of a Project Gutenberg™ work (any work on which the phrase “Project Gutenberg” appears, or with which the phrase “Project Gutenberg” is associated) is accessed, displayed, performed, viewed, copied or distributed: This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you will have to check the laws of the country where you are located before using this eBook. 1.E.2. If an individual Project Gutenberg™ electronic work is derived from texts not protected by U.S. copyright law (does not contain a notice indicating that it is posted with permission of the copyright holder), the work can be copied and distributed to anyone in the United States without paying any fees or charges. If you are redistributing or providing access to a work with the phrase “Project Gutenberg” associated with or appearing on the work, you must comply either with the requirements of paragraphs 1.E.1 through 1.E.7 or obtain permission for the use of the work and the Project Gutenberg™ trademark as set forth in paragraphs 1.E.8 or 1.E.9. 1.E.3. If an individual Project Gutenberg™ electronic work is posted with the permission of the copyright holder, your use and distribution must comply with both paragraphs 1.E.1 through 1.E.7 and any additional terms imposed by the copyright holder. Additional terms will be linked to the Project Gutenberg™ License for all works posted with the permission of the copyright holder found at the beginning of this work. 1.E.4. Do not unlink or detach or remove the full Project Gutenberg™ License terms from this work, or any files containing a part of this work or any other work associated with Project Gutenberg™. 1.E.5. Do not copy, display, perform, distribute or redistribute this electronic work, or any part of this electronic work, without prominently displaying the sentence set forth in paragraph 1.E.1 with active links or immediate access to the full terms of the Project Gutenberg™ License. 1.E.6. You may convert to and distribute this work in any binary, compressed, marked up, nonproprietary or proprietary form, including any word processing or hypertext form. However, if you provide access to or distribute copies of a Project Gutenberg™ work in a format other than “Plain Vanilla ASCII” or other format used in the official version posted on the official Project Gutenberg™ website (www.gutenberg.org), you must, at no additional cost, fee or expense to the user, provide a copy, a means of exporting a copy, or a means of obtaining a copy upon request, of the work in its original “Plain Vanilla ASCII” or other form. Any alternate format must include the full Project Gutenberg™ License as specified in paragraph 1.E.1. 1.E.7. Do not charge a fee for access to, viewing, displaying, performing, copying or distributing any Project Gutenberg™ works unless you comply with paragraph 1.E.8 or 1.E.9. 1.E.8. You may charge a reasonable fee for copies of or providing access to or distributing Project Gutenberg™ electronic works provided that: • You pay a royalty fee of 20% of the gross profits you derive from the use of Project Gutenberg™ works calculated using the method you already use to calculate your applicable taxes. The fee is owed to the owner of the Project Gutenberg™ trademark, but he has agreed to donate royalties under this paragraph to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation. Royalty payments must be paid within 60 days following each date on which you prepare (or are legally required to prepare) your periodic tax returns. Royalty payments should be clearly marked as such and sent to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation at the address specified in Section 4, “Information about donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation.” • You provide a full refund of any money paid by a user who notifies you in writing (or by e-mail) within 30 days of receipt that s/he does not agree to the terms of the full Project Gutenberg™ License. You must require such a user to return or destroy all copies of the works possessed in a physical medium and discontinue all use of and all access to other copies of Project Gutenberg™ works. • You provide, in accordance with paragraph 1.F.3, a full refund of any money paid for a work or a replacement copy, if a defect in the electronic work is discovered and reported to you within 90 days of receipt of the work. • You comply with all other terms of this agreement for free distribution of Project Gutenberg™ works. 1.E.9. If you wish to charge a fee or distribute a Project Gutenberg™ electronic work or group of works on different terms than are set forth in this agreement, you must obtain permission in writing from the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, the manager of the Project Gutenberg™ trademark. Contact the Foundation as set forth in Section 3 below. 1.F. 1.F.1. Project Gutenberg volunteers and employees expend considerable effort to identify, do copyright research on, transcribe and proofread works not protected by U.S. copyright law in creating the Project Gutenberg™ collection. Despite these efforts, Project Gutenberg™ electronic works, and the medium on which they may be stored, may contain “Defects,” such as, but not limited to, incomplete, inaccurate or corrupt data, transcription errors, a copyright or other intellectual property infringement, a defective or damaged disk or other medium, a computer virus, or computer codes that damage or cannot be read by your equipment. 1.F.2. LIMITED WARRANTY, DISCLAIMER OF DAMAGES - Except for the “Right of Replacement or Refund” described in paragraph 1.F.3, the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, the owner of the Project Gutenberg™ trademark, and any other party distributing a Project Gutenberg™ electronic work under this agreement, disclaim all liability to you for damages, costs and expenses, including legal fees. YOU AGREE THAT YOU HAVE NO REMEDIES FOR NEGLIGENCE, STRICT LIABILITY, BREACH OF WARRANTY OR BREACH OF CONTRACT EXCEPT THOSE PROVIDED IN PARAGRAPH 1.F.3. YOU AGREE THAT THE FOUNDATION, THE TRADEMARK OWNER, AND ANY DISTRIBUTOR UNDER THIS AGREEMENT WILL NOT BE LIABLE TO YOU FOR ACTUAL, DIRECT, INDIRECT, CONSEQUENTIAL, PUNITIVE OR INCIDENTAL DAMAGES EVEN IF YOU GIVE NOTICE OF THE POSSIBILITY OF SUCH DAMAGE. 1.F.3. LIMITED RIGHT OF REPLACEMENT OR REFUND - If you discover a defect in this electronic work within 90 days of receiving it, you can receive a refund of the money (if any) you paid for it by sending a written explanation to the person you received the work from. If you received the work on a physical medium, you must return the medium with your written explanation. The person or entity that provided you with the defective work may elect to provide a replacement copy in lieu of a refund. If you received the work electronically, the person or entity providing it to you may choose to give you a second opportunity to receive the work electronically in lieu of a refund. If the second copy is also defective, you may demand a refund in writing without further opportunities to fix the problem. 1.F.4. Except for the limited right of replacement or refund set forth in paragraph 1.F.3, this work is provided to you ‘AS-IS’, WITH NO OTHER WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT LIMITED TO WARRANTIES OF MERCHANTABILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE. 1.F.5. Some states do not allow disclaimers of certain implied warranties or the exclusion or limitation of certain types of damages. If any disclaimer or limitation set forth in this agreement violates the law of the state applicable to this agreement, the agreement shall be interpreted to make the maximum disclaimer or limitation permitted by the applicable state law. The invalidity or unenforceability of any provision of this agreement shall not void the remaining provisions. 1.F.6. INDEMNITY - You agree to indemnify and hold the Foundation, the trademark owner, any agent or employee of the Foundation, anyone providing copies of Project Gutenberg™ electronic works in accordance with this agreement, and any volunteers associated with the production, promotion and distribution of Project Gutenberg™ electronic works, harmless from all liability, costs and expenses, including legal fees, that arise directly or indirectly from any of the following which you do or cause to occur: (a) distribution of this or any Project Gutenberg™ work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any Project Gutenberg™ work, and (c) any Defect you cause. Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg™ Project Gutenberg™ is synonymous with the free distribution of electronic works in formats readable by the widest variety of computers including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from people in all walks of life. Volunteers and financial support to provide volunteers with the assistance they need are critical to reaching Project Gutenberg™’s goals and ensuring that the Project Gutenberg™ collection will remain freely available for generations to come. In 2001, the Project Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure and permanent future for Project Gutenberg™ and future generations. To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4 and the Foundation information page at www.gutenberg.org. Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non-profit 501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal Revenue Service. The Foundation’s EIN or federal tax identification number is 64-6221541. Contributions to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent permitted by U.S. federal laws and your state’s laws. The Foundation’s business office is located at 809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887. Email contact links and up to date contact information can be found at the Foundation’s website and official page at www.gutenberg.org/contact Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation Project Gutenberg™ depends upon and cannot survive without widespread public support and donations to carry out its mission of increasing the number of public domain and licensed works that can be freely distributed in machine-readable form accessible by the widest array of equipment including outdated equipment. Many small donations ($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt status with the IRS. The Foundation is committed to complying with the laws regulating charities and charitable donations in all 50 states of the United States. Compliance requirements are not uniform and it takes a considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up with these requirements. We do not solicit donations in locations where we have not received written confirmation of compliance. To SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any particular state visit www.gutenberg.org/donate. While we cannot and do not solicit contributions from states where we have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition against accepting unsolicited donations from donors in such states who approach us with offers to donate. International donations are gratefully accepted, but we cannot make any statements concerning tax treatment of donations received from outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff. Please check the Project Gutenberg web pages for current donation methods and addresses. Donations are accepted in a number of other ways including checks, online payments and credit card donations. To donate, please visit: www.gutenberg.org/donate. Section 5. General Information About Project Gutenberg™ electronic works Professor Michael S. Hart was the originator of the Project Gutenberg™ concept of a library of electronic works that could be freely shared with anyone. For forty years, he produced and distributed Project Gutenberg™ eBooks with only a loose network of volunteer support. Project Gutenberg™ eBooks are often created from several printed editions, all of which are confirmed as not protected by copyright in the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper edition. Most people start at our website which has the main PG search facility: www.gutenberg.org. This website includes information about Project Gutenberg™, including how to make donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.