Sens sans conseil et aussi sans prudence
Ce dit moyse
utinam saperent
En oultre plus dit pour l'intelligence
Du temps futur
et intelligerent
Novissima atq
ue
providerent
Pour ung chacun de bien faire advertir
Helas pourtant vueillons nous convertir
Considerons nostre fragilité
Et regardons nous jours qui sont si cours
Las nous voions guerre et mortalité
Venir vers nous las plus tost que le cours
Si tost aller et n'y voulons attendre
Las pensons y pour dieu sans plus attendre
O sentence de dieu salut portante
Par la quelle nous est instruction
De sapience et aussi confortante
De contenence humble amonition
De divine grace acquisition
Exaulcement aussi de penitence
Semblablement mirouer de providence
O de jesus nostre doulx createur
Et plasmateur
miranda bonitas
O de jesus nostre vray curateur
Et redempteur
maxima caritas
O du sauveur
dulcis benignitas
Qui ses servans de mort a vie a mis
Nous sommes serfs mais a dieu bien servir
Le temps passé feusmes trop negligens
Dont la grace n'avons peu desservir
De la quelle sommes tres indigens
Helas pourtant soions plus diligens
Le temps futur tant que serons en vie
Et de bien faire aions tousjours envie
Mauvais sommes et desservi avons
Mort plus que vie et si cognoissons bien
Que nous mourrons et l'eure ne savons
Ne de nous jours le nombre aussi combien
Et toutesfois pour nous mouvoir a bien
Qui a tout mal est tousjours different
Dieu nous conseille
utinam saperent
Qui est l'omme s'il a entendement
Qui ne se doyve en cueur trop resjouir
Quant il congnoist que de son sauvement
L'advise dieu comme icy peut oyr
Pour le fayre du royaume jouir
Lassus sans fin que ceulx possideront
Qui precepta sua
bien garderont
Pourtant sur tout les mandemans gardons
Studiose atq
ue
impleamus
De les briser bien nous contregardons
Sed devote ea diligamus
Et a yceulx
hic obediamus
Ou aultrement saint pol dit que nous sommes
Miserables sur tous les meschans hommes
Mais pour le mettre a execution
Il nous convient premierement savoir
Que nous devons de toute affection
Sur toute rien dieu en grant crainte avoir
Nostre prochain amer sans decevoir
Pareillement ce qui peut a dieu plaire
Et haïr tout ce qu'il luy peut desplaire
Or acomplir ceci on ne pourroit
Aucunement sans la grace acquerir
Mais qui sa grace acquerir bien vourroit
De cueur contrit le fauldroit requerir
Bien pur et net pour le moyen querir
D'avoir son aide et son conseil ensemble
Car par ces points nous l'aurons se me semble
Helas pourtant en estat nous mettons
En requerant a dieu misericorde
Et desoresmais chose ne commetons
Dont nous soions envers luy en discorde
Mais ung chacun de moyse recorde
Le saint prophete homme en dieu reverend
Ceste leçon
utinam saperent
O chers freres
queso que legitis
Retenés bien
et intelligite
Et inquantum deum diligitis
Oblivisci hec verba nolite
Car qui bien pense en ceste auctorité
Il mect remede en son temps advenir
Par quoy encore a bien peut parvenir
Car pour certain
hujus sentencie
Supradicte consideratio
Est medela false malicie
Superbie atq
ue
destructio
Similiter evacuatio
De venteté qui n'est que vanité
Parfection aussi de sanctité
Luxurieq
ue
effugatio
Et d'envie c'est toute extinction
Discipline atq
ue
constructio
Et de salut c'est preparation
Et pourtant dieu pour la salvation
Des negligens
ut bonum facerent
Dit a moyse
utinam saperent
Heu heu q
uam
pauci sunt
au monde
Qui sapiant
de dieu ceste sentence
Ne qui tiennent leur conscience munde
Ou qui portent de leurs maulx penitence
Ne qui facent auchune resistence
Contre la chair le monde et l'annemi
S'aucuns le font ce n'est pas a demy
Dieu que peu sont qui aient congnoissance
Que leur chair soit cendre et corruption
Ne qui pensent en leur ville naissance
N'a leur pechés n'a leur salvation
Encore moins qui recordation
Aient d'enfer ne de leur mort soudainne
Tant les deceoit ceste vie mondainne
Pourtant dieu veult que tousjours en prude
n
ce
Soit des pecheurs le cueur et la pensee
Et pource affin que par la providence
Sa majesté ne feust plus offensee
Par malice souuant d'eulx pourpensee
Et qu'a leur fin
bene concuperent
Dire leur fist
utinam saperent
Las et pourtant chers freres concevés
Ceste sentence et ne l'oubliés pas
Car vous sçavés et bien aparcevés
Que ce monde n'est que ung petit trespas
Ou nous courons trop plus tost que le pas
Sans y mettre provision future
Las pensons y comme a dit l'escripture
Trescher frere ceste admonition
Cum studio
de cueur ferme et estable
Et par grande deliberation
Conceoy souvant qu'elle est proufitable
Tesmoing moyse homme tant veritable
A tout pecheur qui bonne fin veult faire
Et ses briefs jours en bonne euvre parfaire
Car tout ainsi comme l'audeur d'encens
S'il n'est au feu tu ne sens propement
Ne plus ne moins des saincts escrips ton sens
La sentence ne conceoit nullement
Nisi primo sapias
clerement
Intelligas et sepe studeas
Novissima atq
ue
provideas
Ecce frater carissime tibi
Tria in hec ponuntur
cest science
Premierement
que ponitur ibi
Qui procede de vraye sapience
Intelligence et aussi providence
Ce sont trois temps que savoir te convient
Le temps passé le present et qui vient
Pourtant dieu veult cher frere que tu saches
Que la vie presente est fugitive
Pleine d'orgueil d'envie et d'autres taches
Toute pollue umbreuse et transitive
D'avarice corrumpue et chetive
Dont l'antree est plourable et douloureuse
Et l'issue terrible et langoureuse
Pource de tant que plus aparcevons
Ce perilleux monde estre miserable
De tant plus tost contempner le devons
Comme une chose orde et vituperable
Pour acquerir le païs pardurable
Lassus sans fin ou dieu tient son empire
Et ou nostre ame et nostre cueur suspire
Dieu veult aussi que tu penses comment
Tu es fragile et povre de nature
Et que du ventre yssis premierement
De ta mere trespovre creature
La quelle mere est terre et porriture
Et en la fin retourneras en terre
Ou y fauldra que ton corps on enterre
En la misere et povreté aussi
De ce monde tu entras devenu
Pleurant tes jours et aussi tout ainsi
Retourneras comme tu es venu
Puis que de eve naistre il t'a convenu
Qui fut creee en paradis terrestre
Et nee en terre il te fauldra terre estre
Doncques tes jours comme est dit
lugendo
In hunc mundum nudus introisti
Et en labour
ad mortem currendo
De jour en jour
transis et transisti
Et non obtant que
dives fuisti
Et habeas adhuc divitias
Quid valet hoc
puis que a mourir cy as
Substancia terrena
comparee
Perpetue et eterne vice
La quelle vie au peuple est preparee
Qui a bien fait et tout mal evité
Lequel de dieu est lassus invité
Ubi est pax et summum gaudium
Est charge et fés
et non subsidium
Comparata vita temporalis
A l'eternelle es cieux felicité
Sine fine promissa non malis
Sed electis
qui ont adversité
Aux quelz promise en la haulte cité
La couronne dieu qui sans fin vie a
Magis mors est dicenca q
uam
vita
Entens aussi car comme en la valee
De misere tu languis ung pou cy
Toute ta vie en decours tost allee
Tu es en peine en douleur et soucy
Malade ou vain de vertus povre aussi
Plein de peché du corps et de l'ame ort
En attendant prochainement la mort
Et après mort mangé seras de vers
Pource tousjours
vive deo gratus
Et nuyt et jour en recordant ces vers
Toti mundo esto tumulatus
Mundus corde transire paratus
Monstrant exemple
omnibus tibiq
ue
Car mort t'atant nuyt et jour
ubiq
ue
O co
m
me eureux l'omme et benoist sera
Et son ame plaisant a jesus christ
Qui nuyt et jour en son cueur pensera
Les proverbes qui sont cy en escript
Bien est conseillé celuy qui escript
Intelligit
ces choses
et videt
Novissima sapitq
ue
providet
Frater ergo time et diligas
Deum tuum
de cueur pur et parfait
Quid sapias et quid intelligas
Desoresmais advisé en ton fait
Ou aultrement tu es homme defait
Nisi serves supradicta dicta
Que dieu pour nous a moyse escript a
Restat ergo modo providere
Novissima
par le conseil du sage
Qui nos in hoc voluit docere
En ses escrips disant en son langage
Que nous devons remambrer en courage
Tousjours la fin aussi en tous nous euvres
Pource cher frere il fault qu'en cecy euvres
Et par ainsi tu ne pecheras point
Ineternum.
par quoy sauvé seras
Mais encores scavoir te fault ung point
Par le quel point sauvement tu auras
C'est qu'a present tu t'apareilleras
Disant je suis tout prest et conseillé
D'estre au conseil de dieu appareillé.
Videlicet ut pacis capiam
A cetero
le chemin et la voye
Le temps passé
etiam sapiam
Et le present
intelligam
et voye
Novissima pariter
je pourvoye
Que nous devons le temps futur entendre
Si qu'après mort l'ame a dieu puisse rendre
Sed dic michi que sunt novissima
Providere nisi terribilis
Illa hora et amarissima
In qua tua anima labilis
Pauperrima et miserabilis
Hors de ton corps tramblant vouldra saillir
Quant les mauvais la vouldront assaillir
Croy moy doncques toy qui peus ceci lisre
Car se tu as consideration
Du temps futur mieulx ameras elisre
D'y pourveoir pour ta salvation
Que du monde la domination
Car comme lon dit la fin tousjours couronne
Mais qui n'y pense il n'aura ja couronne
Frater ergo si bene saperes
Que dei sunt
tousjours dieu doubteroies
Semblablement
si intelligeres
Que mundi sunt
les cieux desireroies
Et en après se tu consideroies
Que c'est d'enfer ta fin
provideres
Et grant horreur en ton cueur
haberes
Qui est celuy de tous tes chers amis
Et bons parens qui viendra par effort
Pour toy aider a ta mort
cum armis
Et gladiis
pour te donner confort
Certainement tu n'as parent si fort
N'amy aussi ne verras a quelque heure
De ton trespas qui t'aide ou te sequeure
Deça dela assés regarderas
Vers les hommes quant tu vouldras mourir
S'ilz t'aideront mais tu ne trouveras
Parent n'amy qui vueille a toy courir
Ne qui te puisse aider ne secourir
Mais ton refuge adoncques seulement
Sera sans aultre. A dieu totellement.
Cher frere
ergo
pense
quo timore
Est ce bon dieu
ubiq
ue
timendus
Repense aussi
tecum cum amore
Est ce seigneur
semper diligendus
Quo honore
aussi
venerandus
Qui en la mort seul donne
auxilium
Et paradis
post hoc exilium
Reduc ergo
et remembre en tes fais
L'eure et le jour souvant que tu mourras
Et des mesfais que piessa tu as fais
Confesse toy le plus tost que pourras
Car pas icy tousjours ne demourras
Pource avant mort fais icy tant de bien
Qu'après trespas ton ame voise bien
Hujusmodi consideratio
Certainement conceoit contriction
De cueur contrit
venit compunctio
Compunctio
prent contemplation
Et tout selon la bonne affection
Qu'on a en dieu par seure confience
De son aide sa bonté et clemence
Frere dy moy qui est la chose au monde
Sur tous les ars qui plus facillement
Face tenir en conscience munde
Homme et femme comme avoir pensement
Qu'on devient terre après trespassement
Memoire aussi de sa corruption
Et de la mort consideration
Qui bien y pense il n'est iniquité
Qu'il ne boutet tout hors de son courage
Et qui ne vive en toute humilité
Et saincteté tout le temps de son aage
Jusqu'a la mort sans faire a nul dommage
Par la quelle pour tout conclure en somme
Et en effect est fait homme non homme
Hoc est quando ipse egrotescit
Egrotando
tousjours en acroisance
Monte son mal et lors
expavescit
L'omme pecheur tant qu'il pert cognoissance
Et tellement que sa force et puissance
Et sa vertu commance a decliner
Ainsi se veoit en declinant finer
Et a ceste heure horrible et perilleuse
Que homme et femme qui sont vivent
nescit
Advient chose terrible et merveilleuse
C'est que le cueur pleure
et contremescit
Le vis palist
facies nigrescit
De plus en plus les yeulx
tenebrescunt
Tournent en teste
et aures surdescunt
En oultre plus la teste
constupescit
Le sens default et de riens ne souvient
Le nes sent mal
virtus exarescit
Langue et bouche begue et muet devient
La chair flatrist au cueur fraieur advient
Et adoncques
carnis pulchritudo
Efficitur fetor et putredo
Et sic homo in vermem vertitur
Dedans la fosse ou on le fait descendre
Et ibidem statim resolvitur
Comme dit est en porriture et cendre
Vela fin que nous devons attendre
Nous savons bien que nous trespasserons
Et ignorons quant au trespas serons
Ecce frater satis spectaculum
Horribile
et trop espoventable
Sed est nimis utile speculum
Qui bien s'i mire et a tous proufitable
Pource pensons a ce jour redoubtable
Et en vers dieu faisons si bon devoir
Qu'en bon estat nous vuelle recevoir
Quia nulla artis medicina
Sic superat
d'orgueil le mauvais vice
Nec revocat sic ulla doctrina
A peccato nec sic vincit
malice
Nec extinguit
luxure n'avarice
Nec sic calcat mundum
la vaine gloire
Comme d'avoir souvent de mort memoire
Est il chose comme homme mort plus ville
Du quel le corps
nunquam permittitur
Estre en maison troys jours en champs ou ville
Pour la pueur mais hors
projicitur
Et au parfont de terre
absconditur
Comme charougne a la terre donnee
Et vermibus
viande abandonnee
Erubescat igitur
l'orguilleux
D'elacion
plenus et cecatus
Et timeat
dieu qui est merveilleux
Le maleureux pecheur
de ire inflatus
D'impatience
etiam fedatus
Au quel plus plaist de platon la science
Que du sage la vraie sapience
Plus prend plaisir a recorder les fables
Des poetes que la sainte doctrine
Du saint apostre et des saints inefables
Donc la terre l'escripture enlumine
En delaissant la sainte loy divine
Et aime mieulx la loy mondainne eslire
Que recorder les faictz des saints et lire
Ex simili studio
les mondains
Scientiam
semblable a eulx convient
C'est qu'ilz cueillent tant sont folz et soudains
Fueilles assez mais les fruitz ne receoivent
Non virtutes sed verba
apparceoivent
De parolles ilz battent l'air souvent
Et proferunt
leurs parolles au vent
Ilz langaigent et en langaigent souvent
Par ventence sans l'escripture ensuivre
Leur voix en l'air tant que l'air en resonne
Et de ceulx dit le psalmiste en son livre
Turbati sunt et moti sunt
comme yvre
Leur sapience est toute devouree
Car d'eux n'est point science savouree
Comme ung homme yvre ignore ce qu'il fait
Et ou il va ainsi semblablement
Les mondains clers folz seculiers leur fait
Ne congnoissent au monde auchunement
Tant est leur sens et leur entendement
Mis et bouté en la mondanité
Et leur science en folle vanité
Scientiam satis multiplicant
Les grans livres et volumes ilz hument
Et devorent
sed male applicant
Car en leurs sens se conturbent et fument
Et d'eulx maismes si grant orgueil presument
Que leur science ilz ne pensent n'entendent
Jusqu'a la mort la fin a quoy ilz tendent
Et par ainsi les mondains clers s'abusent
Qui de leur fin ne pensent ou font conte
Et de leur sens et science mal usent
Par quoy des siens dieu lassus ne les conte
Et de telz clers saint bernard nous raconte
Et dit moult sont qui bien science acquerent
Mais pou en sont qui conscience querent
O utinam
telz clers bien savourassent
Entendisse
n
t ces choses et pourveussent
Et nuyt et jour le temps considerassent
Passé present et futur comme ilz deussent
S'ainsi estoit meilleurs qu'ilz ne sont feussent
Mox percussi divino amore
Preterriti etiam timore
Et de l'estude aussi de vanité
A l'estude de verité viendroient
De l'estude de curiosité
A l'estude d'umilité iroient
Et par ainsi le chemin ilz prendroient
Scientie et sapientie
En delaissant
viam stulticie
De l'escolle luxure et pravité
Ad studium irent bonitatis
Et de l'estude aussi d'iniquité
Ad studium irent sanctitatis
Domo domum irent discipline
Car utile est qu'on soi discipline
Comme au psaultier par david recité
Au second pseaulme est ainsi qu'on peut lire
Le quel david dit
apprehendite
Disciplinam
affin que noustre sire
Encontre vous auchunement ne se ire
Et perissiés hors de la juste voie
Pour prendre celle en la quelle on forvoye
O q
uam
illa
terrible et redoutable
Sentencia
est a ceulx qui feront
La voulenté de leur chair deletable
Et en ce monde affligés ne seront
Qui etiam non apprehenderunt
Disciplinam
dont moyse nous dit
Qu'ilz periront comme peuple maudit
Notanda sunt
tresattentivement
Ista verba
comment l'ame sera
Du tout pardue après trespassement
Qui devant mort ne la corrigera
Affligera ou disciplinera
C'est assavoir
per correctionem
Morum cordisq
ue
contrictionem
Et ideo qui non susceperit
Discipline et penitentie
Modo tempus
dela
non poterit
Trouver n'avoir lieu
indulgentie
Apud deum nec tempus gratie
Car qui pourra vivant et ne vourra
Quant il vourra mourant il ne pourra
Quapropter nunc
pecheur plain de peché
Charougne a vers que les vers point ne lessent
Corps orguilleux de tout mal enteché
Dont nuyt et jour les vermines se paissent
Qui s'engendrent de toimesmes et naissent
Vanité gette et d'orgueil te repren
Luxure fuy et discipline pren
Ne pereas
de la voye salvable
Qu'ont tenu ceulx
qui sunt in superis
Et regarde comme homme resonnable
Quid fuisti quid es et quid eris
Videbis q
uod
modicum cineris
Tu fus tu es et après mort seras
Ce sauras tu quant tu trespasseras
Se tu penses que feras et com fus
Ante ortum
et après naissement
Jusqu'a ta fin te trouveras confus
Tant y verras grant esbaïssement
Se tu du tout metz en ton pensement
Comme après mort seras et deviendras
Pour povre et vil tousjours tu te tiendras
Une aultre chose encore a penser as
Quod non pensas necq
ue
pensavisti
C'est q'ung temps fut
in quo tu non eras
Et postea in hoc mundo tristi
Ou maternel ventre fait
fuisti
De matiere orde
et cum putredine
Menstruali nutritus sanguine
Et en ce ventre ou tant vil habitoies
Ante ortum
d'une orde peau qu'on nomme
Secundina
envelopé estoies
La quelle peau vest au ventre tout homme
Qui vient d'adam qui mordit en la pomme
Ainsi pour vray vestu et aourné
Vins en ce monde en pleurs et paour né
Nec memores quomodo sit vilis
Ta naissance miserable et fragile
Et ta nature
abhominabilis
Homme mortel meschant homme et debile
Mais que te vault estre expert et abile
Ne ton angin ne ta subtillité
Quant rien ne vient a fruit ne utillité
Rien ne te vault l'entendement parfont
Raison aussi ne le doit pas permettre
Car vraiement quatre choses te font
Frater quid es
du tout en oubli mettre
Comme escript est cy dessoubz en beau mettre
C'est assavoir
forma mundi favor
Opes atq
ue
juvenilis fervor
Hec quatuor
de toy
abstulerunt
La congnoissance
ibi totaliter
Et de ton cueur les yeulx
velaverunt
Et clauserunt etiam taliter
Que tu ne peus les choses
firmiter
Suspicere
qui sont celestielles
Tant est fiché aux choses temporelles
Quid est homo ex parte corporis
Vis tu ferre
saint bernard nous afferme
Dicens homo est saccus stercoris
Viande a vers tresord et puant sperme
Conceu et fait de matiere et de germe
En tenebres au ventre de la mere
Dont la naissance est a la mere amere
Pour quoy est l'omme orgueilleux et pervers
Pour quoy monte homme en exaltation
Vita labor
et tribulation
Nasci pena et mori
necessaire
Puisque orgueil est a son ame adversaire
Homme orguilleux pour quoy te devestu
D'umilité qui tant est gracieuse
Cur impugnas
pour quoy aussi ves tu
Ta chair pouldre de chose precieuse
Pour quoy mets tu chose delicieuse
Sur ta chair cendre en delictz trop nourrie
Puis qu'en terre sera bien tost pourrie
Qui nagaires bonne chere faisoient
Avecques nous en joye et en liesse
En grant honneur et en grant bruit estoient
N'a pas longc temps en pompe et en richesse
Or ont passé leur temps et leur jeunesse
Et d'eux au monde on n'a point de demeure
Fors que la cendre et les vers ne demeure
Ergo modo
pense qui sont et furent
Hommes furent comme toy et regnerent
Semblablement ilz mangerent et burent
Ainsi que toy et rirent et jouerent
In bonisq
ue
dies suos
menerent
De harpe aussi et d'aultre instrument dirent
Et in puncto
es enfers descendirent
Ibi caro eorum vermibus
Est donnee se sont choses creables
Et leur ame pardela
ignibus
Deputatur
entre les mains des dyables
Jusques atant que leurs corps miserables
Et leur ame après le jugement
Soient en feu perpetuellement
Car pour certain tous ceulx qui en delices
In hoc mundo socii fuerunt
Et qui une amour conjoinct et lie en vices
Une peine mesme aussi souffreront
Certainement ceulx
qui peccaverunt
Ensemble icy et sont en couple uniz
Seront dela d'une peine pugnis
Leur gloire icy que leur a proufité
Richesse aussi
brevis leticia
Puisqu'en enfer sont en necessité
Que leur valut
mundi potentia
Mala
aussi
concupiscentia
Grande famille et volupté charnelle
Puis que dela sont en peine eternelle
Ou est david et salomon le sage
Absalonq
ue
vultu mirabilis
Ou est sanson de force et de courage
Tant merveilleux
dux invincibilis
Et alixandre
incomparabilis
Aristote tules et sa loquence
Dont tant piteuse en fut la consequence
Tot presules
et roys
mundi hujus
Tot principum ducumq
ue
forcia
Mort mect au bas mort mect en la fin jus
Car contre mort trop peu de force y a
Tot proceres tot retro spacia
En ung moment
omnia clauduntur
Revertuntur
en terre
et truduntur
Les empereurs roys ducs contes et princes
Jadis regnans que sont ilz devenus
Les empires royaulmes et provinces
Tindrent soubz pié mais
nichilominus
Laissé ont tout et en terre mis nus
Mangés de vers sont et leurs corps pourris
Qui furent tant bien parés et nourris
Aux eglises regarde et cymetieres
Sans ceulx qui sont autre part entassés
Et aux charniers et aux aultres frontieres
Les ossemens de tant de trespassés
Las en verras d'ungs et d'aultres assés
Mais tu n'auras d'aucun d'eux congnoissance
Qui fut noble homme ou vilain de naissance
Se descendu tu es du sang royal
Ou d'aultre lieu que bien noble on renomme
Pour quoy veus tu se tu n'es desloyal
Que virtueux et noble homme on te nomme
Noble et vilain vindrent du premier homme
Mais tant soit noble il est vilain parfait
Qui vilain fait a son escient fait
T'est il advis que sus en paradis
Soit saint pierre pourtant s'il fut pecheur
Plus bas q'ung roy si le roy fust jadis
Plus hault que luy sur terre homme pecheur
Tu n'orras pas prescher a bon prescheur
Q
uo
d acceptor personarum
soit dieu
Car les plus bas met souvent en hault lieu
Mais les mauvais puissans
evidenter
Divers tormens souffreront puissanment
Juxta illud potentes potenter
Patientur
tormens incessanment
Par l'euvangile on peut savoir comment
Ceci est vray ou il fait mention
De divite
mis a dannation
Ubi risus ubi jactantia
Ubi jocus et ubi
arrogance
De tanta hic
joye
et leticia
Quanta illic
et tristesse et meschante
Après luxure arderont sans doubtance
Et de leur feste et exultation
Seront de la en tribulation
Car comme on dit
in apocalipsi
Ceulx qui deça se glorifieront
En delices
in inferno ipsi
Divers tourmens sans fin endureront
Et de tant plus comme ilz s'exausseront
De tant plus fort seront humiliés
Et des liens de l'ennemi liés
Et tout ce qu'est escheut ou escherra
Aux desusdictz te peut il eschoir
Et s'il leur est mescheut ou mescherra
Semblablement te peut il meschoir
Et aussi bien peux errer et choir
Comme ilz sont cheus et comme ilz ont erré
Car tu es homme
et de limo terre
In quam terram cras vel modo
Carissime frater reverteris
Car tu mourras et ne sçais
quomodo
Ubi quando nec diem funeris
Et postqua
m
scis q
uod
tu morieris
Et mort t'atant par tout pour deceveoir
Soies par tout prest pour la recevoir
Soions tousjours comme les sages vierges
En attendant les peuples desja prests
Qui leurs lampes plus ardantes que cierges
Tindrent cleres en faisant leurs aprests
D'estre aux nopces bien parees après
Le grant seigneur
sponsum immortalem
Affin d'entrer dedans hierusalem
Trescher frere
si carnem sequeris
C'est a dire luxure auchunement
Saiches pour vray
q
uod
punitus eris
En l'autre monde
in carne
proprement
Si vestemens tu quiers pour ornemens
Ta couverture
erunt vermes certe
Et tinea sternetur super te
Car dieu qui est tresraisonnable juge
Fort patient et doulx ne jugera
Jamais homme ne n'a jugé ne juge
Tant est juste que selon qu'il fera
Car il rendra
secundum opera
Peine aux mauvais qui l'auront desservi
Et joye aux bons qui l'auront bien servi
Qui diligit
plusfort
mundum istum
Qui tant est faulx mauvais et decevable
Quam dominum nostrum jesum christum
Et a ce ciel plus que cloistre aggreable
Gloutonnie que abstinence amiable
Et est lubrique en la fin
peribit
Le dyable ensuyt et en enfer
ibit
O du pecheur
anima misera
Qui n'as icy tant soit peu de demeure
O peccator miser considera
Diem mortis
que tu ne sçais ne l'eure
Ton temps pardu sur toutes choses pleure
Meditando
en quelle part yra
Ta povre ame quant elle partira
Quant tu seras
in ultima gravi
Morbitate et ad mortem ductus
En attendant que tu soies ravi
Inter maris infernalis fluctus
Ubi semper clamor est et luctus
La quelle mer est de pleurs toute pleine
Pense en quel dueul tu mourras et quelle peine
Pense en quelle peine et en quantes douleurs
L'omme est
inter longa suspiria
Pense comment en diverses couleurs
Son visage est quant tel martire y a
Quantes paours
quanta martiria
Sentira l'omme et plus qu'oncques martir
Quant de son corps vouldra l'ame partir
Tunc veniet corpus in palorem
Viande a vers
erit atq
ue
vermis
Convertetur
en cendre
et fetorem
Quant il sera en terre o les vers mis
Tout alentour seront les ennemis
Dudit corps mort pour en devorer l'ame
Devant qu'il soit en terre soubz la lamme
Au jour aussi te vueille souvenir
Du jugement
q
uam
subito
doit estre
Au quel fauldra bons et mauvais venir
C'est assavoir les bons du costé destre
Et les mauvais d'autre part a senestre
Pour rendre a dieu conte des dictz et faictz
Qu'on aura cy pourpensés dictz et faicts
Et en ce jour horrible qui viendra
In corpore prout gesserimus
Soit bien soit mal dieu alors nous le rendra
Et secundum hec que fecerimus
Ibi ante judicem erimus
Rationem omnes reddituri
Et sa sentence aussi
audituri
C'est assavoir venés
benedicti
Ceste parolle aux benoists dieu dira
Et aux mauldis
ite maledicti
Les quelz sans fin en enfer pugnira
En corps et ame ainsi chacun ira
En gloire ou peine en sa place ordonnee
La sentence du grant juge donnee
La ne vauldroit
cu
m
presentaberis
Sillogismes fallaces ne deffences
De tes pechés
tu accusaberis
Non pas des faitz ne des gra
n
des offences
Tant seullement ne de ce que tu penses
Corde malo et malicioso
Et de omni verbo occioso.
Angelorum cunctis agminibus
Tous tes pechés clerement
patebunt
Similiter et sanctis omnibus
Visiblement
ibi apparebunt
Et sic omnes
tes vices
videbunt
Non seulement
cogitationum.
Sed actuum et locutionum
Ille judex
ton accuseur sera
Et
ante
luy les saincts te jugeront
Ta conscience aussi te jugera
Tous esperis la contre toy seront
Bons et mauvais les quelz t'acuseront
Et
sic deus tunc non parcet tibi
Angustie erunt
par tout
ibi
Car d'ung costé sera mis chacun vice
En t'acusant de ton iniquité
Et d'aultre part la terrible justice
Subtus patrus
d'enfer l'obscurité
Judex saper
en furosité
La conscience ardente par dedans
Et par dehors
totus mundus ardens
Helas helas toy pecheur en ce point
Deprehensus ou fouyras n'en quel place
La ne verras ne ne trouveras point
Qui voie ou lieu pour t'en fuir te face
Dieu te verra ou quel devant la face
Intollerable
erit apparere
Et impossibile etiam latere
La sentence du juge redoutable
Sur toy pecheur maudit et douloureux
Semel lata
sera inrevocable
Ce jour amer terrible et paoureux
Et tost après les bourreaux rigoureux
Sentencia data
intollerable
Te meneront en torment pardurable
In caminum ignis exardentis
Et in stannum sulphuris fetentis
Carnem tuam ignis exterius
En cest estain de souffre brulera
Semblablement
vermis interius
Ta conscience en enfer rongera
Torment en feu et souffre fouffrera
Ton ame et corps ainsi
sine fine
Se tu as mal ton temps ici finé
Tous les tormens d'enfer surmontera
Privatio dei visionis
Ceste chose moult te tormentera
Pareillement
et carere bonis
Que tempore acquisitionis
C'est assavoir
dum vivens fuisti
Acquirere bene potuisti
Ibi loca patebunt penarum
Atq
ue
chaos
qui est confusion
Caligoq
ue
umbra tenebrarum
Douleur fraieur horrible vision
Angoisse et dueil haine et division
Chartre obscure
tribulationis
Et profond lac
desperationis
La en ardeur
inextinguibili
Seront ouys
clamores flentium
La en froidure
inenarrabili
Seront ouys
stridores dentium
La on orra
voces gementium
Peccatorum dice
n
tium ve ve
Ve iterum ve filiis eve
Ubi ignis est materialis
Inestinguibile
et froit inenarrable
Famus fetor vermis immortalis
Timor dolor
et peine intollerable
Mors corporis et anime
durable
Tousjours sans fin sans espoir ne mercy
Et plus d'orreur qu'on ne peut nommer cy
Quis poterit
en ce feu perilleux
En tenebres
aut cum sempiternis
Ardoribus
n'en ce froit merveilleux
Habitare
labas
in advernis
Ou les dannés sont tous ars et ternis
Et facies eorum combuste
Qui in vita vixerunt injuste
Quant ses tormens desusdictz treshorribles
L'ame en enfer
que dannata erit
Endurera et d'aultres trop terribles
Plusquam dici potest nec poterit
Audierit viderit senserit
Qualis quantus et q
uam
magnus timor
Terror erit
en elle
atq
ue
tremor
Que mens potest penas et tormenta
Cogitare nec lingua dicere
Quis poterit
en si grans
tormenta
Habitare sive remanere
Et quis liber potest exponere
Ce que saint pol en enfer ravi vit
Qui des vivans
nunc in terra vivit
Quid proderunt illis cupiditas
Dignitates sive potentie
Quid proderunt pompaq
ue
vanitas
Mundi hujus sive jactantie
Quid proderunt illis scientie
Des bien d'aultruy faulse detention
Honorisq
ue
mondaine ambicion
Quid proderunt illis appetitus
Luxurieq
ue
superfluitas
Cibi sive cibus exquisitus
Dulcis potusq
ue
curiositas
Du vestement
et speciositas
Du chaussement
etiam crapula
Ebrietas procedens a gula
Quid proderunt
je t'en fais la demande
Des haulx chateaux
alta constructio
Quid proderunt
aussi je te demande
Des grans maisons
hic acquisitio
Quid proderunt tunc aggregatio
De richesses puis qu'en la fin tout fault
Et que raison rendre au juge il en fault
Nunquid in hoc mundum defecerunt
Dimittendo se sic decipere
Nunquid viam
aultre
potuerunt
Que ceste cy plus seure
arripere
Et animam suam eripere
Rugientis de ore leonis
Et de fauce
horrendi drachonis
Hanc igitur lectionem legat
Qui d'amour est mondaine
implicatus
In peccatis atq
ue
se protegat
Qui du vice est lubrique
excecatus
Au quel plus plaist tant est
hebetatus
Cadaveris lubrici voluptas
Que de son ame
integra sanitas
Et plus studet hanc vitam terrenam
Circa martham
dont la vie est active
Quam celestem circa magdalenam
Dont la vie es est cieulx contemplative
Et de mundo
qui vie est transitive
Vult plus esse et lege mundana
Quam de christo et lege divina
Consideret diligenter
et voye
Metuendam semitam
qu'il tiendra
Et bien specule en ce mirouer la voye
Et premissis
en la quelle il viendra
Et le chemin tenebreux qu'il tiendra
Les mains aussi par ou le fault passer
Quant de ce monde il vouldra trespasser
O peccator stultissime quare
Discrectio tua ista nescit
Quare non vis hec considerare
Et pource en toy grant orgueil
tumescit
Luxuria etiam flamescit
Avarice
similiter ligat
Et en ton cueur paresse
fatigat
Ta pensee
non ista cogitat
Et envie
non vult hoc videre
Par quoy en toy
ira exagitat
Atq
ue
gula vult te occidere
Quia non vis ista previdere
Pource en ton ame ou grant malice y a
Excruciat semper malicia
Quam horrida et q
uam
innumera
Sunt tormenta
c'est chose non pareille
Frigus ignis fetor et cetera
Ton oeil ne vit ne oyt ton oreille
En ta vie l'orreur qu'on t'apareille
Après ta mort si bien tu ne t'en gardes
Et ne t'en chault ne point tu n'y regardes
Et idcirco sepe efficeris
Comme a tout mal faire
destinatus
Hic contumax igitur tu eris
In tormentis predictis dannatus
Puis que tu es ainsi
obstinatus
Et ne te veulx de tes pechés douloir
Ne n'as aussi de t'amender vouloir
Quia sicut vir contempciosus
A divino opere recedis
Et ut piger et accidiosus
Negligenter ad deum accedis
Ne ne prens garde a ses faits n'a ses ditz
Ne n'as vouloir d'y mettre amendement
Ne de obeir a son commandement
Quare quia providere non vis
Devant trespas
post mortem quo vadis
Ne pensement tu n'as n'en toy advis
Que ton temps passe
et in mortem cadis
Dont la gloire tu pers de paradis
Ou les benoists en la joye ou iront
De quatre dons principaulx jouiront
Premierement de
de fruitione
Dei patris
les benoists
gaudebunt
Secundement
et de visione
Celi justi qui ut sol fulgebunt
Auront liesse
et quia videbunt
Assés d'aultres creatures moult belles
Precieusement cleres et corporelles
Après de la glorification
Du corps avec l'ame
similiter
Quant ilz auront l'association
Des saintz anges et hommes
pariter
Quant ilz pourront
perpetualiter
Lassus user de ces dons et jouir
Bien se devront amer et resjouir
Pater atq
ue
natus cum flamine
Ung dieu en trois
ibi videbitur
Face a face
sine velamine
amabitur atq
ue
laudabitur
Ibi justus
sans fin
letabitur
Car il aura jeunesse sans vueillesse
Vie sans mort et joie sans tristesse
La est tousjours lumiere sans tenebre
La est beauté
que nunquam palescit
La tousjours feste et nopces on celebre
La est amour
qui nunquam tepescit
Senectusq
ue
que nunquam marcescit
Ibi nullus gemitus auditur
Ibi malum nec dolor sentitur
La
omnia genera insonant
Musicorum
en jubilation
La
immensa domini resonant
Epulantes
en exaltation
La oit on voix de consolation
Quia deus
qui les acorde y a
Mis paix sans fin
sine discordia
Ibi nichil quod deest amatur
Rien ne deffault
in illa curia
Ibi nichil quod absit optatur
La est tout bien
sine penuria
La
voluntas sine injuria
Regnum sine commutatione
Et paix
sine perturbatione
Et en ce lieu ou est
leticia
Pax caritas fides fortitudo
Prudentia et temperantia
Justicia et mansuetudo
En deux s'estent
hec beatitudo
C'est qu'on est las de tout mal en l'asence
Et de tout bien aussi en la presence
Saint paul qui fut
spiritualiter
Raptus dicit oculus non vidit
Nec audivit auris similiter
Neq
ue
in cor hominis ascendit
Hoc quod deus hic
sa jus
descendit
Preparavit diligentibus se
Lassus es cieulx comme ung tresor muscé
O q
uam
felix
l'ame la hault
erit
Que videre deum creatorem
Ipsum patrem luminis poterit
Siderumq
ue
lune conditorem
Prepotentem cunctorum factorum
Sempiternum solem justicie
Genitoremq
ue
sapientie
Frater michi dic supplico tibi
Quantum festum quanta jocunditas
Qualis amor esse potest ibi
Que dulcedo quanta suavitas
Quantus splendor que lux que caritas
Ou on voit dieu
lumen in lumine
Dont paradis est tout enluminé
Ibi est lux
enluminant le jour
Et perennis vita viventium
Dulcis melos
sans fin et sans sejour
Patriaq
ue
dux redeuntium
Et corona spes morientium
Morientes pro christi nomine
Qui passus est mortem pro homine
La est honneur
decus et dignitas
La est
candor lucis estivalis
Vernalisq
ue
semper amenitas
Et abundance aussi
autompnalis
La est repos sans fin
hiemalis
La voit on gloire et chose après mort telle
Qu'oncques ne vit creature mortelle
O doulce vie
o vita vitalis
O superna et clara civitas
Ou est
vita semper memoralis
Sine morte atq
ue
securitas
Et secura semper tranquillitas
Tranquillaq
ue
aussi joieuseté
Et jocunda
sans fin beneureté
Felix
aussi la est
eternitas
Eterna lux
joie et beatitude
Et beata spes nostri trinitas
Qui nous a fait a sa similitude
Et jectés hors de mort et servitute
Et de chartre infernale et maudite
Pour nous donner la vie dessusdicte
En la quelle benoiste et sainte vie
Perducat nos creator cunctorum
Et après mort soit nostre ame ravie
Inter choros omnium sanctorum
Angelorum et archangelorum
Ou nous puissons voir sans fin sa face
Amen amen amen ainsi se face
De par le roy de justice assaulx faits
Soubz l'estendart paré d'aversité
De q
ue
rir armes so
n
t souve
n
t pour les faits
Du peuple enflé et plein d'iniquité
Rempli d'orgueil vuide d'umilité
Dont mainte eglise illustrante et cité
Mise a esté bas arse et desconfite
Et mains vaillans la saison preterite
De glesve occis pourtant chacun s'acquite
Et selon dieu vive desores mais
Destruite ainsi sera guerre mauldite
Par ce moyen nous aurons tousjours paix
Pense ung chacun qu'il portera son faiz
Et qu'après mort sera resuscité
Pour rendre a dieu conte de ses meffais
En jugement ou il sera cité
La luy sera tout son temps recité
La dieu dira aux benoists
venite
Et aux maudis
ite
ceste voix dicte
Chacun aura droit selon son merite
Les mauvais gloire et lyesse infinite
Et les dannés tristesse a tousjours mais
Las pensons y car c'est chose licite
Par ce moyen nous aurons tousjours paix
Prince mortel nostre vie est petite
Et nous suit mort a tout son dart subite
Pourta
n
t faisons des biens plus qu'oncques mais
Ta
n
t qu'après mort nostre ame es cieulx h
ab
ite
Par ce moien nous aurons tousjours paix
Las et pour quoi prens tu si grant plaisir
Home abusé plain de presumption.
En ce faulx monde ou n'a que desplaisir.
Envie orgueil guerre et dissention.
Qui maleureuse est ton affection
Que penses tu as tu plus grant envie
De vivre en doubte en ceste courte vie
Qui les mondains a la mort d'enfer maine
Que seurement vivre en vie certaine
Las tu sces bien se tu n'es insensible
Que c'est chose forte voire impossible
D'avoir ça jus ton aise entierement
Et après mort lassus pareillement
Helas pourta
n
t change condition
Et te ravise ou tu es aultrement
Homme deffait et a perdition
Le quel veult tu ou vie ou mort choisir
Choisi des deux tu as discretion
Ayme tu mieulx de ton corps le desir
Pour ton ame mettre a dampnation
Que vivre un peu en tribulation
Et qu'après mort soit ton ame ravie
En gloire es cieulx qui de nul deservie
Estre ne peut en ceste vie humaine
S'il ne laisse terre avoir et demaine
Et pere et mere et tout s'il est possible
Et vivre en paine et en labour terrible
Ensuiva
n
t dieu tousjours pacie
m
ment
C'est le chemin qui conduit seurement
Après trespas l'o
m
me a salvation
Et qui va aultre il va a de
m
pnement
Ho
m
me deffait et a perdition
Cuide tu ci tousjours avoir leisir
D'avoir pardon sans satifation
Et toute nuit en beau lit mol gesir.
Puis asejours sans operation
Passer le jour en delectation
Tant que du tout ta char soit assouvie
Penses tu point qu'il faille qu'on define
Helas oi car mort vendra soudaine
Et prengne fin la plaisance mondaine
Une heure a toi atout son dart horrible
Si tresacop co
m
me chose invisible.
Que pas n'auras lesir aucuneme
n
t
De dire a dieu
peccavi
seulement
Ainsi morras tost sans contricion
Dont tu seras par divin jugement.
Ho
m
me deffait et a perdition
Homme en peril saiches certainement
Que se tu n'as aultre vouloir briefvement
De t'amender n'autre devotion
Tu te verras ung jour subitement
Homme deffaict et a perdition
Puis qu'ansi est qu'il nous faille fenir
Et après fin conte a dieu de tout rendre
Las desoresmais vueillons nous maintenir
Si saintement sans taiche et sans mesprendre
Qu'a l'eure horrible ou mort nous vouldra pre
n
dre
Nostre povre ame a present vicieuse
Soit de vertus tant riche et precieuse
Que voler puisse en la haulte cité
Ou est plaisir joie et felicité
Salut vertus feste et paix pardurable
Vie sans mort beauté santé jeunesse
Le pris povoir et force insuperable
Qui tousjours dure et qui jamais ne cesse
Pourtant vueillons par cueur bien retenir
Tous ces poins cy et a bien faire entendre
Siqu'après mort nous puissons parvenir
Au hault royaume ou nous devons tous tendre
Qui tant riche est que sens ne peut comprendre
La voit on dieu o face glorieuse
La oit on son o voix melodieuse
La ont les corps impassibilité
Agilité clarté subtillité
Et les ames sapience admirable
Puissance honneur sureté et lyesse
Concorde amour et gloire inseparable
Qui tousjours dure et qui jamais ne cesse
Las nous voions tous les jours mort venir
Qui est la fin que nous devons attendre
Et ne sçavons que puent revenir
Les esperis quant les corps sont en cendre
Les bons vont sus les mauvais fault desce
n
dre
En une chartre obscure et tenebreuse
Ou est vermine immortelle angoisseuse
Misere ennuy faulte et necessité
Faim soif pleur cri et toute adversité
Horreur fraieur paeur inenarrable
Mort sans mourir desespoir et tristesse
Feu sans lumiere et froit intollerable
Qui tousjours dure et qui jamais ne cesse
O mauvais riche enflé d'iniquité
Rude aux povres las que t'a proufité
Ton riche habit ta plantureuse table
Puis que tu es povre pour ta richesse
Et as soif ore et faim insaciable
Qui tousjours dure et qui jamais ne cesse
Puis qu'ansi est que la mort soit certaine
Plus qu'autre rien terrible et douloureuse
Et que chose ne peut estre incertaine
Plus qu'en est l'eure horrible en angoisseuse
Et soit si briefve et partant perilleuse
Las nostre joie en ce val miserable
Il m'est advis pour le plus convenable
Que nous devrions du tout entierement
Mettre soubz pié ce monde pou durable
Pour bien mourir et vivre longuement
Delaissier doit toute joie mondaine
Et mener vie humble et religieuse
Qui monter veult a la tressouverainne
Cité des cieulx qui tant est glorieuse
La contempler doit tousjours l'ame eureuse
Qui aime dieu et het euvre de dyable
Suivre les bons estre a tous charitable
Soy confesser souvent devotement
Et messe ouyr qui tant est proufitable
Pour bien mourir et vivre longuement
Trop s'abuse tout homme qui demaine
Orgueil en luy et vie ambicieuse
Quant il sçait bien que la mort tout amaine
Qui vient souvant soubdainne et merveilleuse
Mais doit penser la passion piteuse
Du redempteur et la peine doubtable
D'enfer sans fin qui est inenarrable
Le jour hatif du divin jugement
Et ses pechés comme sage notable
Pour bien mourir et vivre longuement
O mortel homme et ame raisonnable
Se tu ne veulx estre après mort dannable
Tu dois le jour une fois seulement
Penser du moins ta fin abhominable
Pour bien mourir et vivre longuement
Puis que la chartre obscure de tristesse
Mere de dueil qui joie desherite
Thesauriser ne peut n'avoir richesse
Nul prisonnier qui en sa fosse assiste
Sans charge d'ame et de corps exercite
Et que tout bien terrien se decline
De cueur contrict la majesté divine
Requerons tous qu'après mort aspre et dure
Le beau tresor desploier et destendre
Nous vueille es cieulx qui tousjours sa
n
s fin dure
Ou chacun peut sans riens mettre tout pre
n
dre
La verrons nous sa face et sa haultesse
En son royaume ou beauté se delicte
La verrons nous la court et la noblesse
De sa mere qui ne peut estre dicte
Des apostres le palays et l'eslite
Et des martirs la sale et gloire fine
Des confesseurs la chappelle tresdigne
Et des vierges le temple et l'amour pure
La nostre cueur doit soupirer et tendre
Pour vivre au lieu de tous biens sans mesure
Ou chacun peut sans riens mettre tout prendre
Qui aujourd'uy regne au monde en jeunesse
Pense en son cueur que sa vie est petite
Et que ces deux maladie et viellesse
Pour le mener droit a la mort subite
Le suivent près et selon son merite
Aura après joie ou dueil sans termine
Pourtant congneu que tout ainsi se fine
Et sommes cy de perdre en adventure
Vivons en dieu si bien qu'après mort rendre
Nous nous puissons des cieulx a l'ouverture
Ou chacun peut sans riens mettre tout prendre
Prince mortel du monde et de nature
Faillent les biens et devenons tous cendre
Pourtant d'avoir paradis mettons cure
Ou chacun peut sans riens mettre tout prendre
Comment beauté humaine tourne plus a desplaisir
après mort qu'elle ne pleut en vie
Comment pour gloire terrienne on pert la gloire
eternelle pour estre danné
Conclusion qu'on doit si bien vivre sur terre
qu'on puisse acquerir vie eternelle es cieulx